Dans l'entretien qui suit, Abdoulaye Albadja Dicko, secrétaire général du Collectif des ressortissants du Nord (Coren) nous parle des raisons d'être du Coren, ses actions et surtout l'épineuse question de distribution des aides humanitaires aux populations déplacées et celles restées au nord. Interview ! Les Echos : Pouvez-vous nous parler du Coren et de ses objectifs ?
Abdoulaye Albadja Dicko : Le Coren n'a pas été créé avec les événements récents que notre pays vit. le Coren a été créé depuis les années 1956. Donc bien avant l'indépendance de notre pays. En 1999, il a été reformulé en prenant en compte les quatre régions du Nord (Mopti, Gao, Tombouctou et Kidal). Son objectif principal est de venir en aide à nos parents qui sont restés sur place. Aussi, il faut retenir qu'au cours des différentes rébellions, le Coren a tenté de jouer sa partition.
Les Echos : Mais c'est cette année que le Coren est beaucoup plus vu...
A. A. D : C'est vrai, mais c'est cette année aussi que tout le Nord a été envahi. Donc, c'est avec l'envahissement par des bandits armés que le Coren a rencontré le régime défunt le 17 janvier après l'attaque de Ménaka. Depuis cette date, nous avons élaboré une plateforme de sortie de crise. Dans cette plateforme, nous avons fait appel à tous les Maliens pour appuyer les efforts des ressortissants du Nord dans le cadre de la sécurité alimentaire pour aider nos parents à surmonter les difficultés occasionnées par cette rébellion. Car, nous sommes sûrs que dans cette situation, les cultivateurs ne pourront plus cultiver, les éleveurs ont fui, les commerçants n'ont plus rien et les populations sédentaires sont venues au sud. Alors, le Coren a lancé un cri de cœur pour plus de solidarité...
Les Echos : Et l'appel a été entendu ?
A. A. D. : Nous nous réjouissons de l'élan de solidarité des Maliens à l'endroit des populations du Nord. Sur ce plan, le Coren a bénéficié d'un appui très substantiel des ressortissants du Nord à Bamako et hors du Mali. Nous avons été compris par l'Etat qui nous a aidés. Mais nous devons saluer toutes les bonnes volontés du Mali, je veux parler du Sahel occidental et de tout le Sud du pays pour leur générosité.
Les Echos : Comment est organisé la distribution de ces aides ?
A. A. D. : Les appuis obtenus ont été envoyés sur le terrain à travers un corridor humanitaire en partenariat avec le Haut conseil islamique (deux envois). Pour les populations déplacées à Bamako, un appui leur a été fait à travers les coordinations régionales des ressortissants qui, à leur tour, les mettent à la disposition des associations qui procèdent au dispatching.
Donc, le Coren ne distribue pas, c'est juste une organisation faîtière qui reçoit des dons au nom des populations et qui fait tout pour que les aides arrivent aux bénéficiaires. L'Etat, à travers le département en charge de l'Action humanitaire, a mis à la disposition des communes du district des dons pour être distribués aux déplacés du Nord résident dans les différentes communes. Pour ce faire, des commissions de distribution ont été créées parmi lesquelles siègent des représentants du Coren...
Les Echos : Et sur le terrain, c'est-à-dire au Nord ?
A. A. D. : Sur le terrain, les dons une fois arrivés à travers le corridor, sont réceptionnés par des commissions de crise au niveau de chaque région et chef-lieu de cercle. Les commissions en partenariat avec les occupants procèdent à la distribution. Pour nous avec nos commissions de suivi, les dons arrivent aux populations. Mais à Bamako, il convient de noter que le Coren émet des réserves quant à la transparence dans la distribution au niveau de certaines communes. Toutefois les rapports des délégués du Coren seront dressés et remis à qui de droit. Dans tous les cas, jusqu'à preuve du contraire, pour nous les aides arrivent normalement et sont distribuées aux bénéficiaires.