Ibk passait pour un proche de Kati et Sanogo lui-même soutient qu’il s’est battu à fond pour le candidat depuis élu et investi. Soumeylou Boubeye Maiga a, il est vrai, goûté les cachots de la junte mais au fil de la transition, il se serait rapproché de Kati, au point d’être parmi les « Premier ministrables » de l’été 2012. On peut s’intriguer que ce soit sous le Président de la République et son ministre de la Défense que le Général Amadou Aya Sanogo, - Monsieur Amadou Aya Sanogo comme le dit le communiqué du Gouvernement- connaisse son pire moment depuis le putsch de mars 2012.
QUEL ARGUMENT A PU CONVAINCRE LE PRESIDENT KEITA de « lever le pied » comme le suggèrent ses propos rappelés à l’occasion de la remise du rapport du Vérificateur Général sur l’égalité de tous les Maliens devant la justice, et ce à la veille de l’incarcération de l’ex chef de junte ? Et pourquoi le ministre de la Défense a-t-il mis autant de zèle à satisfaire le juge Karembé, en lui présentant, manu militari, le témoin, et en défendant son action, allant jusqu’à dire qu’il n’hésiterait pas à le refaire, au besoin ? L’analyse des faits indique qu’il n’y a pas un facteur mais un ensemble de facteurs. Un faisceau, comme le veut le jargon en la matière. Le premier, c’est que jamais le juge Karembé n’avait démordu. On se souvient que lors de la transition, il s’était opposé à toute mesure d’amnistie des faits liés aux événements du 30 avril, arguant en cela que les plaintes émanaient des familles des bérets rouges disparus et que l’enquête qu’il menait sur le sujet était loin d’être infructueuse. Le juge avait donc sa foi, ses preuves et son explication sur ce qui s’était passé. A cela, il faut ajouter les événements du 30 septembre qui aurait, eux aussi, produit des « disparus ».
LA THESE DE L’INCIDENT OU DE L’ACCIDENT NE POUVAIENT PLUS PASSER. On était, le cas échéant, devant une tradition à l’entame d’un mandat que le président a promis normal à défaut d’être « irréprochable ». Ensuite, Sanogo pouvait quitter Kati sans séisme et Kati pouvait ne « plus faire peur à Bamako ». Enfin, hasard de calendrier ou opportunisme judicieux, toutes les organisations des droits de l’homme ont repris le tocsin. La Fidh était précise et vocale. Amnisty International, par son plus haut dirigeant, se trouvait à Bamako et elle a dénoncé, en des termes sans équivoque, la disparition des 21 bérets rouges. La réalité était autre par rapport à 2012. Les autorités politiques l’ont compris et ce qui devait arriver arriva. Les charniers ? Leur existence était évoquée. Finie donc la légende Sanogo ?
Probablement. Depuis l’intervention étrangère du 10 janvier dernier, les manœuvres de l’homme et de ses camarades étaient limitées. Il le savait et s’était trouvé une planque légale au sein de la Commission de réforme de l’armée. Mais le prévenu est présumé innocent. Et cela au nom de la justice et au nom de la démocratie. Là encore, hélas, la découverte du charnier de Diago, les langues des anciens compagnons qui se délient à la Gendarmerie, dont le Capitaine Konaré, chargent Sanogo plus qu’elles ne le disculpent. Toutefois, si la justice reste juste et impartiale, le tombeur d’Att sera-t-il seul à tomber ? La réponse est évidemment non.
Adam Thiam