PARIS - Au terme de deux jours de sommet à Paris, les dirigeants africains devaient s’engager samedi, sous pression de la France, à relancer leur projet de force panafricaine de réaction rapide, serpent de mer de l’intégration africaine. Au moment où la France s’engage militairement à nouveau en Centrafrique, moins d’un an après son opération au Mali, le président français François Hollande a mis l’accent devant ses pairs africains sur la nécessité pour l’Afrique d’assurer "par elle-même" sa sécurité.
"Je dis bien +par elle-même+", a-t-il insisté. Samedi, alors que la deuxième journée du sommet était réservée aux questions économiques et climatiques, les chefs d’Etat et de gouvernement ont de nouveau consacré une session à la sécurité, considérée par tous comme un préalable au développement du continent.
Face aux inquiétudes des dirigeants africains sur les moyens à mettre en oeuvre pour se doter d’une capacité de défense efficace, la France s’est engagée à mettre à disposition de l’Union africaine des "cadres militaires" et à former 20.000 soldats africains par an.
L’objectif est que "cette Capacité africaine de réaction immédiate aux crises (CARIC) soit effectivement opérationnelle en 2015" et dispose d’un "état-major immédiatement projetable" , a indiqué à la presse le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian.
Paris devrait parallèlement solliciter l’aide financière de l’Union européenne lors du prochain Conseil européen des 19 et 20 décembre qui doit notamment aborder les questions de défense.
"L’Europe, je le sais, sera au rendez-vous pour montrer, non seulement sa solidarité à l’égard du continent ami, mais également une responsabilité dans la mise en commun de moyens et de forces", a espéré M. Hollande.
Mini-sommet sur la Centrafrique
"Quand la France parle, quand elle agit, elle est souvent, certainement en Afrique, un précurseur pour l’action européenne", a déclaré le président de l’Union européenne Herman Van Rompuy, tout en reconnaissant que les Européens comptaient "de temps à autre trop sur elle".
L’UE a d’ores et déjà annoncé vendredi le déblocage de 50 millions d’euros supplémentaires pour appuyer la force africaine en Centrafrique (Misca), appelée à se renforcer.
Largement dominé par les questions de sécurité, le sommet, qui a rendu un hommage appuyé à Nelson Mandela, s’est également penché sur les questions économiques, déjà abordées lors d’une conférence réunissant mercredi près de 600 entreprises françaises et africaines.
La France, qui a perdu la moitié de ses parts de marché en Afrique en dix ans au bénéfice de la Chine et des pays émergents, ambitionne de doubler en cinq ans ses échanges commerciaux avec le continent, a rappelé le président Hollande.
Il a proposé la création d’une "fondation franco-africaine pour la croissance" qui permettrait de "mobiliser des intérêts privés et publics, français, africains et européens, vers l’innovation et les nouvelles technologies".
De leur côté, les dirigeants africains ont surtout mis en garde cette semaine Paris et les entreprises françaises, en rappelant, comme le président ivoirien Alassane Ouattara, que si "pendant 40 ou 50 ans, il n’y avait pas de risques (pour les entreprises françaises), maintenant, il y a une concurrence avec les entreprises des pays émergents".
Autre thème du sommet, le changement climatique dont les effets inquiètent les pays africains.
L’objectif de la France est d’obtenir un accord lors de la Conférence climat prévue à Paris en 2015, pour laquelle elle souhaite établir une "alliance entre les pays les plus vulnérables", en l’occurrence l’Afrique, "et les plus progressistes, c’est-à-dire l’Europe", a expliqué le ministre français du Développement Pascal Canfin.
Le sommet devait être suivi samedi soir d’une réunion informelle consacrée à la Centrafrique, alors que de nouveaux renforts militaires français sont arrivés dans la journée dans le pays.
Participeront à ce mini-sommet autour du président Hollande, le Premier ministre centrafricain de transition Nicolas Tiangaye, les chefs d’Etat des pays voisins ainsi que le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, et les dirigeants de l’Union africaine et de l’Union européenne.