Il y a quelques jours, l’actuel locataire de Koulouba, Ibrahim Boubacar Keïta, en visite a Paris dans le cadre du sommet France-Afrique, en présence de près de quarante chefs d’Etat et de gouvernement, est resté droit dans ses bottes en dénonçant la politique de l’autruche de la communauté internationale particulièrement, celle de la France.
Le président malien s’est montré à la fois habile et piquant par rapport à la crise qui secoue la partie septentrionale de son pays. Il s’est exprimé par rapport au sujet dans les colonnes du quotidien Le Monde puis sur les antennes de France 24. IBK s’en prend ouvertement à la communauté internationale, qui, selon lui, l’oblige à négocier avec un groupe armé, en l’occurrence le Mnla. Un boulet que le Mali doit trainer. Avant de souligner avec force, au micro de nos confrères de France 24, que le Mali n’est pas un pays sous tutelle.
Dans un langage bien diplomatique, le président malien a condamné le rôle de la France dans la gestion du nord. Cette France qui, dit t-il, n’a pas su jauger dès le départ la question de Kidal. Dans la foulée, Ibrahim Boubacar Keïta prévient les partenaires internationaux en rappelant que le pouvoir malien ne supportera pas longtemps le statut particulier accordé à Kidal, où l’armée malienne est reléguée au second plan. «On traite notre armée comme si on était des sauvages», s’indigne le chef de l’Etat. Et de poursuivre, d’un ton ferme : «nous n’accepterons pas qu’on traite le Mali comme un pays sujet».
Un message clair à l’endroit de la France pour lui signifier que désormais les accords doivent être signés aux mieux des intérêts des nations.
Le Quai d’Orsay à travers le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, a réagi estimant qu’il appartient «au président malien d’agir» pour négocier avec les rebelles, précisant que la France n’avait pas à s’en mêler. Sauf que les propos du patron du Quai d’Orsay n’on pas été corroborés pas ceux du président Hollande, lui qui, au cours d’une interview sur les antennes de TV5, le samedi dernier, s’est refusé à ménager les groupes armés. En effet, Français Hollande a suivi le Ibrahim Boubacar Keïta dans sa démarche, même s’il est par ailleurs d’accord que le Mnla a été un auxiliaire dans la reconquête. «Aujourd’hui, le président malien a raison.
La souveraineté du territoire suppose que tous les groupes, même ceux qui ont participé à des combats contre les terroristes, déposent les armes et reviennent dans le processus politique qui doit faire valoir ses droits», a martelé le locataire de l’Elysée. A la question de savoir si la France ménageait les touaregs, François Hollande a laissé croire que son pays reste attachée aux vertus du dialogue qui, dit-il, doit se faire sans les armes.
«Les seules autorités légitimes à utiliser la force, ce sont les Maliens, c’est-à-dire, le président malien», a conclu M. Hollande. A présent, des observateurs se demandent si la donne va changer après cette sortie du président français qui s’apparente à une confession. Cette interrogation est d’autant opportune qu’ils sont les Maliens qui font sienne en ce moment les propos de cet autre président de la République française, en l’occurrence Charles De Gaule, selon lesquels les pays n’ont pas d’amis, mais des intérêts. En tout cas, il faut dire que la France sauveur fait de plus en plus place à celle complice d’un groupuscule armé.