C’est par la Région de Ségou que s’est achevée une campagne médiatique qui a permis de vérifier les progrès réalisés dans la lutte contre la mortalité maternelle, néonatale et infantile
La troisième édition de la caravane médiatique de la campagne « Tous et chacun » a pris fin vendredi à Barouéli (Région de Ségou). Rappelons que cette édition avait pour thème « les pratiques familiales essentielles, des gestes qui sauvent des vies ». La caravane a sillonné pendant 10 jours les districts sanitaires de Sélingué, Yanfolila, Kadiolo et Kignan dans la Région de Sikasso ; et ceux de Tominian, San, Bla et Barouéli dans la Région de Ségou.
Il s’agissait, pour les caravaniers d’informer et de sensibiliser les populations sur des gestes simples qui sauvent la vie des mères, des nouveau-nés et des enfants. Parmi ces gestes, on peut citer, le recours rapide aux soins de santé, les consultations prénatales et postnatales, la vaccination des enfants, l’allaitement maternel exclusif des enfants, la bonne nutrition des enfants et des femmes enceintes ou allaitantes, la planification familiale, le lavage des mains au savon et l’utilisation des moustiquaires imprégnées.
Plusieurs activités d’information, de sensibilisation et de mobilisation populaire ont été conduites pour susciter et renforcer la connaissance et l’intérêt des populations sur le rôle des agents de santé communautaire (ASC), la prise en charge des nouveau-nés à travers la pratique des soins dits « mères kangourou », la nutrition, la promotion de la planification familiale, l’implication des leaders communautaires dans les soins essentiels dans la communauté (SEC).
Pour atteindre véritablement les personnes ciblées, des causeries éducatives, des émissions radiophoniques, des rencontres thématiques ainsi que des animations populaires ont été organisées à chaque étape des caravaniers. Environ 18 000 personnes ont été touchées au cours de cette opération médiatique.
Dans la Région de Ségou, dernière étape de la caravane, plusieurs stratégies, surtout locales, ont été développées et mises en œuvre pour le bien-être de la mère, de l’enfant et du nouveau-né. Cependant des difficultés comme le manque de personnel et d’équipements sont invoquées un peu partout.
Au Cscom de Togo, un village distant de 70 km de Tominian, les caravaniers ont été impressionnés par un programme de nutrition initié par l’ONG World Vision. Auparavant, expliquent les responsables du centre de santé, dans ce village, 3 enfants sur 5 souffraient de malnutrition et environ 60% des décès des enfants de moins de 5 ans étaient liés au phénomène.
Le projet de World Vision a permis d’atténuer fortement les effets de la malnutrition à Togo. Ainsi le taux de mortalité dû à la malnutrition surtout aigüe a chuté dans le village. De son démarrage en novembre 2012 à septembre 2013, 241 enfants souffrant de malnutrition aigüe ont été pris en charge et traités. Le projet s’occupe aussi des femmes enceintes ou allaitantes évitant ainsi la naissance d’enfants de petit poids.
Le centre de santé de Togo a été créé par la mission catholique, avant même l’accession de notre pays à l’indépendance. Mais jusqu’à ce jour, il ne dispose pas de médecin. La structure sanitaire est animée par les techniciens supérieurs de la santé et fonctionne avec des équipements totalement dépassés. Elle a donc un grand besoin de modernisation avec des médecins et des équipements fonctionnels.
A Bla, ce sont les bienfaits de la méthode « kangourou » qui sont vulgarisés dans le public. La méthode est utilisée dans la prise en charge des enfants prématurés ainsi que des bébés qui naissent avec de petits poids. Mais elle semble peu connue des femmes. Une formation et une sensibilisation sont sans doute nécessaires pour l’appropriation de la nouvelle méthode qui peut aider à sauver des milliers de vies.
Par ailleurs, pour lutter contre les maladies diarrhéiques des enfants liées à la consommation d’eau impropre, l’ONG Water-Aid en partenariat avec Alphalog, une autre ONG, a réalisé des ouvrages d’eau et d’assainissement. L’impact de ces réalisations est visible à Sangangoué un village de la commune rurale de Touna dans le cercle de Bla.
INITIATIVE COMMUNAUTAIRE. A Barouéli, ultime étape du voyage, les caravaniers ont visité la banque de sang dont dispose le centre de santé de référence de la localité depuis un an (janvier 2013). L’initiative est purement communautaire. Elle vise pallier le manque de sang dans le cercle. En effet, ici, les patients qui ont besoin d’être transfusés sont systématiquement transférés à Ségou ou à Bamako. Que faire alors en cas d’urgence ? D’où cette initiative communautaire de créer une banque de sang. Elle a été soutenue par Plan-Mali. L’ONG a ainsi mis à la disposition du Csref, un frigo solaire ainsi que les intrants nécessaires pour la collecte et la conservation du sang.
Selon le Dr Balla Diarra, médecin chef du centre de santé, la banque de sang qui a une capacité de conservation de 250 poches, est alimentée par des associations de donneurs volontaires. Le sang collecté suit toutes les chaînes de contrôle requises, assure Diarra. Le sang disponible est gratuit pour les enfants de 0 à 5 ans, les femmes enceintes et césarisées.
Tous les autres patients doivent payer 5 000 Fcfa pour se procurer du sang. L’impact de cette initiative locale est salutaire. Ainsi de janvier 2013 à novembre 2013, 582 poches de sang ont été collectées au profit de 284 enfants, 96 femmes enceintes et césarisées.
Vu l’impact positif de cette banque de sang ainsi que l’accès facile à ce produit vital, il y a nécessité d’accroître les capacités de conservation du sang et surtout d’étendre l’initiative aux autres districts sanitaires.
A l’issue de cette 3ème édition de la caravane médiatique de la campagne « Tous et Chacun », plusieurs recommandations ont été formulées. Ainsi les décideurs devraient mettre à la disposition des CSRéf du matériel de collecte et de conservation de sang, appuyer les actions visant à renforcer les capacités des centres de santé pour une meilleure application des techniques de soins « mères kangourou ».
Les collectivités sont invitées à mettre en place un cadre de concertation avec la FELASCOM, le Comité de coordination SEC, les thérapeutes et les leaders religieux en faveur de la santé maternelle, néonatale et infantile. Il est préconisé d’appuyer les clubs « Tous et chacun » dans la mise en œuvre des actions en faveur de la lutte contre la mortalité maternelle, néonatale et infantile en sollicitant l’accompagnement de partenaires locaux.
D’autres recommandations portent sur la création d’associations de donneurs bénévoles de sang, l’inscription dans le budget communal de la prise en charge des salaires des agents de santé communautaire et la dynamisation du contrat de performance sur les pratiques familiales essentielles par les relais.
Les thérapeutes sont exhortés à collaborer davantage avec les CSCOM pour la référence/évacuation ainsi que la sensibilisation des patients sur les pratiques familiales essentielles. Les leaders religieux sont, eux, invités à inscrire ces pratiques dans leurs prêches quotidiennes.