Les responsables de la Convergence malienne contre les accaparements des terres (CMAT) et l’Ong « Fian international » ont organisé jeudi au siège de la Coordination nationale des organisations paysannes (CNOP) à Kalaban-Coura, une conférence de presse pour faire le compte rendu de leur mission conjointe de terrain sur les accaparements de terres dans la région de Ségou, dénoncer le phénomène, faire des propositions afin d’amener les autorités à s’intéresser davantage à la question. Le point de presse était animé par Ibrahima Coulibaly, Massa Koné et Valentin Hategekimana, tous trois membres de la CMAT.
Par définition, l’accaparement des terres est l’acquisition d’un espace, d’une terre contre la volonté de la population. Dans notre pays, 2000 à 8000 terres sont accaparés dans les localités de Sanamandougou, Saou, Sansanding et San (région de Ségou), dans la région de Kayes, les cercles de Kati, Yanfolila et dans les zones minières par des personnes nanties et soutenues par des autorités compétentes, ont soutenu les conférenciers. Ibrahima Coulibaly a jugé que la terre est le premier facteur d’amélioration et d’atteinte de l’autosuffisance alimentaire, car toutes les activités et exploitations agricoles commencent par la terre tant convoitée. Si on ne fait pas attention à la spéculation foncière, notre pays risque de perdre sa souveraineté sur ses terres, assure-t-il. La mauvaise gouvernance politique est à la base de la spéculation et de l’accaparement des terres dans notre pays, a soutenu Ibrahima Coulibaly.
Massa Koné, lui, déplore « l’expropriation illégale et illégitime » des paisibles populations sur la propriété de leurs terres au profit d’hommes riches. Son organisation, assure-t-il, a alerté à maintes reprises les plus hautes autorités sur le phénomène sans être écoutée. « Sans terre, il n’y a pas de vie. L’Etat doit protéger sa population contre les accaparements des terres en cessant la promotion de l’agro-business au profit de l’agriculture familiale. Pour cela, il faut une justice sociale pour punir les auteurs de ces actes et mettre les victimes des spéculations foncières dans leurs droits », préconise Valentin Hategekimana.
Créée en janvier 2012, la Convergence malienne contre les accaparements des terres est un regroupement d’organisations paysannes de mouvements sociaux qui entend lutter contre toute forme d’accaparement des terres y compris les ressources naturelles. Elle aide les victimes d’expropriation, de déguerpissement, d’accaparement de terres, à se mobiliser, avoir accès à la connaissance de leurs droits, les encourage à s’en approprier, à les faire respecter, à les revendiquer. La convergence milite également pour une réparation tant matérielle qu’immatérielle par la restitution, le recasement et la préservation des droits individuels et coutumiers équitables.