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Législatives dans la cite des 333 Saints : Pasj contre RPM
Publié le mardi 10 decembre 2013  |  Le Prétoire




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Comme dans toutes les autres circonscriptions électorales, la journée du 15 décembre sera décisive pour les populations du cercle de Tombouctou, qui auront à choisir entre deux candidats inattendus, le favori étant tombé dès le premier tour.
Le verdict vient de tomber : le deuxième tour des législatives opposera l’Adema-Pasj au RPM. Le grand favori, El Hadj Baba Haïdara dit Sandy est définitivement out, en raison de ses accointances avec l’ancien président de la République, Amadou Toumani Touré, et des liens présumés de son épouse, Aïchata Cissé dite Chato, élue dès le premier tour à Bourem sur la même liste qu’un responsable du terroriste MAA (mouvement arabe de l’Azawad), avec certains cercles mafieux.

Le 15 décembre prochain donc, les populations de la ville mystérieuse auront à choisir entre Aziza Mint Mohamed, candidate de l’Adema, et Mahamane Alidji Touré représentant le RPM, pour occuper l’unique siège du cercle de Tombouctou. Les deux ont des atouts mais aussi des faiblesses.

A Aziza Mint Mohamed, adjointe du maire de Tombouctou, on reproche d’avoir fui la ville au moment de l’occupation par les terroristes rebelles et les islamo-narcotrafiquants du Mnla, du Mujao, d’Ansar Eddine et d’Aqmi. En effet, à cette époque, la candidate de l’Adema a préféré rejoindre le cabinet de sa sœur, Diallo Deidia Mahamane Kattra, qui venait d’être nommée ministre de l’emploi et de la formation professionnelle. A Bamako, selon ses détracteurs, elle aurait déclaré que plus des deux tiers de la population de la sixième région étaient soit en exil, à l’étranger, soit en déplacement dans d’autres régions du pays.

Toutefois, même loin de Tombouctou, elle aurait gardé des liens étroits, en raison de ses origines arabes, avec certains milieux réputés proches des occupants, notamment ceux qui formeront plus tard le Mouvement arabe de l’Azawad dont on connait les revendications. Notamment la sécession ou l’autonomie des régions du nord. D’ailleurs, longtemps connue sous le patronyme de Kattra, comme sa sœur ex-ministre, Aziza s’appelle désormais Mint Mohamed, ce qui sonne plus arabe.

Détournement présumé de fonds
Mais ce qu’on reproche surtout à la dame, c’est que, après avoir déclaré qu’il n’y avait presque plus personne dans sa région, elle aurait quémandé et obtenu des dons (en nature et en espèces) au nom des populations. Est-ce parce qu’elle n’est jamais revenue à Tombouctou pour s’expliquer sur la gestion de ces importants dons que certains l’accusent d’en faire usage pour financer sa campagne électorale ? En tout cas, au cours de cette campagne pour le premier tour des législatives, la candidate de l’Adema a mis le paquet, plus que n’importe quel autre candidat.

Ce n’est pas son seul atout. En effet, en plus des moyens financiers, Aziza Mint Mohamed dispose de la formidable machine électorale dans laquelle son parti s’est spécialisé. Une machine qui marche grâce à la fraude massive et à la corruption à grande échelle. Lors du premier tour, cette machine aurait bien fonctionné, selon ses adversaires, dans certains villages des communes rurales de Ber, Lafia, Alafia, Bourem Inaly mais aussi dans le quartier de Bella Farandi, à Tombouctou-ville. Grâce à la complicité active de certains conseillers communaux, les fameuses cartes NINA n’auraient pas empêché la fraude. Surtout celles des déplacés et exilés dont certains se seraient indûment servis.

Quant à son adversaire, Mahamane Alidji Touré dit Malin, il peut faire prévaloir le rôle qu’il a eu à jouer lors de l’occupation. Selon ses amis politiques, non seulement il est resté à Tombouctou pendant toute cette occupation, mais c’est lui qui a servi, au sein du Comité de crise, d’interface entre les populations et les occupants. Grâce à ses nombreuses interventions et médiations, il aurait obtenu à plusieurs reprises des faveurs pour les populations, servant souvent de rempart contre les exactions.

Le RPM en disgrâce, un handicap
En revanche, même si le RPM et plusieurs autres partis politiques et candidats, dont Sandy de l’Um-Rda, sont désireux de fournir à Ibrahim Boubacar Kéita une confortable majorité parlementaire, le parti présidentiel est tombé en disgrâce dans les régions du nord. A IBK, il est reproché sa gestion de la crise du nord depuis l’intervention de la force française Serval. En particulier, on reproche au chef suprême de la magistrature, IBK, la levée des mandats d’arrêt internationaux contre certains présumés rebelles terroristes et la libération d’autres présumés rebelles terroristes précédemment détenus par Bamako.

Mais aussi, on ne comprend pas, à Tombouctou, la présence de ces présumés rebelles terroristes sur des listes RPM de la huitième région. On ne comprend pas non plus que le chef suprême des armées, IBK, permette l’occupation de Kidal par des groupes armés belliqueux (Mnla, Hcua et MAA) et la liberté de mouvement dont ils bénéficient dans la région de Tombouctou, notamment dans les zones de Ber et de Léré.

C’est donc entre ces deux candidats, dont le premier est accusé d’indélicatesses pendant que le parti du second souffre de disgrâce, que les populations du cercle auront à choisir le 15 décembre.

Cheick TANDINA

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