Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



Dernières dépêches



Comment

Politique

Ouaga II : Pourquoi Dioncounda Traoré n’a pas fait le déplacement
Publié le jeudi 12 juillet 2012   |  Le Matin


Dioncounda
© Autre presse
Dioncounda Traoré
Président intérimaire du Mali


Vos outils
height=28

PARTAGEZ


Videos


- Autre Presse - 11/7/2012

Plusieurs facteurs ont très certainement conjugué leurs efforts pour dissuader le président de la transition de faire le voyage et de rester plutôt dans sa doucette et doucereuse suite présidentielle de Paris.

Dioncounda avait déjà réservé une place dans l’avion qui devait l’emmener dans la capitale Burkinabè pour assister à cette seconde rencontre exceptionnelle qui devait lier son sort une seconde fois. A Abidjan le 25 avril, il était le seul Malien présent au sommet exceptionnel qui devait le consacrer président de la transition, et ce à la surprise générale des Maliens. A Ouaga, le samedi dernier, on voulait lui donner un gouvernement à sa convenance. Il était bien informé sur les intentions de la CEDEAO bien avant ce mini sommet et il n’était bien sûr pas question, pour lui, de s’y absenter. A une demi-heure avant le décollage de son avion, le protocole était au grand complet à l’aéroport Roissy Charles De Gaulle au sud de Paris. C’est à la toute dernière minute que sa décision a été prise. Pourquoi ?
D’abord le souvenir du passé. Avant d’aller au sommet d’Abidjan, il était passé voir le capitaine pour lui tenir certains propos. A sa sortie de chez Boli (c’est comme ça qu’on appelle le capitaine par ses familiers) le soldat lui a fait un bon « V » vraiment respectueux et avec la joie dans les yeux. Manifestement l’homme politique avait tenu des propos rassurants à son hôte. Mais à l’aéroport, il avait tenu d’autres propos. Au sommet, il a fait autre chose et tenu d’autres propos (voir le compte rendu de ‘‘Info Matin’’ de l’époque qui en a fait le meilleur récit). Tous ces propos et l’acte posé allaient dans des directions différentes. La réaction sans nuances du capitane (« le président par intérim fera 4 jours et pas un de plus) vient très certainement de là. Ce sommet extraordinaire d’Abidjan a braqué les Maliens par rapport au président de l’Adema et préparé le terrain à son tabassage (nous sommes dans l’analyse et la tentative d’explication). Alors, un autre sommet qui allait renforcer sa position, consacrer le pouvoir de son camps et donner le sentiment de redonner la suprématie à ceux qui ont gâté le pays, et ce encore une fois de façon unilatérale (et hors du Mali une fois de plus), avouez que cela peut inquiéter. Dioncouda a pu penser que cette fois encore, il risquait d’être frappé ; mais cette fois ci pas par les ‘’maa kirikaraou’’ après le sommet, mais pendant même et par des Oumar Mariko qui n’allaient pas se tromper sur son état après.
Depuis son tabassage, Dioncouda a vraiment peur. Il ne fait plus confiance aux Maliens (on en reparlera ultérieurement). La preuve en est que beaucoup de ‘‘tôgôgnininaw’’ ont fait le déplacement à Montparnasse croyant qu’ils allaient être reçus à bras ouverts. Certains devaient même penser que le Traorékè allaient se précipiter dans leurs bras poser la tête sur leur épaule et chialer un coup. A leur grande surprise ; ils ont trouvé porte close. La peur, vraiment maladive au stade de hantise, habite notre président de transition. Cette phobie (peur de l’autre considéré comme source de danger mortel) est d’autant plus grande chez lui qu’autant plus qu’il a su, vraiment su, que dans la famille politique, ceux qui n’allaient pas mouiller le maillot pour lui si les élections avaient eu lieu, tentent de le prendre depuis en otage. C’est bel et bien Me Tapo qui a révélé le fait qu’après son tabassage, « nous avons saisi son cabinet pour lui dire qu’il n’était pas question qu’il démissionne ».
Otage de son parti et de la CEDEAO
Dioncounda n’est plus libre et hors du Mali, il est otage. Les puissances occidentales (dans leur désir obsessionnel de façonner le monde à leur guise) se sont saisies du coup d’Etat malien pour mettre fin à jamais aux putschs en Afrique. Il tenait, et il tient toujours, à en faire un fruit tellement amer que plus aucun candidat à un putsch ne voudra plus jamais goûter. Quoi de plus agréable aux oreilles des despotes déjà en place ? Voilà pourquoi la Cedeao court à fond pour tuer le coup au Mali et réduire à néant tous ceux qu’ils croient embusqués à travers leur chemin. Eux aussi n’accepteront jamais que Dioncounda se soustrait à leurs entreprises. Il pouvait s’absenter à Ouaga II sans aucun problème. L’essentiel pour eux était qu’il jure de rester le jockey sur lequel ils ont misé. Et ce d’autant plus qu’un alibi est vite trouvé : l’avis brandi des médecins qui auraient dit non (à la toute dernière minute vraiment ? Ils sont donc aussi légers et incompétents les toubibs de la bas ?).
Dioncounda ne fait donc pas confiance au Mali et c’est pour cela qu’il ne reviendra pas avant le débarquement sur le sol malien, des 3000 hommes (devenus entre temps 2300) soldats qui doivent veiller sur sa sécurité. L’on se souvient que le 26 avril déjà le sommet exceptionnel d’Abidjan avait pris une décision dans ce sens « avec effet immédiat ».
Un denier point se trouve dans une certaine incohérence, que les Maliens pourraient ne pas comprendre, au cas où Dioncounda était à Ouaga (tout près de nous), avait assisté au mini sommet et était reparti à Paris sans problème. En effet, quelqu’un qui est capable de supporter ce va-et-vient n’est-il pas aussi capable de retourner au Mali et séjourner chez lui pour signer les documents ? Physiquement, qu’on se le dise une fois pour toute, Dionconuda se porte bien dans la mesure de ses 70 ans (certaines sources avancent le chiffre de 76 ans : au Mali, c’est fréquent de réduire son âge allègrement et sans difficulté aucune, pour une raison pour une autre). Déjà ici à Bamako le 21 mai même, le scanner de l’hôpital avait été clair : pas de dégât et pas d’organe vital atteint. Cinq jours plus tard, le 26 les hôpitaux parisiens avaient confirmé le diagnostic de leurs collègues maliens. Donc seul le traumatisme de la peur et le non arrivé au Mali des soldats étrangers qui doivent veiller sur lui et sa transition le retiennent à Paris.

Amadou Tall

LIENS PROMOTIONNELS