Dans le cadre de la coopération entre Angers et Bamako dans le domaine de la chirurgie cardiaque, une équipe du Centre hospitalo-universitaire (CHU) d’Angers effectue chaque année, dans notre pays, une mission de développement de cette spécialité, notamment de la chirurgie à cœur ouvert.
L’équipe conduite par le Pr Jean Louis De Brux, chef du service de chirurgie cardiaque du CHU d’Angers, était de nouveau dans nos murs la semaine dernière. Elle a réalisé avec nos praticiens de l’hôpital du Point G, notamment l’équipe de chirurgie B, des interventions chirurgicales à cœur fermé (des opérations chirurgicales dans lesquelles on ouvre pas le cœur lui même mais les zones périphériques et même l’enveloppe de cet organe vital) sur 4 enfants. Ces jeunes malades, âgés de 2 à 6 ans, souffraient de cardiopathies complexes. L’un d’entre eux aurait même été récusé en France car les spécialistes qui l’avaient examiné avaient jugé que son cas échappait à toute possibilité d’intervention chirurgicale.
Ces 4 enfants ont été opérés avec réussite et sont actuellement hospitalisés à l’hôpital du Point G pour recevoir des traitements postopératoires de l’équipe de la chirurgie B. Cette prouesse pourrait accélérer le développement de la chirurgie cardiaque à cœur ouvert à l’hôpital du Point G.
La volonté politique affichée par les premiers responsables du département de la Santé et de l’Hygiène publique, la détermination de la direction de l’établissement hospitalier et le transfert de compétences réalisé par l’équipe du Pr Jean Louis De Brux, permettront d’aller rapidement au développement de la chirurgie cardiaque à cœur ouvert au Point G.
Pour le Dr Brehima Coulibaly, chirurgien cardiaque formé à Angers par le Pr Jean Louis De Brux, il urge de mettre en place le plateau technique pour accomplir des interventions à cœur ouvert. Déjà la liste d’attente compte plus de 2000 enfants. Le praticien du Point G a rappelé que les professeurs Abdel Karim Koumaré et Koureichi Touré avaient déjà développé des initiatives en chirurgie cardiaque. Mais l’idée d’une coopération dans le domaine avec nos partenaires d’Angers, a véritablement pris corps il y a quelques années avec une requête du Pr Sadio Yena au Pr Jean Louis De Brux de développer la discipline dans notre pays.
Après une mission de prospection, la coopération française s’est engagée à former des compétences dans le domaine. Deux chirurgiens maliens, dont notre interlocuteur, ont été envoyés à Angers en novembre 2008 pour une spécialisation.
Depuis 2009, l’équipe du Pr Jean Louis De Brux effectue, chaque année, deux missions dans notre pays au cours desquelles, elle assure une prise en charge chirurgicale de certains enfants atteints de cardiopathies complexes, en attendant que les moyens soient réunis pour une chirurgie à cœur ouvert.
Le Dr Brehima Coulibaly explique que les premières interventions en 2009, 2010 voire 2011, ont été faites gratuitement. Les malades qui ont été opérés cette année ont payé 70 000 Fcfa. L’évacuation d’un des enfants malades du cœur devrait coûter 5 millions de Fcfa, sans le billet d’avion.
Les chirurgiens angevins ont été reçus par le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique. Ousmane Koné a assuré de sa détermination à accompagner ce projet de développement de la chirurgie cardiaque dans notre pays.
Pour le directeur général de l’hôpital du Point G, il faut continuer à assurer le plaidoyer pour obtenir l’accompagnement des autorités. La première grande étape, assure-t-il, a été accomplie. Il s’agit de la formation des ressources humaines, notamment les chirurgiens et les anesthésistes. Mais pour aller à la chirurgie à cœur ouvert, il y a une exigence de mise à niveau des équipements et du matériel technique, voire des sources d’énergie parce que toute variation d’électricité pendant l’opération ou post intervention peut avoir des conséquences graves. Ce travail de mise à niveau va coûter, selon les estimations, un peu moins de 400 millions de Fcfa. Une somme modeste au regard des avantages que présente le développement de la chirurgie cardiaque pour sauver des enfants malades du cœur.
