L’information circule sous les manteaux : le capitaine de Kati, pressé de tous les côtés par la communauté internationale qui le pousse à abandonner la scène politique, à la suite du coup d’Etat qu’il a perpétré contre les institutions, n’a pas mieux fait que de planquer sa famille en Côte d’Ivoire. Que mijote-t-il alors après ce geste ?
A Kati, l’information révèle du secret : l’épouse du capitaine Haya et ses trois filles ont quitté le pays pour se rendre en CI. C’est là qu’ils ont été planqués, loin de la clameur du camp de Kati, où toutes les rumeurs circulent à propos du chef de la junte qui est aujourd’hui sous la pression de la communauté internationale, via la Cedeao sur le point de passer à la vitesse supérieure pour sécuriser les organes de la transition.
Retranché, depuis le coup d’Etat militaire du 22 mars dernier, dans sa forteresse, au milieu des hommes, le capitaine de Kati sait désormais que le temps est compté pour lui; d’autant que la décision de la Cedeao le concernant est implacable : non seulement il lui est retiré son statut d’ancien chef de l’Etat, mais aussi la Cedeao ne reconnaît plus le CNRDRE.
Une décision lourde de conséquences pour le capitaine de Kati qui, malgré les deux accords qu’il a signés en bonne et due forme avec le médiateur de la Cedeao, pour le retour à la normalité constitutionnelle, continue de se maintenir comme l’homme fort du pays. C’est pour cela qu’il a pris l’initiative d’effectuer des visites dans des camps militaires, où on le vit, avec ses hommes, tenir des discours et des contacts avec les troupes, comme s’il était le véritable commandeur en chef de l’armée.
La Cedeao, voulant mettre fin à ces manœuvres, a voulu frapper fort en mettant le capitaine face à lui-même. On ne peut pas s’engager, avec des documents écrits, et continuer à faire comme si de rien n’était. Le capitaine de Kati l’a appris à ses dépens : le voilà dépouillé de son statut d’ancien chef d’Etat. Si la communauté internationale ne reconnaît plus le CNRDRE, c’est que la junte n’est plus un allié pour la Cedeao. Pour cela, le capitaine est désormais hors-jeu.
Cette même communauté est dans la logique de produire une liste de personnages à sanctionner, ceux qui sont répertoriés, pour avoir par leurs actes malsains, perturbé le fonctionnement des organes de la transition. Pour l’instant, nul ne sait quelles sont les personnes déjà sanctionnées. Mais comme le processus de l’établissement de la fameuse liste se poursuit, voilà que la pression monte sur le capitaine et ses hommes, qui savent bien que la sanction de la communauté internationale est sans appel.
Que craint-il en envoyant sa famille loin du Mali ?
Le capitaine de Kati n’est pas à un premier essai qui fâche. Il y a eu grand bruit dans son entourage quand il a accepté de signer avec le médiateur de la Cedeao le statut d’ancien chef d’Etat, avec comme contrepartie la prorogation du mandat du président intérimaire à une année, la durée de la transition. Ce à quoi il s’était catégoriquement refusé jusque-là.
Ce fléchissement du capitaine Haya, au cœur d’une vive polémique, avait été mal prise par son entourage qui n’avait rien compris de ce geste que beaucoup de soldats avaient assimilé à une acte de haute trahison. D’ailleurs, l’un des hommes politiques, qui avait soutenu le coup d’Etat du 22 mars, en le qualifiant d’acte salvateur, avait violemment condamné ce statut, le trouvant inopportun et portant un coup fatal à l’action salvatrice des soldats.
La décision du capitaine d’envoyer sa famille en Côte d’Ivoire est également au cœur d’une controverse qui a fait grand vague dans le camp de Kati. Comme quoi, entre les mutins, tout n’est pas forcément au beau fixe.