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Soumaïla Cissé à propos des résultats définitifs des législatives : «C’est dommage qu’un 3ème ou 4ème tour soit du fait de la Cour constitutionnelle»
Publié le mercredi 11 decembre 2013  |  Le Reporter


© aBamako.com par I.D et M.S
Le 2nd tour de la présidentielle malienne : Vote de Soumaila Cissé et de Modibo Sidibé
Bamako, dimanche 11 aout 2013 Soumaila cissé candidat de l`urd et Modibo Sidibé des Fare ont voté respectivement dans les centres de Badalabougou, et de Faladié pour le 2nd tour de la présidentielle malienne.


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Le challenger du président IBK vient d’être élu député dans la circonscription électorale de Niafunké, avec 62,22%. Il était sur la liste Urd avec comme colistier Dédéou Traoré. Cette victoire a été bien accueillie par les militants du parti de la poignée de main, mais les responsables de l’Urd n’ont pas bien apprécié la décision de la Cour constitutionnelle concernant la circonscription électorale de Djenné. Cette proclamation vient à un moment où l’Urd est en deuil, car le parti vient de perdre son 5ème vice-président en la personne de Cheickna Hamala Bathily. Pour Soumaïla Cissé, c’est un homme engagé et courageux de l’Urd qui vient de les quitter. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, il rend également hommage à Nelson Mandela.

La Cour constitutionnelle vient de proclamer les résultats définitifs du premier tour des législatives. Vous avez gagné dès le premier tour à Niafunké, quelles sont vos impressions ?
Soumaïla Cissé : Je suis partagé. Du point de vue personnel, effectivement, nous avons fait un bon parcours. Je remercie tous les électeurs de la circonscription de Niafunké qui nous ont fait confiance. Je tiens aussi à féliciter tous les camarades qui ont été élus à Baréouli et à Dioïla. Par contre, j’avoue que je reste perplexe, à cause de la décision de la Cour pour ce qui concerne la circonscription de Djenné. Nous avions gagné avec 51,26% et aujourd’hui on nous ramène à 49%. Paradoxalement, sur les 84 requêtes, c’est la seule qui a permis d’inverser les résultats et en faveur du Rpm. Je sais que ça ne s’est pas passé comme ça devrait se faire. Je pense que ceci est vraiment condamnable, j’espère que la Cour a d’autres explications que celles que nous apprenons.


Dans ce cas, comment allez- vous aborder le second tour ?
Nous allons au second tour dans beaucoup de circonscriptions. J’appelle tous nos militants et nos sympathisants à se mobiliser pour que l’Urd ait le maximum de députés dans cette deuxième élection. Nous avions dit que les conditions étaient difficiles, elles étaient difficiles. Ceci dit, nous sommes partis loyalement aux élections ; les électeurs se sont prononcés. C’est dommage qu’un 3ème ou 4ème tour soit du fait de la Cour constitutionnelle. Ceci est vraiment pénible pour nous.


L’Urd a 4 députés dès le premier tour, pour le second tour, vous espérez obtenir combien ?
C’est difficile de répondre. Nous avions 6 députés, maintenant on est à 4. Cela veut dire qu’il y a d’autres qui votent qui ne sont pas des électeurs. Nous attendrons après le 15 décembre 2013 la décision finale de la Cour constitutionnelle, parce que, en fin de compte, c’est elle qui décide du nombre d’élus. Donc nous allons attendre. Nous allons faire notre travail, c’est ce que nous avons fait au premier tour. Nous avions 6 élus sans discussion. Quand je sais qu’à Djenné, moi-même, j’ai gagné au premier tour et au 2ème tour de l’élection présidentielle, ce n’est absolument pas un scandale d’avoir gagné au premier tour à Djenné. Mais ceci dit, je ne peux pas répondre à votre question. Cela dépendra de la Cour constitutionnelle encore une fois.

Les alliances lors de ces législatives ont surpris les Maliens et on voit que bien avant la fin, l’Adéma décide de ne pas aller à l’opposition. Est-ce qu’ils ne vous abandonnent pas ?
Bon, l’Adéma décide ce qu’il veut ! C’est un parti qui nous a des fois soutenus, des fois, il ne nous a pas soutenus. Moi, je n’ai pas de jugement de valeur. L’Adéma a pris sa décision, je ne juge pas, je le constate comme vous.

Vous comptez sur quels autres partis pour jouer le rôle de l’opposition dans l’Assemblée nationale ?
Attendons la fin des élections. Nous formerons des groupes parlementaires, nous verrons ceux qui partagent nos points de vue, nos programmes, notre vision. Avec eux, nous allons essayer de travailler ensemble. L’important, c’est que nous allons travailler, nous allons travailler de façon intelligente, de façon responsable pour que le pays aille de l’avant. C’est ce que j’ai toujours dit et c’est ce que je ferai Inch Allah.

On sait que l’Urd est en ballottage favorable dans certaines circonscriptions, mais vous devriez jouer le rôle d’arbitre dans d’autres comme Ségou, Sikasso, Yanfolila. Est-ce que le choix sera facile pour vous ?
Nous avons des positions très claires et aucun choix n’est difficile pour nous ; aucun choix n’est difficile pour nos cadres responsables ; nos sections sont responsables. Nous prendrons des décisions très claires. Nous ne nous cacherons pas derrière un arbre quelconque.


Donc à Ségou vous n’allez pas soutenir la liste d’alliance Adéma-CNID-RPDM ?
Nous ne regardons pas les choses de façon parcellaire, nous regardons l’ensemble du pays, et dans l’ensemble du pays, nous détectons là où nous avons des forces et des faiblesses. En fonction de cela, nous prenons une décision pour l’ensemble du pays, pour l’intérêt de notre parti et pour l’intérêt de notre pays, bien sûr. C’est comme cela que nous travaillons. C’est de cette manière que nous continuerons à travailler. Les résultats sont sortis samedi, nous allons prendre nos décisions très rapidement.

On sait qu’il y a le phénomène de transfert des électeurs, le cas le plus frappant est celui de la Commune II. Est-ce que l’URD se plaint ?
Je crois que vous êtes en train de vous plaindre vous-même. On ne peut transférer 3000 à 4000 personnes pour le besoin d’un vote quelque part. Il n’y a pas de morale dans ça. Quelque part, la démocratie est dévoyée ; quelque part, on ne sait pas pour qui voter, pourquoi on vote et qui vote. Je crois que ce sont des pratiques qu’il faut pouvoir arrêter. Nous nous sommes plaints des dysfonctionnements à la présidentielle. Rien n’a été fait. Nous nous sommes plaints pour le premier tour, rien n’est fait. Nous nous sommes plaints de la Cour constitutionnelle, rien n’est fait. Nous allons nous plaindre des transferts, rien ne sera fait. Malheureusement, ainsi va le Mali, ainsi va la démocratie malienne. Dommage ! Je crois que ce sont des pratiques qu’il faut condamner. Je les condamne.

On sait que l’URD est en deuil. Vous venez de perdre votre 5ème vice-président Cheickna Hamala Bathily, qui fut un pilier de l’animation de l’URD…
Cheickna Hamala Bathily était quelqu’un de très bien, de très engagé, très engagé pour sa famille, très engagé pour notre parti et très engagé simplement pour le Mali. Je garde le souvenir d’un homme de principe, d’un homme qui ne fait pas de calcul, qui venait chez moi régulièrement, que je rencontrais régulièrement. Je l’ai vu le mercredi passé tout près, j’ai été le voir dans son lit et je l’ai trouvé très affaibli. On a pu bavarder un peu. C’est lui-même qui m’a demandé de partir. Je rentre même comme cela de chez lui, il y a deux minutes. Vraiment, c’est une grande perte pour l’Urd ; c’est une grande perte pour le Mali. Je me rappelle de son engagement quand il était à l’Assemblée nationale. Tout le monde savait comment il défendait les éleveurs maliens, à tel point qu’on l’appelait député «Aliment bétail». Je crois qu’on a montré un député qui avait des principes, qui ne se contentait pas d’être à l’Assemblée nationale, qui y était pour quelque chose et il défendait ce secteur qui dépassait la circonscription électorale de Nioro qu’il représentait, un secteur qui concerne tout le Mali. Il était 5ème vice-président de l’Urd et il a occupé pleinement sa place. Je crois que toute l’Urd sera éternellement reconnaissante de tout le travail qu’il a fait au sein de notre parti.

Vous avez rencontré Madiba aussi, qu’est-ce que vous gardez de cet homme immense ?
Madiba, c’est un homme planétaire. C’est un homme absolument exceptionnel. J’espère qu’il servira de référence pour les générations futures, pour la jeunesse qu’il inspirera pour l’avenir, ainsi que demain nos enfants, nos arrières-petits enfants. Je crois que pour l’Afrique, c’est un monument, c’est un gros baobab qui est tombé. Pour l’ensemble de l’humanité, il a restauré la crédibilité de l’homme noir ; il a revalorisé l’homme noir par son itinéraire exceptionnel. Il a montré que partout il y a de la valeur, que partout il y a de la bonne graine. Lui, c’était vraiment de la très bonne graine. Je crois qu’on va tous garder de lui le souvenir d’un homme particulièrement exceptionnel.

Quand il est venu au Mali, j’ai eu la chance de le rencontrer, j’ai eu la chance de participer à une session avec lui, avec l’ensemble des opérateurs économiques maliens. À l’époque, c’est feu Darahamane Touré dit Darhat qui était le président de la Chambre de commerce et d’industrie du Mali. À l’époque, j’ai été frappé par l’attention qu’il accordait à tous ses interlocuteurs. On aurait pu se contenter des discours protocolaires. Il m’a vu, il m’a posé des questions précises en particulier sur le coton, la place du coton au Mali, les difficultés liées au coton. Vraiment il voulait comprendre au plus près les préoccupations du Mali, et cela m’a beaucoup frappé pour un chef d’état de son niveau, qui aurait pu se contenter de la grande géopolitique.

Il s’intéressait aux détails et ceci est très important. Je crois que l’humanité gardera de lui un souvenir exceptionnel. Quand on voit les hommages qu’il y a autour de sa personne, moi je crois que c’est l’homme du siècle tout simplement.

Vous avez des mots en guise de conclusion ?
Je vous remercie de l’intérêt que vous portez à l’Urd et à ces élections. Je souhaite seulement que ma communication permette à tout un chacun de mieux s’exprimer sur le devenir de notre pays. Nous traversons une période très difficile. Cette période doit être apaisée et pour qu’elle soit apaisée, la démocratie doit rester sur le bon chemin. Il faut que ceux chargés de lire le droit, d’appliquer le droit, le fassent en toute conscience. Je crois qu’il y va de l’intérêt de tout un chacun. Les petits arrangements actuels de la Cour ne sont pas des choses qui vont apaiser le climat paisible pour l’avenir. On peut satisfaire une ou deux personnes, je crois qu’on va à l’encontre des intérêts de l’ensemble de la nation.

Je crois que c’est quelque chose de très important. Vous avez parlé des pratiques en commune II, je crois franchement que ces mêmes pratiques en commune VI qui consistent à transférer massivement des gens des autres circonscriptions électorales pour qu’ils viennent voter pour un candidat, ne grandissent pas la démocratie. C’est tout simplement de la manipulation, des choses qu’il faut condamner. J’espère que, petit à petit, la prise de conscience sera là, que chacun comprendra qu’il est de l’intérêt de la nation de respecter les règles de la démocratie. Je vous remercie beaucoup.
Propos recueillis par Kassim TRAORE

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