La réunion du Groupe de contact sur le Mali, tenue le 7 juillet dernier à Ouagadougou, a invité la classe politique et la société civile à procéder à des consultations et à formuler au Président de la République par intérim des propositions en vue de la formation, avant le 31 juillet, d’un gouvernement d’union nationale, chargé d’une feuille de route de sortie de crise.
Depuis, les supputations vont bon train. Les fuites en avant se multiplient, avec des déclarations insensées comme celle du ministre Porte-parole du gouvernement, qui laisse entendre que l’équipe gouvernementale ne sera pas ouverte à ceux qui lui sont hostiles. C’est vraiment de l’ignorance politique. Car le gouvernement du Mali n’est pas la propriété de quelqu’un. C’est un bien collectif. Et, surtout, une structure éminemment politique. Sans politiques, on ne peut pas parler de gouvernement. Il faudrait que cela soit très clair pour le ministre. En cette période de transition, les grandes sensibilités politiques et sociales de notre pays doivent figurer dans un gouvernement d’union nationale.
La déclaration du Porte-parole du gouvernement aurait pu se comprendre si nous étions dans un contexte politique normal, caractérisé par la domination d’une formation ou groupement politique à l’Assemblée nationale, qui ne souhaiterait pas collaborer avec ses adversaires. Mais, dans la situation actuelle, il est aberrant d’exclure du gouvernement une ou plusieurs composantes essentielles de la vie politique malienne. Il est donc impératif d’aller rapidement à la composition de ce gouvernement dans le délai imparti.
Certains se perdent déjà en conjectures. Pour les uns, le Premier ministre doit partir. Pour les autres, il doit rester. Il s’agit d’abord que la classe politique et la société civile acceptent de se parler à Bamako, sous l’égide soit du gouvernement soit de l’Assemblée nationale. Mais, pour 22 Septembre, la poire devra être divisée en deux.
A l’issue des discussions, il faut que tous acceptent que Dioncounda Traoré est bel et bien le Président de la transition, parce que, jusqu’à présent, les responsables de la COPAM lui dénient ce titre. Pas plus tard que le 10 juillet dernier, l’Honorable député Oumar Mariko déclarait à notre confrère Info-Matin: «Je le dis et le répète: nous n’avons pas encore un Président de la transition». C’est grave que nous en soyions aujourd’hui encore à ce niveau. En organisant des concertations entre Maliens, on devra bien avancer et passer ce cap.
Ensuite, il faudra que tous admettent aussi que Cheick Modibo Diarra conduira le gouvernement d’union nationale. Parce que, ne l’oublions pas, il est l’homme du CNRDRE. S’il devait partir, une nouvelle crise s’annoncerait, pas seulement avec la junte, mais aussi avec certains partis et organisations de la société civile qui ont boudé Ouaga II. Il faudra donc, malgré tout ce que l’on peut reprocher à Dioncounda Traoré tout comme à Cheick Modibo Diarra, que les uns et les autres cèdent sur une partie de leurs exigences pour qu’ensemble ils remettent le Mali sur ses deux pieds.
Le gouvernement doit impérativement être représentatif. C’est pourquoi il faut que les 14 partis représentés à l’Hémicycle y figurent, avec chacun un représentant unique, sans faire prévaloir leur nombre d’élus. C’est un sacrifice que les grandes formations politiques doivent consentir en cette période exceptionnelle, pour sauver le Mali. Les religieux, les centrales syndicales et d’autres organisations de la société civile doivent également y figurer avec au moins six membres. Les partis extra-parlementaires dépassant la centaine, il faudra donc éviter de faire des frustrations ou des injustices.
Si Dioncounda Traoré et son Premier ministre désignent chacun trois personnalités, on arrivera à un total de 26 ministres, plus le Chef du gouvernement. Car il ne faudra pas profiter du gouvernement d’union nationale pour alourdir les charges de l’Etat, en formant une équipe pléthorique de 30, voire 40, ministres. Les vaches sont très maigres et l’Etat du Mali ne peut pas se payer ce luxe. Même quand elles étaient grasses, le pouvoir n’a jamais dépassé un attelage gouvernemental de 30 maroquins. Alors, soyons raisonnables!