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Enlèvement et séquestration de journaliste : Du brigandage à la torture
Publié le jeudi 12 juillet 2012   |  Aurore




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- Autre Presse - 11/7/2012

Il ne restait plus que ça. Les soi-disants redresseurs de la démocratie (certainement la démocratie de Kati), représentés par la bande Amadou Haya Sanogo, ont franchi le rubicon en déclarant la guerre au journal Aurore.

Abdrahamane Keita, Aurore

C’était le lundi 2 juillet 2O12, aux environs de 20 heures, un certain Mahamane Touré a appelé Abderhamane Keïta, journaliste et directeur de la Rédaction de Aurore, sous prétexte qu’il détient des informations en provenance de Gao. En bon journaliste, il ne pouvait qu’accepter l’invitation.

Ainsi, ils se donnèrent rendez-vous à la place Can, sise à l’ACI 2000. Abderhamane Keïta, accompagné par un de ses frères, arrive sur les lieux en début de nuit.

Mahamane Touré s’approche d’eux à l’heure indiquée et demande à Keïta de faire quelques pas pour qu’il puisse le mettre dans le secret de l’information. En ce moment précis, il détenait effectivement une enveloppe en mains. Abderhamane le suit donc à l’écart. C’est alors qu’une pick- up arrive en trombe et s’arrête pile auprès d’eux. Des militaires armés jusqu’aux dents en sortent et manu-militari, braquent et embarquent notre collaborateur impuissant vers une destination inconnue.

Ils avaient pris la précaution de lui mettre une cagoule sur la tête, pour qu’il ne puisse pas les identifier ni reconnaître leur parcours. En fait, ils avaient pris la direction de l’aéroport Le jeune frère d’Abderhamane Keïta a voulu suivre la pick- up, mais une deuxième pick-up s’est vite interposée.

Les deux pick -up arrivent à la base 101, franchissent les barrières. Le jeune frère d’Abderhamane, lui, qui avait pu suivre leurs traces, est bloqué par la sentinelle militaire.

Les militaires des deux pick-up amenent Abderhamane derrière la base 101 dans les champs. Ils le jettent par terre et le rouent de coups de crosses et de matraques. Les militaires d’Amadou Haya Sanogo finissent par dépouiller le journaliste de son téléphone portable et d’un million trois cents cinquante mille(1 350 000) FCFA. Abderhamane Keïta venait d’effectuer ce retrait dans la journée devendredi, pour couvrir les frais de son mariage prévu le dimanche 8 juillet 2012.

Au Mali, depuis le coup d’Etat du 22 mars dernier, les journalistes vivent sous le règne de la terreur dont les cerveaux planifient leur sinistre stratégie à partir du camp de Kati, là où le capitaine putschiste et ses hommes ont installé leur QG.

C’est la règle, depuis le coup d’Etat, il y a bientôt quatre mois. Cela continue encore : l’enlèvement et la séquestration de paisibles citoyens,y compris les journalistes, sur fond d’intimidation et de torture, dans le but d’extorquer de l’argent à ceux qui le gagnent à la sueur leur front. La preuve nous a été fournie à plusieurs reprises.

Le seul tort invoqué par nos tortionnaires contre leur victime : « Les journalistes sont des pestes qui perturbent le pays « .

Les hommes d’Amadou Haya Sanogo sont impuissants face à la situation qui prévaut dans le pays; la cause pour laquelle ils ont prétendu avoir renversé le pouvoir de l’ancien président ATT accusé de n’avoir pas donné suffisamment de moyens à l’armée de se battre, pour repousser les rebelles. Cette impuissance à libérer le pays occupé, le capitaine Sanogo et ses hommes ne s’en cachent même plus.

La bande Amadou Haya Sanogo oublie certainement que dans une société, comme la nôtre, chacun a une mission à jouer. Si elle ne s’adonne qu’à des méthodes qui déshonorent son serment; nous, par contre, nous en sommes loin, car mus par le souci du pays et son confort, indépendamment de la conjoncture socio-politique.

Le capitaine de Kati et ses hommes ont failli à leur mission régalienne qu’est la sauvegarde de l’intégrité du territoire national. Les journalistes, eux, feront la leur, vaille que vaille. Pourvu que le pays s’en sorte toujours mieux.

Karamoko N’Diaye

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