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Mme Konte, 6e Vice-Presidente de L’ADEMA : « Le gouvernement actuel ne peut pas »
Publié le jeudi 12 juillet 2012   |  Les Echos




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Mme Konté Fatoumata Doumbia, c’est de notoriété publique, n’aime pas porter de gants. D’où son jugement sans nuance sur le gouvernement CMD qui, tranche-t-elle, n’a pas la taille de l’emploi. Sur l’agression de Dioncounda Traoré, l’ex-junte, l’armée, la Cédéao, l’Adéma/PASJ… la maire de la Commune I, 6e vice-président du parti de l’Abeille, dit tout ce qu’elle pense. Sans fard.

Les Echos : Le Mali vit l’un des moments les plus critiques de son existence. En tant qu’observatrice avertie de la scène politique, la sortie de crise est-elle pour demain ?
Mme Konté Fatoumata Doumbia : Honnêtement, je ne le pense pas. Mais, c’est tout mon vœu. C’est mon souhait.

Les Echos : Pensez-vous que le gouvernement Cheick Modibo Diarra est en mesure de sortir le Mali de cette impasse ?

F. D. : Je suis vraiment désolée. Ce gouvernement actuel ne peut pas. Il n’est pas apte à répondre aux aspirations profondes des Maliens. Nous, nous sommes des politiques, il faut prendre compte des sensibilités des uns et des autres. Il semble qu’il y a plus de division aujourd’hui au sud qu’au nord. Je crois savoir que c’est la raison pour laquelle les partenaires sont plus exigeants pour la mise en place d’un gouvernement d’unité nationale. Sinon, si on devait s’en tenir à la capacité du gouvernement actuel de conduire la transition, mon appréciation est négative.

Les Echos : Le 21 mai 2012, le président de la République par intérim a été passé à tabac dans ses bureaux à Koulouba. Comment la nouvelle de l’agression de Dioncounda Traoré a été accueillie à l’Adéma/PASJ ?

F. D. : C’est une nouvelle qui a surpris désagréablement tout le monde. Au-delà de la surprise, nous avons toutes et tous été très déçus. Nous avons compris que les auteurs de cette agression étaient manipulés. Nous avons aussi compris que ceux qui les ont manipulés et qui se disent des démocrates, en réalité, ne sont pas de vrais démocrates. Donc, il y a eu la surprise désagréable, il y a eu ensuite la grande déception. Le troisième sentiment, c’est qu’aujourd’hui, nous nous inquiétons beaucoup pour la santé du président bien que d’une façon générale, nous avons des informations qui nous rassurent, mais honnêtement tant que nous ne voyons pas notre président à Bamako, il y a toujours appréhension.

Les Echos : Qui sont, selon vous, les auteurs de cette agression sur la personne du président et qui sont derrière cette sale besogne ?

F. D. : J’accuse les plus hautes autorités de l’Etat. En son temps, j’ai accusé le Premier ministre. J’ai même eu à accuser l’ex-junte militaire à travers son chef, le capitaine Amadou Haya Sanogo. Je me suis dis, ils ont dû suivre l’événement même s’ils ne sont pas coupables.
Le Premier ministre et lui, c’est sûr, si le président de la transition avait péri, cela n’allait pas leur déplaire. Quelque part, ils sont complices. Il y avait un cercueil que tout le monde a vu et les personnes qui le transportaient ont dit que c’était le cercueil du président de la République. Je peux dire que les autorités auraient pu prendre un minimum de précautions pour éviter des événements du genre.
Les autres auteurs, c’est évidemment, ceux qui ont organisé la marche. Ils sont connus. Légalement, quand tu demandes à organiser une marche, chaque fois qu’il y a des dégâts, les premiers responsables doivent être les premiers poursuivis. Donc, les organisateurs de cette marche constituent également les coupables de cette agression.

Les Echos : Avez-vous des nouvelles du président de la transition ?

F. D. : Honnêtement, nous avons des nouvelles le concernant. Beaucoup de responsables politiques, de militants lui ont rendu visite. Dimanche soir (8 juillet 2012), notre camarade le maire du Mandé, Mamourou Kéita nous a informé qu’ils étaient dans une mission en France (lui et le président de l’Association des municipalités du Mali). Ils ont profité de l’occasion pour rendre visite au président de la République par intérim, Dioncounda Traoré. Dimanche soir, Mamourou Kéita m’a appelé pour me dire que le président se porte bien. Moi-même, j’ai des parents à Paris qui lui ont rendu visite. Régulièrement, nous avons des informations qui nous rassurent. Sa femme aussi a souvent appelé pour rassurer les uns et les autres.

Les Echos : Envisagez-vous de vous rendre à Paris au chevet du président de la République malade ?

F. D. : En tant que membre et responsable politique de l’Adéma/PASJ, c’est mon vœu. Ce n’est pas à exclure. Mais, il y a juste des contraintes budgétaires. Le président lui-même a eu à appeler un jour au siège du parti pour dire qu’il se porte bien. Tous les jours que Dieu fait, les militants se posent des questions sur sa santé.

Les Echos : Qu’est-ce l’Adéma pense aujourd’hui du retour du président et de l’évolution des enquêtes sur son agression ?

F. D. : Ce qu’il faut savoir, Dioncounda lui-même a dit qu’il pardonne à ses agresseurs. C’est un musulman, un musulman ne dit jamais, je ne pardonne pas. Mais, je pense que c’est une affaire extrêmement importante. L’Etat, le gouvernement doit en toute honnêteté suivre ce dossier parce que je pardonne ne veut pas dire que l’action publique est éteinte.
Mais, je ne crois pas trop à la suite de ses enquêtes. Qu’on nous dira que demain ou après-demain que c’est un tel qui est l’auteur de l’agression du président Dioncounda, ça va m’étonner. Alors que sur des photos déjà parues sur le Net, il y a des gens qu’on peut identifier. Franchement, par rapport à la poursuite du dossier, j’ai des réserves.
Je n’y crois pas trop. Là-dessus, je vais me référer à l’exemple de moi-même le 13 avril 2011. Les agresseurs étaient connus. Mieux que ça, quand j’ai été agressée le mercredi 13 avril 2011, le samedi 16 avril, il y a eu une émission sur une radio privée de la place à laquelle ont participé les agresseurs.
Ils ont ouvertement dit que c’est nous qui avons agressé Mme Konté le maire. C’est nous qui avons mis le feu à son véhicule. Imaginez-vous, jusqu’à président je ne parviens pas à expliquer cette situation. Mais, on aurait été dans un pays bien organisé, ceux qui ont fait ses aveux allaient être arrêtés à leur sortie du studio. Bon, ces gens-là n’ont pas été arrêtés. Est-ce que les agresseurs de Dioncounda le seront surtout qu’ils n’ont pas reconnu. Par contre, moi mes agresseurs ont reconnu et avoué leur forfait. Bref, je n’ai pas tout à fait confiance sur l’issue du dossier. En tout état de cause, je prends acte des propos du président Dioncounda qui dit avoir pardonné.

Les Echos : Les événements du 22 mars 2012 ont plongé le Mali dans une crise sociopolitique sans précédent. De plus en plus, on parle aujourd’hui de la composition d’un gouvernement d’union nationale, selon votre intime conviction, un gouvernement inclusif est-il une panacée pour la sortie de crise au Mali ?

F. D. : En toute honnêteté, je n’y crois pas trop. Ma compréhension aujourd’hui, c’est qu’avant le gouvernement inclusif, je souhaiterai pour le peuple malien, c’est l’inclusion de l’ensemble des forces armées. Les bérets rouges-les bérets verts, l’on ne peut pas construire ce pays l’on ne peut pas prétendre recouvrir l’ensemble du territoire national sans l’ensemble des forces armées. Moi, c’est mon inquiétude. C’est une partie de l’armée qui nous a amené dans cette situation. A priori, je ne les accuse pas parce que nous étions dans une situation honnêtement où tout le monde était très mal à l’aise. Le fait que le processus ait été interrompu à ce moment-là, j’avais dit en son temps bravo. Disons-le, c’était une rébellion des forces armées et les gens n’en pouvaient plus. L’armée vivait dans des conditions extrêmement difficiles. Tout le monde l’a suivi.
Mais, vous venez dans cette situation et vous dites que nous, nous ne voulons pas gérer le pays. Et évidemment, ils ne peuvent même pas gérer le pays. Les mutins auraient dû s’arrêter à temps. On les aurait applaudis, accompagnés. Malheureusement, ce que je craignais est arrivé : le fait qu’ils se soient laissé piéger par des politiciens parce que pour ses politiciens, il faut faire d’une pierre deux coups.

Voilà : c’est l’armée qui a organisé un coup d’Etat et avant l’armée, il y avait des politiques qui étaient là depuis 10 ans ou 20 ans. Mais si on opte pour le schéma que ceux qui ont géré le pays ces 20 dernières années ne doivent pas être associés à la gestion des affaires publiques, personne ne va rentrer dans ce gouvernement-là. Donc, dans la tête des gens, c’était : « ôtez-vous de là, qu’on s’y mette ». Ce n’est pas ça la politique encore moins la démocratie. Si des élections transparentes sont organisées, nous partons aux urnes demain l’Adéma a la confiance de sa majorité.

En revenant en arrière, moi à la place de la junte, je m’emploierai pour la cohésion. Que les forces de sécurité parlent le même langage afin qu’on puisse organiser la libération du Nord. C’est ça ma préoccupation.

Les Echos : Quel commentaire faites-vous de la décision des chefs d’Etat de la Cédéao réunis à Ouaga le 7 juillet 2012 demandant la mise en place d’un gouvernement d’union nationale d’ici au 31 juillet prochain ?

F. D. : Ma réaction va rejoindre un peu ce que je viens de dire. Pour moi, ça peut être une solution. Mais, la solution la meilleure aurait été de promouvoir d’abord la cohésion au sein de l’armée. Mettre toutes les forces armées ensemble. Si politiquement, le gouvernement d’union nationale peut contribuer à calmer le jeu, ce serait une bonne chose.
Apparemment, c’est des revendications politiques parce que mêmes ceux qui ont applaudi Amadou Haya Sanogo au départ, le fait qu’ils ne sont pas rentrés au gouvernement ont clamé qu’ils ne sont pas d’accord. Qu’est-ce que ça veut dire ? Tout simplement, ils cherchent quelque chose. Si un gouvernement d’union nationale peut contribuer à calmer ses ardeurs, à faire de telle sorte que les politiques et la société civile se donnent la main pour qu’on puisse envisager ensemble un avenir meilleur pour ce pays, ça peut être une solution.

Les Echos : L’Adéma/PASJ au sein duquel vous militez approuve-t-elle la venue des forces de la Cédéao pour reconquérir l’intégrité territoriale, mais aussi sécuriser la transition ?

F. D. : Là-dessus, la position de l’Adéma est très claire. A propos de la Cédéao, nous sommes parties prenantes de toutes les propositions de l’organisation. Nous souhaiterions que les forces de la Cédéao viennent, mais qu’elles puissent contribuer à accompagner, à encadrer les forces armées maliennes. C’est indispensable. Car, les rebelles aujourd’hui ont une certaine capacité technique et matérielle que nos forces armées n’ont pas. Nous avons plus que jamais besoin de moyens humains, matériels et techniques. Mais une fois de plus, je le dis, nous avons des officiers supérieurs qui maîtrisent les stratégies de conquête et de reconquête d’un territoire. Nous devons faire avec eux, avec toutes les forces vives de la nation.

Les Echos : On a le sentiment que le pays est toujours sous coupe réglée des militaires. L’Adéma dispose-t-il d’une feuille de route pour le retour des militaires des casernes ?

F. D. : L’Adéma dispose d’une feuille de route, mais dans un cadre partenarial avec le FDR. A l’Assemblée nationale, l’Adéma, avec tous les membres du FDR, a fortement contribué à poser des actes pour conforter la junte. Pour faire comprendre à la junte qu’elle doit jouer un autre rôle, c’est-à-dire reconquérir le Nord. C’est à l’armée d’aller se battre. Donc, toutes les lois ont été votées dans ce sens, en l’occurrence, l’amnistie… Nous espérons qu’avec ces actes posés, l’armée doit être aujourd’hui à même de comprendre que sa place n’est pas à Kati.

Les Echos : Que comprenez-vous du refus de certains groupements politiques de se rendre à la rencontre des chefs d’Etat à Ouaga sur la crise malienne le samedi dernier ?

F. D. : Je respecte leur position. Le Mali a été un des pays fondateurs de la Cédéao. Toutes les initiatives prises dans ce sens, a priori nous engagent. S’ils se sont plaints, c’est qu’ils ont l’impression que tout se décide à Ouaga. Je respecte leur avis, leur prise de position.
Toutefois, par courtoisie aux chefs d’Etat de la Cédéao, le minimum exigeait qu’on aille les écouter. On va les écouter et on prend acte des décisions prises sur place et une fois de retour au pays, on peut se mettre ensemble pour voir quelle leçon tirer, quelle construction au Mali peut-on faire à partir des recommandations de Ouaga !

Propos recueillis par
Mohamed Daou

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