La Cedeao exige la formation d’un Gouvernement « d’union nationale » avant le 31 juillet (sous peine de suspension de l’équipe CMD) et recommande le déploiement d’une force de la Cedeao. Et, pour ce faire, le Président de la Transition devrait saisir l’Organisation ouest-africaine et les Nations unies. Ainsi en a décidé la réunion, le 7 juin à Ouagadougou, du « Groupe de contact » des pays membres de la Cedeao sur le Mali, ouverte aux « forces vives » (partis politiques représentés ou non à l’hémicycle et la société civile) et au Gouvernement actuel.
En effet l’attelage CMD, depuis sa formation il y a deux mois (à la faveur de l’Accord cadre Cedeao – Cnrdre), semble tarder à s’ébranler. La preuve : à ce jour, il ne s’est pas encore doté de la moindre feuille de route. Mieux, il semble oublier les deux principales missions à lui assignées par l’Accord – cadre, à savoir : la reconquête des régions du Nord toujours sous occupation et l’organisation d’élections générales crédibles.
Malheureusement, force est de noter également qu’il n’a jamais voulu s’affranchirde son mentor, le Cnrdre, et qu’il œuvre à tout prix à préserver son existence sous un nouveau vocable, au mépris de la volonté des forces vives et de l’ensemble de la Communauté internationale.
C’est certainement fort du constat de toutes ces lacunes( non exhaustives) que la Communauté internationale, en l’occurrence la Cedeao, a voulu se démarquer du Gouvernement CMD en exigeant désormais la formation d’une nouvelle équipe, cette fois-ci inclusive, où toutes les composantes politiques et de la société civile seraient présentes pour conduire notre Transition dans l’union nationale.
C’était déjà depuis le sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement à Yamoussokro, il y a quelques semaines, où selon des indiscrétions retenues sur place, des Chefs d’Etat influents de l’Organisation ouest-africaine et la médiation ont fait clairement comprendre à notre Premier ministre la nécessité de recomposer l’équipe. C’est certainement pourquoi les forces vives proches de la junte ont boycotté ce mini-sommet du «Groupe de contact de Ouagadougou» en prétextant sur de considérations nationalistes. L’absence de CMD a fait l’objet d’interprétations sur le même registre.
En tous les cas, la crise politico- sécuritaire de notre pays dépasse les seules compétences nationales et chaque jour qui passe ne fait que compliquer la donne. Notre Gouvernement doit cesser de jouer au dilatoire. Car, aux yeux de plusieurs analystes, il ne s’y prend pas autrement en annonçant son ouverture après plus de deux mois d’exercice et la création de force spéciale devant sécuriser les institutions et les hommes de la Transition.
Par ce dernier geste, ne reconnaît-il pas de facto sa négligence coupable dans le lynchage du Président de la République au Palais de Koulouba et le siège des locaux du Parlement durant des mois par des individus hors- la- loi, sans aucune réaction de sa part ni de nos forces armées et de sécurité ?
L’équipe CMD doit mettre l’intérêt supérieur de la nation au-dessus de tout en acceptant les conditions de sortie de crise de la Cedeao pour une sortie de crise idoine au Mali. Ce faisant, les choses pourraient enfin bouger pour de bon. Car, sans cela, le dégel du financement extérieur (indispensable à notre économie) et l’aide militaire promise par l’ensemble de la communauté internationale ne verrait jamais le jour au grand dam des populations maliennes.