Le Mali souhaite demander à la Cour pénale internationale (CPI) d'enquêter sur des exécutions sommaires, des viols collectifs, des actes de torture et des attaques contre des sites culturels commis depuis janvier par les rebelles qui contrôlent le Nord.
«Etant entendu que le nord du Mali échappe au contrôle des autorités légitimes, nous avons estimé que, pour éviter l'impunité, il était bon de saisir la Cour pénale internationale», a déclaré ce jeudi le ministre de la Justice, Malick Coulibaly, interrogé par RFI.
Délégation malienne à La Haye
Plusieurs groupes islamistes, locaux et issus de l'étranger, ont pris le contrôle du nord du Mali, après une rébellion engagée par des séparatistes touareg en janvier, ce qui a poussé les pays voisins et les puissances occidentales à exprimer leurs craintes d'une situation semblable à celle de l'Afghanistan.
Malick Coulibaly n'a pas précisé quand la demande auprès de la CPI, qui a déjà envisagé une enquête en avril, serait effectuée. RFI croit savoir que le déplacement d'une délégation malienne à La Haye aura lieu dans les prochains jours.
Destruction de mausolées
Le ministre de la Justice a annoncé que l'enquête concernerait non seulement la destruction de mausolées à Tombouctou par les islamistes d'Ansar Dine, mais également des actions commises par les touareg du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA).
Le MNLA a perdu mercredi tout contrôle sur le Nord, avec la prise d'Ansougo, leur dernier bastion, par les islamistes du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mudao), également visé par la demande du Mali auprès de la CPI.
Probable intervention militaire
Les dirigeants des pays voisins poussent le Mali, plongé dans la confusion depuis le coup d'était militaire du 22 mars, à former un gouvernement d'union afin de demander à l'ONU de soutenir une intervention de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao).
Laurent Fabius, le ministre français des Affaires étrangères, a jugé ce jeudi probable une intervention militaire au Mali, qui doit, selon lui, être menée par une force africaine.