Décidément, 2013 aura été l’année de l’armée française en Afrique. En effet, au moment où un détachement de 1600 soldats français est en train de se déployer en RCA, pour désarmer les rebelles de l’ex-Séléka, un autre contingent français est en guerre contre les djihadistes au Nord-Mali. Hé oui, l’armée française est engagée depuis lundi dans un combat sans merci contre des positions de groupes insurgés liés à al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). 19 djihadistes ont déjà été tués lors de cette reprise des hostilités dans le nord du Mali.
Au regard de la situation actuelle, on peut certes convenir que le plus dur est passé, mais on ne peut contester le fait que la menace terroriste est toujours présente dans ce pays
Cette situation vient rappeler, si besoin est, que les djihadistes n’ont pas encore abandonné leur projet de créer un Etat islamique dans le Nord-Mali. Leur détermination est donc toujours intacte malgré les nombreux revers que les armées française et tchadienne leur ont infligés sur le terrain. Le Mali est-il donc en train de s’enfoncer dans une guerre sans fin ? Au regard de la situation actuelle, on peut certes convenir que le plus dur est passé, mais on ne peut contester le fait que la menace terroriste est toujours présente dans ce pays. IBK ne doit donc pas baisser la garde car, on le sait, cette nébuleuse ne s’avoue jamais vaincue et cherche toujours le meilleur moment pour revenir et frapper. Comme au plus fort du conflit, c’est l’armée française qui se porte sur la ligne de front, car sa consoeur malienne est encore inopérante, et les troupes africaines déployées dans cette partie du Mali, sont totalement incapables de contenir les velléités offensives de ces fous de Dieu. C’est sans doute triste de le dire, mais c’est bien à une inversion des rôles qu’on assiste dans le cadre de ce conflit ; l’armée malienne qui accompagne l’armée française, venue lui porter secours. On peut cependant dire à sa décharge que n’étant ni formée, ni habituée à cette guerre asymétrique, elle ne peut en effet que jouer les seconds rôles dans ce conflit dont l’enjeu est la libération de son propre territoire. On nous dira que la France non plus n’est pas une spécialiste de ce type de combats.
La question qu’il convient alors de se poser est : jusqu’à quand la France tiendra-t-elle ce rôle qui, il faut le dire, incombe avant tout aux armées africaines ?
Toutefois, sa logistique de guerre et la qualité de son matériel d’observation lui confèrent une efficacité redoutable qui, du reste, a bien fait ses preuves aux premières heures de l’occupation du Nord du Mali par les djihadistes. La question qu’il convient alors de se poser est : jusqu’à quand la France tiendra-t-elle ce rôle qui, il faut le dire, incombe avant tout aux armées africaines ? Hier au Mali, aujourd’hui en RCA, la France pourra-t-elle répondre à un autre appel au secours, si d’aventure, un autre front venait à s’ouvrir demain dans une autre partie de l’Afrique ? Assurément non. Elle ne pourra pas se déployer indéfiniment sur le continent. Par contre, l’international terroriste , en a bien les possibilités. C’est pourquoi la France doit et sans délai, permettre à l’Etat malien d’exercer entièrement son autorité sur l’ensemble de son territoire, y compris à Kidal. Cela passe bien entendu par une clarification de sa position avec le MNLA. Ainsi, l’armée malienne pourra " l’accompagner" efficacement dans la reconquête du Nord-Mali. A défaut, Paris, sans le savoir, se met le doigt dans l’œil. Car elle n’ignore pas que des passerelles existent entre le mouvement touareg et les différents groupes djihadistes qui écument le nord malien. L’enlèvement suivi de l’assassinat de Gislaine DUPONT et de Claude VERLON devrait suffire à lui ouvrir les yeux sur les probables conséquences d’une alliance entre le MNLA et le diable commun que l’on combat. Quelque grande que soit sa puissance, la France ne pourra jamais supporter les effets d’une guerre sans fin au Mali.