La campagne centrafricaine est différente de celle du Mali. Au Mali, le ver était avancé mais il n’était pas dans le fruit. Il s’est arrêté aux portes de Konna et les bombardements de Serval l’ont traqué jusque dans les contreforts de Tegargar.
Or, cette fois-ci, le ver est à Bangui, dans Bangui même, la capitale que Sangaris se donne pour mission de sauver contre les violences des deux groupes : Seleka et anti balakas. Citoyens rangés et apeurés le jour, meurtriers possible la nuit. Pour toutes sortes de raisons : la vengeance, le racket, les règlements de compte, le baroud et la liste n’est pas exhaustive.
Bref tous les mobiles qui, dans le passé et pour combien de temps encore, ont fait de cet Etat au centre de l’Afrique un Etat poussif, quasi néant, livré aux dirigeants tragi-comiques et aux sauts des légionnaires. Aqmi au Mali a un turban, une barbe et une Toyota tout terrain. L’ennemi de la France à Bangui prend la bière et mange du manioc comme tout le monde. En plus, l’homme fort de Bangui peut bien être le maillon faible de l’analyse sécuritaire qui a convaincu Paris de s’engager.
Là est la grande difficulté qui attend l’armée française dont la valeur et la discipline doivent cependant forcer le respect de l’Afrique des mutineries et des putschs. Naturellement, on ne peut pas faire à Hollande l’insulte d’avoir engagé la France en Centrafrique en pensant que dans quelques semaines, il pourra se rendre à Bangui pour avoir la ferveur délirante de l’accueil qu’il reçut, le 2 février dernier à Tombouctou libéré. Le pays de Djotodja est connu de Paris, mieux connu en tout cas que ne l’était le Mali des compagnons de Damien Boiteux. En plus de la connaissance du terrain et de la valeur de ses soldats, la France, une fois de plus, défend une cause juste et noble. Quand les autres font semblant. A cette France là, on ne peut que tirer le chapeau et lui souhaiter le minimum de dégâts.
Adam Thiam