Ce qui semblait être une opération d’interpellation de routine de la police s’est transformé en incident violent hier dans l’après-midi entre policiers et revendeurs et autres réparateurs de téléphones portables dans la fameuse zone attenante à la direction générale de l’opérateur de téléphonie mobile Malitel.
Au passage de notre équipe, l’endroit ressemblait à un champ de bataille : étals éventrés, débris de bois et de vitre jonchant l’asphalte. Des jeunes en colère n’avaient pas de termes assez durs pour les policiers.
Qu’est-ce qui a donc mis le feu aux poudres ? Selon des informations, tout est parti d’une opération montée par des policiers pour arrêter un individu accusé de vol d’un téléphone portable. Le jeune homme qui serait âgé d’une trentaine d’années aurait été identifié par la justice comme étant l’auteur d’un vol de téléphone qu’il s’apprêtait à revendre. Le parquet aurait donc ordonné au commissariat du 6è Arrondissement de police de l’interpeller. Les éléments de ce commissariat furent donc dépêchés sur le site réputé aussi être un endroit très criminogène. Les policiers se sont heurtés au refus catégorique des jeunes. Des échauffourées ont alors éclaté. Et dans le tohu-bohu général, des coups de feu sont partis blessant un jeune revendeur et un policier.
Le porte-parole des jeunes, Mohamed Lamine Koné, membre de l’association qui gère le site accuse les policiers d’agression. « Ce n’est pas la première fois qu’ils viennent nous provoquer ici. Pourtant, nous ne sommes pas là illégalement. C’est en accord avec la société Malitel que nous occupons les lieux. La construction de ces hangars que vous voyez a été gracieusement financée par Malitel à hauteur de 15 millions de Fcfa. Nous exerçons notre métier de revendeur dans le respect des règles. Nous sommes au total 116 revendeurs ici. Nous payons toutes les taxes et les redevances dues à la mairie. Donc, qu’on nous laisse travailler au lieu de venir nous embêter», soutient le jeune homme. Nous n’avons pas pu confirmer au niveau de la société Malitel si les revendeurs sont installés avec sa caution.
Au commissariat du 6è Arrondissement, l’on fait remarquer que les policiers ont le droit d’intervenir partout où besoin est. En ce qui concerne les origines des coups de feu, les policiers jurent la main sur le cœur que les premiers coups sont partis de la foule et que par mesure de dissuasion et pour se protéger, ils étaient obligés de procéder à des tirs en l’air.
Les policiers font remarquer que cette opération n’est pas la première dans cette zone où des patrouilles font régulièrement des descentes pour mettre hors d’état de nuire de grands bandits. Ce que dément catégoriquement Mohamed Lamine Koné, assurant qu’aucun bandit de grand chemin n’a la possibilité de s’installer sur ce site. Il soutient que la preuve en est que l’association a installé une brigade de vigilance qui veille sur les lieux. « Et il n’y a aucun risque d’infiltration de bandits, car ici tout le monde se connaît », assure le jeune homme dont les propos sont approuvés par ses camarades dont certains voient dans l’opération de la police une manœuvre pour s’adonner à des actions inavouables. Pour soutenir leur thèse, ils assurent que des téléphones et autres appareils électroniques ont disparu dans le désordre général d’hier.