En Commune II, ce sont les deux listes attendues qui sont effectivement arrivées en tête au premier tour des législatives. La liste commune RPM/CODEM est première avec 43,49% des voix. Sa concurrente, celle de la coalition ADEMA/MPR/URD, est arrivée en deuxième position avec 27,04%. Même si l’écart (environ 5000 voix) semble important en faveur de la première liste, la bataille pour les trois postes de députés de la Commune II est loin d’être jouée d’avance.
Depuis l’annonce des résultats définitifs par la Cour constitutionnelle, les candidats ont repris la campagne. Mamadou Lamine Haïdara dit « Mao » est député sortant et candidat sur la liste ADEMA/MPR/URD. Notre équipe de reportage l’a rencontré mercredi à son domicile, entouré de militants et sympathisants. Pour lui la présence de la liste du trio au second tour se justifie par la confiance qui existe entre les candidats, qui ont de réelles assises dans la commune, et les électeurs. Il assure que ce sont les jeunes de la commune qui ont décidé de porter la candidature de la liste. S’il y a eu un second tour, soutient-il, c’est parce que de l’autre côté, les adversaires n’ont pas joué franc jeu. Le candidat assure que pendant ses colistiers et lui allaient vers les électeurs, leurs adversaires établissaient des contacts avec les présidents des bureaux de vote. Cela pour manœuvrer contre sa liste.
Mamadou Lamine Haïdara dénonce ensuite une « certaine complicité » qui existerait entre leurs adversaires et les forces de sécurité de la commune. Pour étayer cette thèse, il assure que le jour du vote pour le premier tour, plusieurs partisans de sa liste ont été interpellés tôt le matin et n’ont été relâchés que vers 16 heures. Cela sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux. Le but de la manœuvre était donc, de son point de vue, de gêner ceux qui devaient les aider en toute légalité.
Le candidat du MPR invite donc ses camarades et ses sympathisants à redoubler de vigilance, dimanche prochain. Haïdara dénonce enfin des « transferts abusifs » d’électeurs auxquels les adversaires auraient procédé.
En face, Hadi Niangadou est candidat sur la liste RPM/CODEM. Il avait été élu en 2007 sur la même liste que son adversaire du jour, Mamadou Lamine Haïdara. Nous l’avons rencontré dans son bureau de vice-président de l’Assemblée nationale. Il estime que la tenue d’un second tour est imputable à la faible mobilisation. La désaffection des urnes est, assure-t-il, le premier adversaire de sa liste. C’est pour cela que pendant tout le temps de la campagne, ses colistiers et lui n’ont cessé d’appeler leurs citoyens à remplir leur devoir civique.
Il se dit confiant que la majorité des électeurs de la commune va voter pour sa liste et avance deux arguments pour cela. D’abord ses colistiers et lui jouissent d’une grande popularité dans la commune. « Que ce soit pendant la campagne, ou avant, nous sommes en relation étroite avec les populations », assure-t-il, qualifiant ses adversaires de représentants de « la vieille garde » que les gens ont vue à l’œuvre et qui ont abandonné la population. Pour lui, sa liste représente le changement et la volonté d’aider le président de la République pour exécuter le programme pour lequel il a été plébiscité par les Maliens.
Selon Hadi Niangadou, le problème de transferts évoqué par Mamadou Lamine Haïdara est un faux problème. Il explique qu’au total, ce sont bien 3092 électeurs qui ont obtenu d’être transférés vers la Commune II. Parmi eux, leurs sympathisants seraient environ 900 électeurs, contre pas loin de 1200 pour leurs adversaires du second tour. Le reste des transferts étant à répartir entre les vaincus du premier tour. L’écart entre les deux finalistes étant est supérieur à 5000 voix, il ne faut pas incriminer cet aspect, argumente le candidat.
Tout en rejetant les critiques des adversaires, Hadi Niangadou estime que ses adversaires perdent leur contrôle. « Ils n’ont pas fini d’accuser les présidents de bureau de vote, qu’ils commencent à instrumentaliser les jeunes de la commune. Déjà dans certaines rues de la commune, des jeunes défilent avec des slogans injurieux pour les candidats de notre liste et ceux qui ont voté pour nous », accuse-t-il. Il appelle donc à revenir à une campagne plus sereine, à faire preuve de plus de responsabilité et à éviter les injures. Sinon, estime-t-il, la situation peut dégénérer.
Chaque camp assure que la majorité des vaincus du premier tour est de son côté. Pendant ce temps, les caravanes des deux listes de candidats sillonnent les rues de la commune pour attirer les indécis de leur côté.