« Prévention et lutte contre le radicalisme religieux au Mali : quel rôle pour les acteurs de la société civile ». Tel est le thème d’une conférence débat qui a été organisé le 10 décembre 2013 par l’Association culturelle Acte sept et la coalition malienne pour la diversité culturelle. Ce fut l’occasion pour édifier les uns et les autres sur la stratégie d’implantation des Djihadistes en Afrique.
La crise que vit le Mali, est due en grande partie par la volonté d’individus de venir apprendre, par le bruit de leurs canons, aux Maliens, musulmans depuis des millénaires, comment faire l’ablution. Ces fous de Dieu, jusqu’à ce que la baraka les quitte avec l’attaque de Konna et l’intervention de l’armée française, ont commis des exactions innommables dans le nord du pays. Mais, au nom de quel Dieu. En tout cas pas celui que les maliens prient depuis des millénaires. Tout compte fait, il faut constater que le Mali se remet de cette crise, comme un malade convalescent.
Mais, se pose des questions dont les réponses serviront à le mettre définitivement à l’abri d’une telle absurdité. Et c’est pour apporter sa pierre à l’édification de la nation que la Coalition pour la diversité culturelle au Mali, en collaboration avec l’Association culturelle, a fait appel à un expert sénégalais pour animer une conférence. Dr Bakary Sambe, Coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes et Conflits religieux en Afrique-Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal), a animé le mardi 10 décembre 2013, une conférence débat dans les locaux de l’Association culturelle Acte Sept. Il a été convié pour débattre du thème : « Prévention et la lutte contre le radicalisme religieux au Mali : quel rôle pour les acteurs de la société civile ».
Adama Traoré, Président de Acte Sept et Président de la Coalition pour la diversité culturelle au Mali, a indiqué que la conférence débat entre dans le cadre du lancement du Projet « Forums de la Réconciliation ». Selon lui, même modeste, cela doit être considéré comme la contribution de la Coalition pour la Diversité Culturelle au Mali et Acte Sept, à la résolution de la grave crise qui a secoué le Mali. De nombreux maliens et même des occidentaux résidents à Bamako, qui voulaient avoir des explications sur le radicalisme religieux qui a secoué la partie nord du Mali, n’ont pas hésité à venir assister à cette conférence débat. Parti du constat que l’islam n’est pas un fait nouveau au Mali, le conférencier a estimé que ce que notre pays vient de vivre, dont il vivra encore pendant longtemps les séquelles, n’est qu’un clash entre l’islam tolérant et l’islam imposé de l’extérieur, mais qui véhicule une idéologie politique.
Qu’à cela ne tienne, il a indiqué que l’Afrique n’a pas besoin d’aller importer des Ulemas. Avant de condamner l’instrumentalisation de la jeunesse africaine dans un processus qui la dresse contre sa société dans l’espoir de devenir un véritable musulman. « C’est une forme de paternalisme, sous le couvert de l’islamisation, qui tend à imposer des modèles culturels forcement inspirés par des traditions importées d’Arabie », a-t-il déclaré. Avant de dire que le fait que les Etats africains, sont caractérisés par l’absence de l’Etat, a favorisé un prosélytisme qui est arrivé depuis les années 70, avec la grande sécheresse et le boom pétrolier de certains pays arabes. « Sous le prétexte d’un secours humanitaire, un nouveau type de prédication va s’installer », a-t-il indiqué. Avant d’ajouter que rapidement, il y a eu un glissement par la théorie qui consistait à dire qu’en Afrique, les musulmans sont plus nombreux, mais qu’ils sont dominés par une élite occidentalisée. Ce qui fait dit au conférencier que le système éducatif a joué un grand rôle dans ce qui arrive aujourd’hui à l’Afrique de l’ouest. « Le système éducatif est à la base de tout. Nous avons deux types d’écoles : un type piloté et contrôlé par l’Etat et qui forme des élites regardant vers l’occident et un autre type sur lequel l’Etat n’a aucune emprise et qui forme une élite regardant vers l’orient. Mais, personne ne regarde l’Afrique », a-t-il déclaré. Avant de dire que cela a facilité le déploiement de la stratégie qui veut implanter une zone wahhabite de la corne d’Afrique à Dakar.
« L’Afrique ne doit pas être ce continent qui doit importer des idéologies. Elle doit exporter des alternatives nouvelles », a-t-il déclaré. Selon lui, le moment est arrivé pour ne plus laisser la religion entre les mains des seuls religieux. Et, il pense que c’est là que commence le rôle de la société civile. « Elle doit multiplier des espaces de débats sur la religion pour que les citoyens ne soient pas des analphabètes religieux et cela les mettra à l’ abri de certains discours », a-t-il estimé.