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La tendresse coupable de la France pour les les touaregs
Publié le vendredi 13 decembre 2013  |  MondAfrique


© aOuaga.com par A.O
Mali: les négociations entre les autorités maliennes et les groupes armés touareg ont été reportées en raison d’un blocage de dernière minute
Vendredi 7 juin 2013. Burkina Faso. Ouagadougou.


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Pauvre François Hollande! A la veille du sommet sur la sécurité en Afrique quii doit se tenir à Paris, les 6 et 7 décembre, voici que le président malien, IBK, s'en prend à la France dans un entretien retentissant à la une du Monde. Ce chef d'Etat, soutenu par Paris dans sa victoire obtenue à l'arrachée cet été lors de présidentielles baclées, explique sans états d'âme que le soutien de la France aux touaregs est la cause des malheurs actuels de son peuple et des troubles nombreux qui rêgnent encore aujourd'hui dans le pays. Ce procès, un peu péremptoire, n'est pas pourtant totalement infondé. Les troupes françaises sont intervenues au Nord du Mali pour "enfumer", comme disent les militaires, quelques centaines de touaregs "islamisés" liés aux groupuscules djihadistes, souvent des gamins agés de quatorze ou quinze ans qui ont été utilisés comme bouclier humain par les chefs pervertis d'AQMI. Mais les soldats de "Serval" se sont bien gardés de désarmer le MNLA, le principal mouvement touareg de la région, dont le fief est à Kidal. Ceux là sont en effet les alliés privilégiés des services français depuis de nombreuses d'années!
Cete attitude skizophrène du pouvoir français explique le retournement actuel des élites politiques de Bamako contre la France. L'ancienne colonie est suspectée d'être favorabl à l'irrédentisme touareg et à l'autonomie du Nord Mali.

Depuis les années du colonialisme, l’État français et les missionnaires catholiques ont toujours montré une tendresse particulière pour les chevaliers bleus du désert. « Comment amener les Touaregs qui n’ont jamais subi le joug de personne à laisser librement circuler nos voyageurs, négociants ou autres, et de plus, à les protéger au besoin ? C’est là une entreprise d’une difficulté extrême », écrivait déjà l’abbé Loyer en 1863. Depuis, l’inspiration de la politique française au Sahel est d’une extrême indulgence pour les communautés touarègues. Il s’agit d’une alliance avec « ce peuple singulier qui règne en maître sur le Grand Sahara », pour reprendre les termes de l’abbé. « Les abandonnés de Dieu » que sont les Touaregs ne sauraient être les ennemis de la France.

Funestes calculs ! Lorsque les groupes rebelles d’Ansar Eddine, d’Aqmi et du MUJAO pronèrent en 2012 le jihad en Afrique de l’Ouest et l'autonomie du Nord Mali en janvier 2012, le MNLA, cet ami de la France, est à leurs cotés. Dès l’été suivant, les chers alliés des Français seront vite débordés face à la détermination des djihadistes. Les voici rapidement marginalisés, isolés dans leur fief de Kidal. Retournant une fois de plus leurs vestes, les Touareg du MNLA renouent alors avec l’armée française qu’ils informent sur les positions des djihadistes à Gao et Tombouctou. "Le Monde" avait même affirmé à l'époque que les services français avaient fourni 70 000 litres de carburant et fait parachuter des armes à leurs amis du MNLA après leur rupture avec Aqmi. Des livraisons de missiles antichars Milan au MNLA avaient été envisagées pour lutter du côté français contre les djihadistes. La fulgurance de l’opération Serval n’a pas rendu nécessaire un tel front commun.

Par un étrange entêtement, les troupes françaises restent fidèles, encore aujourd’hui, à leurs alliés du MLNA qu’ils ne désarment pas vrai- ment, au grand désespoir des partisans de l’intervention française en Afrique de l’Ouest. Ministre des Affaires étrangères du président Traoré l'été dernier, Tiéman Hubert Coulibaly, très francophile, regrettait déja cette situation.Il fait toujours partie du gouvernement d'IBK. « Je dis gentiment aux Français : l’armée tricolore et les services ont créé le MNLA. Ces dernières années, le président ATT n’avait pas les couilles pour dire son fait à la France. Mais cette aide continue, elle commence à cristalliser un vrai contentieux. Les militaires français ont eul’illusion que ce mouvement touareg combattrait Aqmi. Mais ce qui est grave, c’est que ce choix stratégique est toujours celui de la France. Le général Puga et son adjoint, le colonel Buckey, patron du service Action de la DGSE, sont toujours aux commandes et ils n’ont pas envie de lâcher leurs amis touaregs».

Pris dans les fractures ethniques qui minent la société malienne, les Français libèrent le Nord de quelques centaines de djihadistes, à la grande satisfaction du Sud, mais laissent une partie des Touaregs armés, au désespoir des Noirs majoritaires du reste du pays. L’accueil plus que distant que François Hollande a reçu à Bamako le 19 septembre 2013 lors de l’investiture d’Ibrahim Boubacar Keïta avait déja témoigné de désaccords profonds sur l’avenir du payx entre le président français et IBK. A quand une motion de synthèse, un genre où François Hollande excelle depuis les années passées à la tète du Parti Socialiste?

Par Nicolas Beau
05 Déc, 2013


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