NEW YORK - La France et le Guatemala vont dresser une liste de propositions concrètes susceptibles de renforcer la protection des journalistes, en particulier dans les zones de conflit, a indiqué vendredi l’ambassadeur français à l’ONU Gérard Araud après une réunion sur ce sujet à l’ONU.
Ce document rassemblera diverses idées évoquées par les participants à
cette réunion, dont la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) Fatou
Bensouda, la directrice de l’Unesco Irina Bokova et le directeur général de
Reporters sans frontières Christophe Deloire. La réunion était co-présidée par
la France et le Guatemala et y assistaient plusieurs ambassadeurs membres du
Conseil de sécurité.
"Nous verrons ce qui est possible, efficace et acceptable" dans ces
propositions, a précisé M. Araud, qui préside le Conseil de sécurité en
décembre. Il a rappelé que 76 journalistes avaient été tués dans l’exercice de
leur métier depuis le début de l’année -- notamment au Mali, en Syrie, en
Somalie ou au Pakistan -- et de nombreux autres enlevés, "avec un taux
d’impunité exceptionnel de 90%".
Christophe Deloire a notamment proposé la création d’un groupe d’experts
indépendants chargés de contrôler le respect par les Etats membres de l’ONU de
leurs obligations vis-à-vis de la presse. Il suggère aussi de préciser dans
les statuts de la CPI que prendre pour cible un journaliste est un crime de
guerre.
La protection des journalistes contre toute violence est inscrite en
principe dans plusieurs textes internationaux comme les Conventions de Genève
sur le traitement des civils dans les conflits ou des résolutions de l’ONU
mais pas de manière assez spécifique, ont expliqué plusieurs des intervenants.
"Le meurtre de journalistes est la forme le plus extrême de censure", a
souligné l’ambassadeur britannique Mark Lyall Grant. "L’ONU doit s’impliquer,
nous devons trouver des moyens de mieux faire appliquer les textes
internationaux existants", a-t-il plaidé.
L’Assemblée générale de l’ONU a décrété le 2 novembre "journée
internationale pour mettre fin à l’impunité des crimes contre les
journalistes". Cette date coïncide avec l’assassinat le 2 novembre dernier au
Mali de deux journalistes français de Radio France Internationale (RFI),
Ghislaine Dupont et Claude Verlon.
Présente à l’ONU, la directrice du bureau de RFI à Washington Anne-Marie
Capomaccio a dénoncé "la banalisation des pressions et des menaces" contre les
reporters, en particulier en Afrique. Dans certains pays, a-t-elle rappelé, un
journaliste qui suit sur le terrain un groupe rebelle "est assimilé à un
rebelle" par le pouvoir en place et il peut être harcelé uniquement parce
qu’il a donné la parole à l’opposition légale.
avz/gde