Dès l'ouverture de l'événement, deux ombres ont plané sur l'Élysée. Celle de Mandela, symbole d'union, disparu le 5 décembre. Et celle de la Centrafrique, emportée dans une spirale de violence. Vous avez dit "paix et sécurité" ?
Les organisateurs du sommet de l'Élysée pour la paix et la sécurité en Afrique avaient prévu une seule cérémonie d'ouverture, le 6 décembre. Il y en a finalement eu une seconde, imposée par le décès, la veille au soir, de Nelson Mandela. Dans la cour d'honneur de la présidence, tout a donc été réaménagé en signe de deuil : drapeau français mis en berne et protocole allégé. Après un émouvant hommage à la figure de la lutte antiapartheid, le président François Hollande a fait observer une longue minute de silence à la mémoire de Madiba.
L'Élysée avait, quoi qu'il en soit, prévu de donner à ce sommet une tonalité différente. Depuis huit mois, tout a été fait pour convaincre les Africains qu'ils n'assisteraient pas à une énième grand-messe "néocoloniale". La très forte participation de pays anglophones, toujours très sourcilleux dans leurs relations avec Londres, atteste que ce travail de persuasion a porté ses fruits. De l'Ougandais Yoweri Museveni au Namibien Hifikepunye Pohamba, en passant par le Sierra-Léonais Ernest Bai Koroma, le Nigérian Goodluck Jonathan, le Tanzanien Jakaya Kikwete et le Sud-Soudanais Salva Kiir, les anglophones ont presque ravi la vedette aux francophones. Même le Gambien Yahya Jammeh, qui vient pourtant de quitter le Commonwealth en dénonçant son caractère colonial, n'a pas pu décliner l'invitation du président Hollande à venir discuter à Paris de la paix, de la sécurité, de la lutte contre les changements climatiques ou du renouveau du partenariat franco-africain.
Côté francophone, les habitués tels que le Burkinabè Blaise Compaoré, le Togolais Faure Gnassingbé, le Congolais Denis Sassou Nguesso, le Gabonais Ali Bongo Ondimba, le Sénégalais Macky Sall ou le Nigérien Mahamadou Issoufou, n'ont pas manqué à l'appel. Mais la présence, habituellement plus rare, du Camerounais Paul Biya et du Congolais Joseph Kabila n'est pas passée inaperçue.
Pour son premier sommet Afrique-France, François Hollande a tenu à donner à ses pairs des gages de rupture avec le passé. Il a descendu les marches du perron de l'Élysée pour les accueillir, trouvant des mots personnels pour chacun d'eux. "Mon cher Abdelmalek, vous connaissez bien la maison, vous êtes chez vous", a-t-il lancé au Premier ministre algérien après une accolade chaleureuse.
"Merci d'être venu, en espérant que Madagascar va connaître prochainement la paix et la prospérité", à l'adresse de Jean Omer Beriziky, le Premier ministre malgache. Le Nigérian Goodluck Jonathan a, lui, été salué d'une tape amicale sur l'épaule accompagnée d'un "Thank you, Mister President". D'autres, comme l'Ivoirien Alassane Ouattara et le Guinéen Alpha Condé, ont eu droit à de longues embrassades.
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