(BRUXELLES2) Deux soldats sénégalais de la Minusma, la mission de stabilisation de l’Onu au Mali, ont été tués, samedi 14 décembre lors d’un attentat à la voiture piégée à Kidal, devant la Banque malienne de solidarité. Plusieurs autres ont été blessés, ainsi que des militaires maliens de la Garde nationale. Tous ont été pris en charge par le personnel médical sur place, précise un communiqué de la Minusma. Et les plus graves évacués vers Gao « avec le concours de la Force Serval ». Un bilan provisoire qui pourrait évoluer dans les jours à venir, certains blessés étant gravement atteints.
Kidal : hors contrôle
Cet attentat vient rappeler que la situation dans cette ville du nord Mali – où nos deux confrères de RFI ont été enlevés puis tués – reste donc dans une sécurité précaire. Le président malien Ibrahim Boubacar Keita le disait au Parlement européen la semaine dernière, « Kidal, n’est pas encore sous le contrôle du gouvernement du Mali. » (détails sur le Club : « Nous sommes dans l’urgence absolue »).
Second tour des élections
Survenu à la veille du second tour des élections législatives qui doit parachever le retour à l’ordre constitutionnel au Mali, l’attentat n’aura cependant pas de conséquences de ce point de vue. Il n’y aura pas, en effet, de scrutin dans la ville et dans la région situées à 1.500 km au nord-est de Bamako. Les quatre députés de cette ville ont, en effet, été élus dès le premier tour du 24 novembre.
Une opération anti-terroristes en cours
Non revendiqué pour l’instant, il pourrait s’agir de représailles à l’opération anti-djihadiste des forces françaises dans la région, avec le déploiement complet d’un GTIA (groupement tactique interarmes) dans la zone comprise entre Tombouctou et la frontière algérienne. « Une opération militaire française est actuellement en cours au nord de Tombouctou », a indiqué une source militaire à Bamako à l’AFP. 19 « éléments de ce groupe ont ainsi été tués mardi (10 décembre) a confirmé Laurent Fabius ce dimanche (15 décembre) lors du Grand Rendez-vous « Europe 1 / i-Télé / Le Monde », ajoutant que la France n’avait pas vocation à « devenir le gendarme de l’Afrique ». « Mais il se trouve que pour le moment, et nous travaillons à ce que cela change, la France est le seul pays qui a des forces capables d’aller là-bas en nombre ».
Un rythme opérationnel qui ne semble pas faiblir
Même si le « Mali » est sorti de l’angle de mire de l’actualité, les opérations dans le nord du pays continuent, en effet, à un rythme assez soutenu. Environ 2800 militaires français sont toujours présents sur le sol malien.
Et, selon le dernier bilan de l’Etat-Major des armées, pas moins de 30 sorties d’avions de chasse ont eu lieu cette dernier semaine (du 5 au 12 décembre). Ce qui est certes un peu moins que les semaines précédentes (entre 45 et 50 sorties d’avions de chasse) mais représentent une moyenne importante. A terre, le GTIA « Korrigan » poursuit ses missions de sécurisation en menant des patrouilles dans la région de Gao et dans l’ensemble du Nord de la boucle du Niger. Et au nord de Tessalit (à une trentaine kilomètres au nord-ouest), en début de semaine, c’est le bataillon tchadien de la MINUSMA appuyé par un détachement de liaison et d’appui (DLA).
(Leonor Hubaut avec Nicolas Gros-Verheyde)