Le samedi dernier à 7 heures, l’agence locale de la Banque Malienne de Solidarité à Kidal à été frappée par un attentat-suicide à la voiture piégée. Des sources parlent de plusieurs morts notamment deux casques bleus sénégalais ainsi que des blessés graves. Une grande partie du bâtiment abritant le siège de la BMS a été détruite au cours de la déflagration qui a également endommagé plusieurs véhicules. L’attentat a été revendiqué par un jihadiste malien du nom de Sultan Ould Badi. C’est la deuxième fois en un peu plus de deux mois que l’agence de cette banque est attaquée. Une enquête a été aussitôt ouverte. Une situation qui en dit long sur la grande confusion qui règne à Kidal.
Le cerveau de l’attaque à la voiture piégée contre l’agence locale de la Banque Malienne de Solidarité (BMS), est désormais connu. Il s’agit d’un jihadiste malien répondant au nom de Sultan Ould Badi. Membre influent du mouvement pour l’unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest, il a à ce titre participé à plusieurs attaques terroristes notamment à Gao et Tessalit. Issu de familles arabes et touareg du nord du Mali, il a surtout brillé dans le rapt d’otages occidentaux pour les revendre à des groupes islamistes armés. Il a rejoint les rangs d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) où il fut à un moment proche d’un de ses dirigeants, l’Algérien Abou Zeïd, tué au début de l’intervention française dans le massif des Ifoghas lors de la traque contre les jihadistes, menée par les armées française et tchadienne. Il a par la suite créé son propre petit groupe dénommé la Katiba Salah Dine qui avait siégé à Gao sous l’occupation.
Bien que des victimes soient tombées, aucun bilan clair de cette attaque n’a été encore établi. En effet, de sources officielles, on dénombre 3 morts, dont deux dans les rangs des casques bleus sénégalais de la MINUSMA et le kamikaze ainsi que plusieurs blessés parmi les éléments de l’armée malienne dont certains grièvement. Au même moment d’autres sources parlent de 3 casques bleus sénégalais de la MINUSMA et un militaire malien tués au cours de cette attaque. Le bilan pourrait s’alourdir, car plusieurs blessés graves ont été enregistrés.
Cette attaque a été menée à l’aide d’un pick-up bourré d’explosif, qui a foncé sur le barrage de sécurité gardé par des soldats maliens et d’autres Africains de la force de maintien de la paix de l’ONU. La déflagration était si puissante qu’elle a détruit une grande partie du bâtiment abritant la banque et endommagé deux véhicules. Une source renseigne par ailleurs que ce sont trois pick-up qui sont entrés en même temps dans la ville. Un seul a explosé et les deux autres sont toujours dans la nature.
Plusieurs dirigeants du monde ont fermement condamné ce crime et promis qu’il ne restera pas impuni. Il y a lieu de rappeler que cette situation intervient au moment où l’armée française a déclenché une vaste opération dans le septentrion malien pour débusquer les dernières caches des jihadistes encore retranchés dans cette partie du territoire. Signalons aussi que cette attaque meurtrière survient au moment où les groupes armés du nord du pays ont annoncé la suspension unilatérale des négociations sur la mise en œuvre de l’accord préliminaire de Ouagadougou. C’est dire combien la situation dans la ville de Kidal reste toujours tendue et confuse. On ne sait plus qui contrôle quoi. Les groupes armés sont donc fortement interpellés, car ce sont eux qui affirment toujours avoir le contrôle de la ville alors que l’armée régulière malienne est toujours cantonnée dans sa base. Signalons que c’est la seconde fois en un peu plus de deux mois, que le siège de la BMS de Kidal est attaqué. En octobre dernier, une attaque à la grenade a été lancée au même endroit par des éléments du MNLA sans faire de victimes. Rappelons que le 2 novembre dernier, deux journalistes français ont été enlevés puis exécutés dans la région de Kidal.
Le 28 novembre dernier l’avion du premier ministre malien, Oumar Tatam Ly a été empêché d’atterrir et le 15 septembre dernier le convoi qui transportait le ministre de la Réconciliation et du Développement des régions du nord, Cheick Oumar Diarra, accompagné de son homologue de l’administration territoriale, Général Moussa Sinko Coulibaly et celui en charge de la sécurité intérieure, Général Sada Samaké a été pris à partie. Sans un désarmement et un cantonnement complets de ces groupes armés, la situation de Kidal restera toujours confuse.
Faut-il rappeler que malgré tous ces crimes commis dans cette ville, aucune enquête sérieuse n’a permis de mettre la main sur les véritables auteurs, même s’ils sont identifiés. Quel imbroglio !