* Le poids de l’argent
* L’utilisation des moyens de l’Etat
* L’intrusion du religieux dans la politique
IBK ne pouvait s’imaginer combien son dernier séjour à l’extérieur avait paru long pour les candidats au second tour de son parti le RPM. De retour de son périple européen, le président IBK a été assiégé par le RPM, les candidats ayant pris l’option de miser sur l’argent pour gagner le second tour des élections législatives. Des informations concordantes dont le parti disposait lui donnaient perdant ou très menacé dans bien des localités où il était en compétition au second tour. Selon nos sources, le président de la République soucieux d’engranger une majorité confortable à l’Assemblée nationale n’aurait pas lésiné sur les moyens : 800 millions auraient été mis à la disposition du parti pour gagner dans les circonscriptions où il est dans la course. Le parti présidentiel aurait mis 10 à 15 millions par circonscription partout où un candidat Rpm est au second tour. Le résultat est probant, le RPM obtient environ 57 élus contre environ 20 élus pour l’Adema et 17 élus pour l’Urd, selon les premières tendances.
Le poids de l’argent
Ce dimanche 15 décembre sera retenu dans les annales de l’utilisation massive de l’argent dans l’achat des voix. L’utilisation de l’argent aura atteint une proportion inégalée. Selon plusieurs témoignages dont ceux d’agents électoraux, l’argent a été utilisé pour acheter non seulement des voix, mais aussi des présidents de bureaux et même des centres de vote. « Avec 100 000 FCFA on pouvait se payer les services d’un bureau de vote. C’est au président du bureau de vote de convaincre les autres membres du bureau en leur proposant de l’argent. L’argument généralement utilisé est que ces hommes politiques ont juste besoin de vous pour les élections, après on vous oublie, alors autant en profiter », explique le représentant d’un candidat en commune II, qui affirme avoir utilisé la même méthode, et avoue qu’il a été totalement submergé et impressionné par la masse financière utilisée par le candidat du RPM qui avait de loin plus d’argent que le sien. Selon un observateur, près de 60 % des votes a été motivé par l’argent lors de ce second tour des élections législatives en commune II.
Le fils du président Karim Kéita en serait une illustration parfaite. « Les électeurs étaient interceptés s’ils n’étaient pas transportés jusqu’au centre de vote, et ont voté contre l’argent », explique un autre témoin. En définitive, si la biométrie a amélioré le vote en réduisant le vote multiple et le bourrage des urnes, l’argent en revanche, a joué un rôle décisif à l’issue de l’élection, en mettant en péril la démocratie malienne. Dans certaines circonscriptions de l’intérieur du pays, des commerçants et hommes d’affaires ont été mis à contribution pour détourner le vote des pauvres électeurs, démunis et en mal d’éducation à la citoyenneté. Comme en commune II, à Koulikoro où le beau père du fils du président était candidat, les mêmes causes ont produit les mêmes effets. Isaac Sidibé et Labasse Kane sur la liste Rpm ont été élus haut les mains face à une liste Mpr-Parena.
Moyens de l’Etat et l’intrusion du religieux dans la politique
A Yélimané, le RPM a été terrassé malgré les pressions exercées et les manigances d’Etat. La liste Adema-Urd obtient 51,91% soit 21 584 voix contre 48,09 % soit 19 998 voix pour la liste RPM-Um-Rda. Mahamadou Hawa Gassama (Urd) et Ahmada Sougouna (Adema) soutenus par les candidats malheureux du premier tour, Bakary Traoré et Massiré Ly, remportent la victoire face à Bassirou Konté (Um-Rda) et Mahamadou Mady Kandé Traoré (RPM) avec 1586 voix d’écart, selon nos sources à Yélimané. Dans cette ville, la base des candidats présumés élus, est sur l’alerte pour que nul ne puisse tenter de voler sa victoire. Cette base croit en la complicité de l’Etat, depuis les pressions exercées par un ministre du RPM (le ministre des Maliens de l’Extérieur) qui s’est déplacé à Yélimané pour y battre campagne. A cela s’ajoutent la fermeture par le gouvernement de la radio du candidat de l’Urd, Mamadou Hawa Gassama, et les pressions religieuses des leaders religieux sur les musulmans du cercle de Yélimané. Dans cette circonscription, indiquent les observateurs, c’est à la fois l’utilisation des moyens de l’Etat (abus de pouvoir par la fermeture d’une radio du candidat adverse) à des fins électoralistes et l’intrusion du religieux dans la politique (pressions des leaders sur les fidèles pour qu’ils votent dans tel ou tel sens) qui étaient perceptibles.
A Nioro du Sahel où la liste Adema-Parena a perdu devant celle du Rpm-Mpr-Adp Maliba, tous les moyens de pressions et d’achat de vote auront été utilisés avec des distributions d’huile, de riz et de sucre aux électeurs, en plus du rôle décisif joué par l’argent.
B. Daou