Selon des sources bien introduites, le nouvel homme fort du Mali, Ibrahim Boubacar Keita, pour permettre à la justice de faire son travail en toute indépendance serait sur le point de se débarrasser de tous les ministres et de ses collaborateurs pro-putschistes dont le juge aura besoin pour conduire son instruction.
Ils sont nombreux les officiers, hommes de rang et hommes politique, qui sont sortis de l’ombre à la faveur du coup d’Etat du 22 mars 2012 qui a mis fin au régime de Amadou Toumani Touré. Une mutinerie née de la « mauvaise gestion » de la crise du nord par ATT, dans la ville garnison de Kati et qui s’est vite transformée en renversement du pouvoir.
En effet, bien qu’étant un crime imprescriptible au Mali, ils sont nombreux les hommes politiques maliens, soldats et officiers de l’armée nationale à avoir applaudi des pieds et des mains ce coup d’Etat qui a fait effondrer l’Etat et renverser les institutions de le République à seulement quelques semaines de la fin du second mandat constitutionnel d’ATT.
Du coup, sans tenir compte de la situation dans laquelle ce coup d’Etat a précipité le Mali, voilà que des regroupements pro-putschistes sont créées regroupant des hommes politiques bien connus de l’échiquier politique national qui n’ont pas hésité à s’afficher aux cotés des putschistes de Kati : il s’agit entre autres du MP 22, de la Copam …
Des regroupements qui comptaient des hommes politiques tels qu’Oumar Mariko, Younouss Hamèye Dicko….
En plus de ces hommes politiques qui ont élu domicile à Kati au lendemain du coup d’Etat, il faut compter des officiers de l’armée malienne dont Gal Yamoussa Camara, chef de cabinet du ministère de la sécurité et de la protection civile (sous ATT) qui occupera le portefeuille de la Défense et des Anciens Combattants sous la transition, Moussa Sinko Coulibaly, de l’école de maintien de paix Alioune Blondin Beye, parachutera au département de l’administration du territoire, Abdoulaye Koumaré qui deviendra ministre de l’équipement et des transports…. Nombreux sont les officiers de l’armée malienne qui ont rejoint les putschistes et ont bénéficié des grâces de la « Rue-publique » de Kati pendant la transition.
IBK et la Junte : un divorce doux !
Ibrahim Boubacar Keita, lors de la campagne de la présidentielle a toujours clamé sur tous les toits qu’il a été le premier homme politique à condamner le coup d’Etat du 22 mars. Pourtant, ces liens avec cette même junte sont compromettants à plus d’un titre. Car, nombreux sont ceux qui témoignent avoir aperçu IBK à Kati. Certains indiquent même que les putschistes auraient proposé le poste de « Premier ministre pleins pouvoirs » à IBK. Une offre que ce dernier aurait poliment déclinée avant de se consacrer à sa campagne. Une campagne au cours de laquelle, Ibrahim Boubacar Keita a bénéficié d’un large soutien de la part des militaires de la ville garnison de Kati. On affirme même que l’homme fort du moment a bénéficié d’une campagne, en bonne et due forme, dans les casernes à la solde du désormais Général Amadou Haya Sanogo qui, depuis quelques jours est inculpé à l’école de Gendarmerie à Faladié pour sa responsabilité dans la rocambolesque affaire dite des bérets rouges. Une affaire qui constitue aujourd’hui la pomme de discorde entre IBK et ses amis d’hier.
Car, IBK semble déterminé à redorer l’image du Mali sur beaucoup de plans : notamment, la justice, la lutte contre l’impunité, la corruption, la restauration de l’autorité de l’Etat, faire revenir la force à la loi avec son application. En un mot, être le président de tous les Maliens et faire du Mali un véritable Etat de droit. Comme promis lors de sa campagne.
Et déjà, selon certaines sources, il existe un climat délétère et de méfiance entre IBK et ses collaborateurs pro-putschistes (ministres, proches collaborateurs, etc…) depuis l’inculpation de leur mentor, le Général Amadou Haya Sanogo. Celui-là même qui leur a permis de sortir de l’ombre et à qui ils doivent tout.
Or, dans cette affaire dite des bérets rouges, nos sources indiquent que nombreux sont les officiers pro-putschistes qui doivent être entendus par le juge Yaya Karembé en charge de l’affaire. Et parmi eux, certains proches collaborateurs d’IBK lui-même. D’autres seraient déjà interdits de voyage. Pendant que certains auraient déjà pris la tangente.
Et c’est vraisemblablement pour mettre fin à cette situation qui peut empêcher la justice de faire son travail en toute indépendance que IBK serait sur le point de se débarrasser de ses ministres et collaborateurs pro-putschistes afin qu’ils puissent répondre au juge dans la conduite de son instruction. Une démarche qui lui permettra de caser dans le nouveau gouvernement certains de ses soutiens politiques, qui piaffent d’impatience à occuper un fauteuil ministériel. Surtout que nombreux d’entre eux ont encore mordu la poussière lors des récentes législatives.
Les jours à venir nous édifieront davantage, mais ce qui reste évident est que de nombreuses têtes vont tomber dans cette rocambolesque affaire dite des « bérets rouges ».
Georges Diarra