Pendant la colonisation comme aujourd’hui, la présence française au Mali, ne vise qu’à défendre ses propres intérêts. La France a toujours établi sa coopération de sorte à préserver un avantage stratégique. Les autorités françaises n’hésitent pas à « tout mettre en œuvre » pour arriver à leurs fins tout en prétendant se soucier des problèmes du pays avec lequel, elles entretiennent des relations diplomatiques.
L’intervention de la France dans le nord Mali à travers l’opération Serval a été saluée par la majorité des Maliens face à l’invasion par une horde de jihadistes et de terroristes en complicité avec le MNLA. Elle a permis d’arrêter leur progression vers le sud du pays.
Grâce à elle et avec le soutien de la Mission d’Intervention pour le Soutien au Mali (MISMA) sans oublier le Tchad, le Mali a pu recouvrer une bonne partie des 2/3 de son territoire occupé en janvier 2013.
En plusieurs occasions, le Peuple malien par la voie de ses autorités, a exprimé et réitéré sa profonde gratitude au Peuple français.
Cependant, cette intervention française saluée hier, est aujourd’hui beaucoup décriée par la plupart des Maliens à cause de la situation qui prévaut depuis un certain temps à Kidal, seule région restée non libérée.
La France qui, au niveau de la communauté internationale tient le rôle de leader sur cette question du nord pour avoir été à l’origine de plusieurs initiatives dont des résolutions de l’ONU et la table ronde des bailleurs de fonds de Bruxelles, est aujourd’hui accusée à juste raison d’être en connivence avec le MNLA dans tous ses agissements.
Il faut dire qu’au moment où le MNLA prenait les armes contre les paisibles populations du nord Mali, certains de ses dirigeants les plus influents avaient trouvé refuge en France. Et c’est sur les chaines nationales françaises qu’ils inondaient le monde de leurs versions subversives pour préparer leur action criminelle au nord du Mali.
En plus, sur le terrain, le jeu de la France est loin de rassurer les Maliens en ce sens qu’il n’est pas clair. La force Serval s’était opposée à la présence des militaires Maliens à Kidal après Gao et Tombouctou pour de soi disant « raisons stratégiques ». Ainsi, les forces armées et de sécurité maliennes ont dû attendre une « autorisation » de Serval pour accéder à Kidal ; ce qui est une violation de la souveraineté du Mali. Dès lors, on comprend aisément que la France foule au pied la souveraineté du Mali tout en se disant respectueuse des principes de non-ingérence dans les affaires internes des pays amis et partenaires.
Il faut ajouter que l’ancien Ambassadeur de la République française Christian Rouyer a plié ses bagages du Mali dans des conditions assez bizarres. Gilles Huberson qui l’a remplacé en Avril dernier, semblerait être selon nos sources, une personnalité impliquée dans différentes affaires de libération d’otages français dans le monde.
Sa nomination au Mali ne serait-elle pas en rapport avec les priorités stratégiques actuelles des autorités de son pays au Mali ?
Un membre du MNLA parlant de Gilles Huberson Ambassadeur de la France au Mali n’aurait-il pas affirmé qu’avant les pourparlers d’Ouagadougou, c’était lui qui était chargé de leur apporter les appuis nécessaires pour satisfaire certains de leurs besoins.
Francis Simonis un grand Universitaire français, plusieurs fois, s’est indigné sur la nature des rapports entre son pays et le MNLA. Pour cette raison, il a été victime de pressions et de chantages. Il estime que d’une part, la France veut caresser le MNLA et d’autre part, elle tient à sauvegarder ses liens historiques avec le Mali.
M. Simonis en séjour au Mali, s’apprêtait à donner une conférence mardi dernier à l’Université de Bamako : sujet « la France et le MNLA ». Elle a été annulée pour des raisons de sécurité dit-on. M. Simonis lui-même estime que dans la décision d’annulation de cette conférence, l’ambassadeur de France au Mali est pour quelque chose.
En répondant à une question sur une chaine de télévision française en rapport avec les contacts entre la France et le MNLA, une personnalité malienne n’aurait-elle pas répondu que plus que des contacts, les autorités maliennes sont au courant de « tout » ce qui se passe dans les coulisses.
La déclaration de Jean Yves le Drian Ministre français de la défense consistant à dire que la France n’oublie pas qu’elle a des otages dans la région de Kidal ne traduit-elle pas la principale préoccupation qui empêche toute fermeté vis-à-vis du MNLA ? Le Professeur Francis Simonis, nous a confié lors d’une interview que l’objectif de la France d’installer une base militaire à Tessalit, est aujourd’hui atteint officieusement. Si le Mali n’a pas encore recouvré son intégrité territoriale, il faut se demander si derrière les motifs officiels de l’intervention française à Kidal, il n y avait pas de motifs officieux qui n’ont pas été déclarés, estime Francis Simonis.
La France aurait-t-elle passé un accord tacite avec le MNLA pour partager les richesses souterraines dans cette zone ? La part d’obligation du gouvernement français consisterait-elle à mettre la pression sur le gouvernement malien pour imposer un statut de Kidal qui soit favorable au MNLA ?
Les déclarations des hautes autorités françaises sur la question de Kidal, mettent à nu des contradictions notoires. D’un coté, elles disent que le gouvernement malien est libre et indépendant pour mener la politique qu’il veut à Kidal et de l’autre coté, elles exigent des négociations avec le MNLA.
Il est incompréhensible que malgré la présence de la MINUSMA et de la Force Serval, le gouvernement malien n’arrive pas encore à exercer son autorité, ne serait ce que dans la ville de Kidal. Des Ministres y ont été lapidés et le Premier ministre empêché d’y accéder. Quel est le rôle des forces des Nations Unies et de la France si elles sont incapables de sécuriser une petite ville comme Kidal ?
Il est évident que tant que le MNLA n’est pas désarmé, démobilisé et cantonné conformément à l’accord du 18 juin d’Ouagadougou, il sera impossible de parler d’une quelconque sécurité à Kidal. Et c’est là aussi que la France doit montrer sa bonne volonté en apportant l’appui multidimensionnel nécessaire pour arriver au respect de ces termes de l’accord.
Tout porte à croire que le problème du MNLA est beaucoup plus politique que militaire. Il faudrait même se demander si le MNLA existe.
Il est temps que les autorités françaises revoient leur copie sur la question de Kidal parce qu’une chose est sûre, elle ne saurait encore durer très longtemps sans susciter de vives contestations populaires aux conséquences imprévisibles.
Ousmane DAO