Le député élu d’Abeïbara, HamadaAg Bibi, ancien rebelle du Haut conseil unifié de l’Azawad (HCUA), porte-parole de la défunte Alliance du 23 mai 2006, séjourne à Bamako depuis plusieurs jours. Nous l’avons rencontré dans un hôtel huppé de la place, dans l’après-midi du vendredi 21 décembre. Calme comme à l’accoutumée, enturbanné dans la pure tradition targui, Hamada Ag Bibi soutient qu’il « faut la paix ». Suivez plutôt notre entretien.
22 Septembre : Honorable Ag Bibi, vous êtes à Bamako, j’allais dire au Mali, pour quoi faire ?
Ag Bibi : Tu es un provocateur. J’ai lu tous tes articles. Vraiment maintenant, il faut nous aider à réussir la paix. Je suis à Bamako, capitale de mon pays, le Mali. Je suis Malien et je n’ai jamais demandé l’indépendance. Je suis un partisan de la paix. Tu me connais, je ne suis pas un va-t-en guerre. Depuis le déclenchement des hostilités, je n’ai fait aucune déclaration officielle si ce n’est à Ouagadougou où je faisais partie des négociateurs. Tu sais que j’ai tout fait pour empêcher cette rébellion mais le pouvoir d’alors n’a pas pris les choses au sérieux. Ce qui devait arriver est arrivé, irrémédiablement. Depuis, la situation a évolué en dents de scie. Avec l’Accord de Ouagadougou, le chemin a été balisé pour la tenue de la présidentielle, les législatives également ont été organisées.
Pourtant, l’indépendance faisait partie de vos revendications ?
Certains en ont parlé, mais moi, je me suis toujours opposé à cette velléité indépendantiste. Le négociateur en chef de l’Etat du Mali, Tiébilé Dramé, en sait quelque chose. Au cours des négociations, la délégation malienne m’a même demandé amicalement de rejoindre son équipe. C’est pour vous dire qu’au-delà de ma personne, qui est infime par rapport au groupe, tout le monde souhaite aujourd’hui le retour définitif de la paix
Qu’est ce qui bloque alors la paix ?
Nous voulons la paix, nous travaillons pour la paix, nous sommes résolument engagés en faveur de la paix. Nous souhaitons la reprise rapide des négociations parce que le statu quo n’arrange personne. Il faut vite aller aux discussions inclusives pour parvenir à un accord global, définitif de sortie de crise.
Le Président IBK ne veut plus parler avec des hommes armés, qu’en pensez-vous ?
Les propos d’IBK sont hautement politiques, ils sont donc compréhensibles et la solution du désarmement est entre ses mains. Il s’agit, de mon point de vue, de poursuivre les dispositions de l’Accord de Ouagadougou en cantonnant les hommes armés qui attendent toujours. Ce processus n’est pas achevé. En cantonnant tout le monde, c’est un début de désarmement. Sur ce point, l’Etat du Mali, la MINUSMA et la Commission technique mixte prévue par l’Accord sont interpellés pour accélérer les choses.
Vous êtes prêts pour la paix braves ?
Absolument ! La volonté politique y est et les différents mouvements sont disposés à déposer les armes, à retrouver une vie normale, à réintégrer le tissu social, économique et politique.
Vous, vous avez déjà intégré le tissu politique avec votre élection sur liste RPM ?
C’est vrai que je suis réélu député parce que je suis membre du parlement sortant. Nous donnons l’exemple et nous souhaitons que tous reviennent pour contribuer au développement du pays, chacun dans son domaine. Je sais que les Maliens que nous sommes sont tous tolérants et tiennent à l’unité du pays comme à la prunelle de leurs yeux. Nous devons donc travailler dans cette perspective. Pour notre part, nous y sommes et nous continuerons pour que le Mali reste un et indivisible, pour que le nord aussi bien que le sud puissent réaliser d’importants progrès pour l’épanouissement de nos compatriotes.
Entretien réalisé par Chahana Takiou