Les pouvoirs publics ont besoin de la presse pour inciter les populations à adhérer au processus en vue d’instaurer une paix durable dans le pays. La presse est consciente de l’importance de son rôle dans le processus de réconciliation nationale. Et elle ne cesse de multiplier les initiatives pour accompagner le gouvernement dans la réalisation de ce processus qui vise l’instauration d’une paix durable dans notre pays. La Maison de la presse, en collaboration avec l’Union des radios télévisions libres (URTEL) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), a organisé les 19 et 20 décembre un atelier sur la place et le rôle des journalistes dans le processus de réconciliation nationale.
Après deux décennies de démocratie et de stabilité politique saluées à travers le monde, notre pays a connu un coup d’Etat militaire le 22 mars 2012. Cet événement, fortement dénoncé par la communauté internationale, a facilité la conquête du nord par des groupes armés et plongé le Mali dans une crise politique, institutionnelle et sécuritaire sans précédent.
En mesurant l’ampleur de cette crise multidimensionnelle qui a fragilisé le tissu social, les autorités de la transition ont jugé nécessaire de créer une Commission dialogue et réconciliation, devenue par la suite Commission vérité, justice et réconciliation. Cette commission va, selon son secrétaire général Mamadou Diakité, entreprendre un vaste programme de communication pour rendre visible ses activités et inciter les populations à soutenir la politique de réconciliation nationale. Il a invité la presse à observer une certaine prudence dans le traitement de l’information. « La liberté d’informer n’est pas illimitée. Elle doit tenir compte de la situation du pays », a-t-il estimé, en demandant aux médias de contribuer à l’apaisement. Mamadou Diakité a évoqué la nécessité pour les populations de privilégier les mécanismes locaux et traditionnels (chefferie, coutumes) pour la résolution des crises au lieu de faire recours uniquement à la police, à la gendarmerie et à la justice.
De son côté, Mohamed Coulibaly, chargé de communication au ministère de la Réconciliation nationale et du Développement des régions du Nord, s’est entretenu avec les participants sur les objectifs et les missions assignés à son département. Il a souligné que son ministère œuvre à instaurer une paix durable et la cohésion sociale à travers le dialogue et les négociations ; organiser le retour des réfugiés et promouvoir la croissance économique.
Le ministère de la Réconciliation nationale et du Développement des régions du Nord se charge également de la relance de la croissance économique ; de la reconstitution des services de base et du suivi des relations avec les gouvernements étrangers. « Nous n’avons pas de services décentralisés. Nous menons des actions transversales (Assises nationales sur le Nord, Forum régional de Gao) avec les autres départements ministériels et la Commission ». La réconciliation nationale, a-t-il expliqué, implique l’ensemble des populations maliennes, car ses fruits profiteront à toutes les régions du pays. « La clé de la réconciliation se trouve dans la refondation de l’Etat. Il faut un Etat fort pour surmonter les défaillances internes et restaurer la confiance », a jugé Mohamed Coulibaly.
Les autres conférenciers Alexis Kalembry, Mahamane Hamèye Cissé et Sadou Yattara, tous des patrons de presse, ont discuté avec les jeunes journalistes du respect de l’éthique et de la déontologie et du rôle des médias dans le processus de réconciliation nationale en cours dans notre pays.
Le président de la Maison de la Presse, Makan Koné, et Mme Malika Groga-Bada du PNUD ont demandé aux médias de s’impliquer davantage dans ce processus. Ils ont promis d’organiser un atelier du même genre en dehors de la capitale.
La clôture du séminaire a été avancée à cause des obsèques de notre collègue, Mamadou Kaba. En ouvrant les travaux de cette formation, le ministre de la Communication et des Nouvelles Technologies de l’Information, Jean-Marie Idrissa Sangaré, avait fait observer une minute de silence à la mémoire de cet éminent confrère qui s’est battu pour le développement de la presse.