Face à des rebellions récurrentes dans la région de Kidal, qui affectent durement le Mali, la Coordination malienne des organisations démocratiques (Comode) apporte sa contribution pour une solution définitive à la question. Lors d’une conférence débat animée le samedi 21 décembre 2013 à la Maison de la presse par le Pr Ali Nouhoum Diallo et l’ancien Premier ministre Ahmed Mohamed Ag Hamani, la situation a été passée au peigne fin avant de faire des propositions de sortie de crise.
Environ sept mois après la signature de l’accord de Ouagadougou entre le gouvernement malien et les groupe armés du nord, le 18 juin 2013, les choses n’avancent toujours pas dans le bon sens pour le respect de l’intégrité et de l’unicité du Mali. Ce qu’a constaté amèrement la coordination malienne des organisations démocratiques. Les conférenciers ont déploré l’application de cet accord du 18 juin par une seule partie. Car, au moment où les prisonniers de guerre ont été libérés et les mandats d’arrêt internationaux levés contre les présumés auteurs de crimes au nord, les rebelles du Mnla devraient être cantonnés et désarmés. Mais, jusqu’à présent, la région de Kidal échappe au contrôle du pouvoir central de l’Etat car le Mnla se pavane librement à Kidal et continue à mettre en cause l’unicité de notre pays. Pour eux, cette situation est inadmissible et intenable.
Dans son explication, l’ex-Premier ministre, Mohamed Ag Hamani, Touareg de souche, a, après avoir retracé l’historique des quatre générations de rébellions qu’a connues notre pays, souligné que ces rébellions sont le fait d’une petite élite politico-militaire sans légitimité. « Ils se sont imposés lors des révoltes, mais jamais mandatés par les populations dont ils s’autoproclament porte-paroles. La majorité des Touaregs ne cautionne ni n’approuve leurs revendications et la lutte armée », a précisé Ahmed Mohamed Ag Hamani. Les touaregs sont hostiles à ce projet indépendantiste car ils sont les premières victimes de ses velléités. Par conséquent, toutes les milices doivent être exclues des négociations, désarmées au profit des représentants légitimes de toutes les régions du nord. Partant, il a rendu publiques les propositions de sortie de crise de la Comode, qui s’articulent autour de 10 points. Il s’agit de se départir de l’idée fausse et nuisible d’une rébellion de tous les Touaregs ; de démanteler toutes les milices armées à caractère ethnique ou régionaliste ; revoir les acteurs de dialogue en incluant les élus locaux, les chefs traditionnels et religieux, les notables et leaders d’opinions ; impliquer l’ensemble des collectivités décentralisées dans la gestion de la crise et de l’après crise en transférant les compétences et les ressources nécessaires à cet effet.
A cela s’ajoutent la communication forte sur ces questions et celles relative au retour des déplacés et réfugiés ; la poursuite en justice de toute personne ayant commis des fautes graves durant le conflit, exclure la prime à la rébellion par des intégrations systématiques des combattants armés, intégrer dans la recherche de solution, la crise de leadership et de chefferie dans la région de Kidal et coopérer avec les pays du champ et la communauté internationale
Cette conférence était très riche en termes de ressources humaines, les débats ont été parfois houleux. Ceux qui optent pour une sortie de crise à travers le dialogue et la diplomatie, et ceux qui préfèrent la manière forte, les armes pour résoudre le problème.
Pour sa part, l’ex-Premier ministre Soumana Sako a laissé entendre que contrairement à ce que certains veulent faire croire aux Maliens, la crise que le pays vit n’est pas un conflit entre le nord et le sud. C’est plutôt un conflit entre le Mali et quelques apatrides qu’il faut neutraliser. Contrairement à l’imaginaire populaire, le Général Moussa Traoré a, lui aussi, bel et bien négocié avec ces rebelles, a-t-il déclaré. Partant, pour la résolution de la rébellion, il préconise le démantèlement de la famille féodale du « Vieux » Intala et la neutralisation d’Iyad Ag Ghaly.
S’agissant d’Amadou Seydou Traoré, communément appelé Amadou Djikoroni, il déplore le laxisme de l’Etat car le Mnla ne contient rien, c’est une coquille vide. Selon lui, le Mali est en train de se noyer dans un crachat. Sinon, dira-t-il, les première rébellions ont été réglées par 84 hommes armés. Il ne comprend donc pas pourquoi nous trainons le pas pour gérer cette crise.
Quant à Tiébilé Dramé, il voit la question sous un autre angle. Dans son argumentaire, il préfère une solution négociée de façon diplomatique. Car il estime que l’armée ne serait pas prête à mener l’assaut final que nous voulons tous.
Oumar KONATE