Politique
Mali : à l’école du wahhabisme
Publié le lundi 23 decembre 2013 | Jeune Afrique
|
© aBamako.com par mouhamar
DECORATION : Le Pr. John STAATZ fait Officier de l`Ordre National du Mali Bamako, le 23 novembre 2013: le Président Ibrahim Boubacar KEITA a élevé à la dignité d`Officier de l`Ordre National du Mali M. John STAATZ, Professeur émérite d`économie agricole à la Michigan State University, aux Etats-Unis d`Amérique. |
Vos outils
Vidéos

- 13/11/2013
Dans le dossier
|
Progressivement, qu'il soit wahhabite ou salafiste, le sunnisme réformé fait école au Mali. Grâce aux subventions extérieures mais aussi à la déshérence de l'État. Enquête.
À Bamako, on appelle cet endroit "le chantier de Banconi", du nom du quartier populaire qui a poussé dans les faubourgs dans les années 1970. On y trouve un groupe scolaire, un centre de santé, une mosquée ultramoderne, un immeuble de quatre étages dont l'entrée est protégée par des gardes et un portique de sécurité, et, enfin, le siège social d'Ançar Dine (qui n'a rien à voir avec Ansar Eddine, l'organisation de Iyad Ag Ghaly), l'association fondée par le maître des lieux, Chérif Ousmane Madani Haïdara, l'imam le plus célèbre du Mali.
Haïdara, que certains surnomment le Mouride malien et que ses fidèles appellent Nyemogo ("le Guide"), est considéré comme "la principale alternative islamique" au wahhabisme et comme "l'ennemi historique des sunnites réformés" (l'autre nom donné aux wahhabites ainsi qu'aux salafistes), selon Gilles Holder, chercheur au Centre d'études africaines (CEAf).
Au Mali comme dans toute la sous-région, l'avancée d'un islam rigoriste venu de la péninsule Arabique ou d'Égypte et qui ne veut voir qu'hérésie dans les confréries et les ancestrales pratiques maraboutiques semble irréversible.
Selon Holder, Haïdara lui-même est un réformiste, mais il reste fidèle au malékisme et revendique un islam intégré à la culture ouest-africaine. C'est d'ailleurs en bamanankan qu'il prêche chaque année dans le stade Modibo-Keïta, devant des dizaines de milliers d'adeptes. "Nous sommes pour le soufisme, pour un islam tolérant, affirme-t-il. Nous sommes contre le wahhabisme."
L'homme est simple, sans langue de bois. Il accuse ceux qui défendent le wahhabisme à Bamako d'avoir "des liens" avec les groupes islamistes armés qui sévissent dans le Nord-Mali, de prôner la violence et de vouloir imposer la charia. Celui qui revendique 1,2 million de fidèles à travers le monde soutient que les wahhabites ne représentent que 10 % des musulmans maliens - un chiffre impossible à vérifier et que l'autre camp conteste -, mais il doit bien admettre qu'ils sont "de plus en plus nombreux".
... suite de l'article sur Jeune Afrique
Commentaires