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Ports de Dakar et de Conakry : La CEDEAO fait bloquer du matériel militaire malien
Publié le lundi 16 juillet 2012   |  Le Procès Verbal


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© Autre presse par DR
Ports de Dakar et de Conakry


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La CEDEAO entend garder la haute main sur les affaires publiques maliennes jusqu’à la fin de la crise que traverse le pays. Ayant appris que l’armée malienne se préparait à engager, seule, les hostilités pour déloger les rebelles inscrustés au nord du Mali, l’organisation sous-régionale a vu rouge.


Ses chefs d’État ont soupçonné une tentative de la junte malienne de s’émanciper de toute tutelle ouest-africaine et, en cas de victoire militaire, de continuer à régenter la vie politique au Mali, voire de reprendre ouvertement le pouvoir. D’autre part, une reconquête solitaire du nord-Mali par l’armée du pays mettrait en échec les velléités de la CEDEAO de liquéfier l’État central malien au profit d’un système d’autonomie très poussé où les régions du nord verraient leur gestion largement confiée aux responsables du mouvement indépendantiste MNLA. Enfin, la CEDEAO ne fait plus trop confiance aux capacités militaires du Mali dont une offensive solitaire pourrait déboucher sur un échec, susciter une recrudescence du terrorisme dans l’ensemble de la sous-région et entraîner un renforcement des positions militaires des groupes islamistes armés.

C’est pour toutes ces raisons que les pays membres de la CEDEAO appliquent, discrètement, une sorte d’embargo sur le matériel militaire à destination du Mali. Selon des sources bien introduites, une grande quantité de matériel militaire (armes, munitions, etc.) a été commandé par le gouvernement de Cheick Modibo Diarra. Redéployées sur le terrain, avec Sévaré et Markala comme quartiers généraux, les unités combattantes maliennes n’attendaient que ce matériel pour engager le fer contre les rebelles. Comme le matériel est lourd et ne peut être transporté que par paquebots, il devait être réceptionné dans les ports maritimes de Conakry (en Guinée) et de Dakar (Sénégal). « Cela fait un mois que nos armes sont venues à Dakar mais les autorités portuaires multiplient les tracasseries administratives pour refuser de les livrer aux émissaires maliens », nous révèle un officier de l’armée malienne.

Notre source fait état du même problème à Conakry. A ses dires, « le président guinéen Alpha Condé, qui était prêt à accompagner l’effort militaire malien au nord, a retourné sa veste et rejoint le camp de ceux qui veulent contrôler l’action militaire malienne ». Or sans ces armes bloquées dans les ports voisins, l’armée malienne restera en phase d’attente. « Notre plan ne consiste pas à occuper telle ou telle ville occuper mais de lancer une offensive générale et simultanée sur tout le territoire usurpé par les rebelles: il nous faut le matériel de guerre au grand complet », souligne notre source qui estime très dangereuse une attaque prématurée contre les rebelles.

La tête du Premier ministre à prix

Fidèle à sa stratégie de mise sous tutelle du Mali, la CEDEAO souhaite le départ de Cheick Modibo Diarra, le Premier ministre. L’organisation reprend à son compte le réquisitoire dressé par la classe politique contre le chef du gouvernement. Ce dernier est accusé de s’être allié à la junte contre la classe politique, d’avoir écarté la classe politique du gouvernement et de caresser le projet de devenir chef de l’État en mettant la justice aux trousses des hommes politiques comme l’attestent les audits des services publics qu’il a ordonnés. De plus, il est reproché à Diarra de disperser ses efforts dans d’autres tâches alors qu’il a été désigné pour deux missions seulement: reconquérir le nord et organiser les élections futures. Pour ne rien arranger, la CEDEAO reproche à Cheick Modibo Diarra de n’avoir pas demandé officiellement l’intervention de troupes étrangères au Mali, ce qui a conduit au rejet, par l’ONU, de la demande de force internationale déposée par le président de l’Union africaine Boni Yahi. Anticipant sur un départ de Diarra, les négociateurs de la CEDEAO (Djibril Bassolé et autres) ont déserté Bamako depuis belle lurette et élu domicile à l’hôtel où réside Dioncounda Traoré, à Paris. Et c’est à Dioncounda qu’ils

demandent de décréter un nouveau gouvernement ouvert à l’ensemble des « forces vives de la nation ».

Dans ces conditions, Cheick Modibo pourra-t-il sauver sa tête? Il s’y emploie activement. Au cours de son récent périple en Afrique et en France, il a, certes, plaidé pour le déblocage des matériels maliens bloqués dans les ports voisins, mais aussi proposé un gouvernement consensuel qu’il continuerait à diriger. Son message sera-t-il entendu ? Quels ministres seront sacrifiés aux politiciens ? Qui vivra verra…



Tiékorobani

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