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Nouvel an 2014 : Réponse de SEM Ibrahim Boubacar KEITA, Président de la République, Chef de l’Etat, aux voeux de Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement
Publié le mardi 24 decembre 2013  |  Présidence


© aBamako.com par M.M.C
Déclaration du président IBK au lendemain de la confirmation de son élection
Bamako, le 21 Août 2013 au QG de campagne de son parti. Le nouveau président élu s`est adressé à la nation devant la presse nationale et internationale


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Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs les membres du Gouvernement,
Mesdames, Messieurs les collaborateurs du Président de la République,
Mesdames, Messieurs,

Monsieur le Premier ministre, Chef du gouvernement, l’Etat est permanence et continuité : vous le dites en cinq mots clairs et vous avez raison.

Mais la vieille sagesse aussi a raison en disant que bon sang ne saurait mentir. En rejetant la méthode pourtant très utilisée sous nos cieux de tout mettre sur le dos du prédécesseur, voilà que vous reconnaissez et saluez le travail de l’équipe de transition. C’est de toute noblesse et de toute délicatesse de votre part et je n’en suis pas surpris.

Je voudrais à mon tour, saluer une fois de plus mon aîné le Professeur Dioncounda Traoré, président par intérim de la Transition, et Monsieur Django Cissoko, son Premier ministre, ainsi que tous leurs collaborateurs pour le travail accompli dans la sérénité, l’abnégation et l’amour du Mali.
Monsieur le Premier ministre, à juste raison, vous évoquez aussi la feuille de route élaborée par le gouvernement de transition.

Elle avait deux objectifs : la reconquête de l’intégrité territoriale de notre pays et ensuite le plein rétablissement de notre processus démocratique par des élections présidentielle et législatives.
La présidentielle est passée.

La Cour constitutionnelle statue en ce moment sur les résultats provisoires du second tour des élections législatives.
Toutefois il a fallu, avant, affronter et défaire les forces barbares qui avaient occupé notre septentrion et qui, d’ivresse en ivresse, avaient eu des visées sur le Sud de notre pays.

La communauté internationale nous témoigna alors une solidarité sans précédent.

C’est le lieu de saluer de nouveau et du fond du cœur, François Hollande, président de la République française, pour la promptitude avec laquelle il s’est porté au secours du Mali alors désemparé.
Il l’a fait sans attendre.
Il l’a fait parce que le Mali le lui a demandé.
Il l’a fait parce qu’il a pris la mesure du juste, de la souffrance humaine, et de l’Histoire.

Inversant le cours des choses, l’Opération Serval, appuyée par les Forces armées maliennes et celles, héroïques, du Tchad, de la Misma qui seront plus tard celles de la Minusma, ratissera Gao, Tombouctou et l’Adrar, arrivant en héros à Tessalit.

Depuis, notre pays a recouvré son intégrité territoriale, au prix de sacrifices ultimes de vaillants soldats tchadiens, français, nigériens, nigérians, maliens et, plus récemment, sénégalais.

Que mes frères les Présidents Idriss Deby, Mahamadou Issoufou, Goodlock Jonathan et Macky Sall, également, ainsi que leurs peuples soient assurés, par ma voix, de la reconnaissance éternelle du peuple malien.

Malgré ces hauts faits, toutefois, la feuille de route reste actuelle.
Elle restera actuelle tant que l’Etat malien n’aura pas le plein contrôle de la Région de Kidal, que son autorité s’y exerce, avec sa souveraineté et sa dignité contestée par une minorité de rebelles.
Et pas, la nuance est capitale, par la majorité des Touareg, encore moins des autres composantes ethniques de nos Régions Nord.
Contrairement à ce qui a pu se dire ça et là, le Mali ne remet pas en cause l’accord du 18 juin 2013.

Mieux, je suis conscient que c’est cet accord qui, par le biais d’une élection présidentielle sur l’ensemble du territoire, a permis le rétablissement de la légalité et la légitimité constitutionnelle pleines.
Donc un pouvoir élu disposant de plus de temps pour régler l’épineuse question du Nord.

La régler par le dialogue, car c’est ce qu’il y a de plus indiqué entre compatriotes, ce qu’il y a de moins coûteux pour un pays qui a plus besoin d’hôpitaux que de cimetières.

Le dialogue, j’y suis donc acquis, dans les conditions que vous savez : intégrité préservée et totale du Mali dans ses frontières internationalement reconnues.

Et à cette fin, j’ai encouragé et j’encourage encore le gouvernement, à ne ménager aucun effort susceptible d’amener nos frères dissidents à la table de négociation, une fois pour toutes, pour une paix durable et bénéfique pour la Région de Kidal, les autres Régions du Nord malien et la nation malienne dans son ensemble.

Il est heureux et significatif, à cet effet, que le gouvernement ait pu tenir, dans des délais aussi brefs, les Etats généraux de la Décentralisation suivies des Assises du Nord.

Les débats et réflexions stratégiques auxquels ces deux événements ont donné lieu balisent, au-delà du Nord, l’avenir institutionnel du Mali, en mettant les citoyens au début et à la fin de toutes les politiques nationales.

Monsieur le Premier ministre,
Mesdames et Messieurs les ministres,

Je voudrais vous féliciter, toutes et tous, pour le bilan obtenu trois mois après la formation du gouvernement.

Vous avez su entendre les messages que nous envoient les citoyens maliens.
S’ils rejettent les actions spectaculaires, ils ne veulent plus de l’impunité.

Toute citoyenne malienne, tout citoyen malien est justiciable. Nul n’est au dessus de la loi. Je l’ai dit et redit.


Il me plaît de vous dire publiquement que le gouvernement a su jusque là convertir ce principe en action.

Tolérance zéro à la corruption, fin des passe-droits et des saufs conduits, il s’agit de ne plus reculer, sans donner, ni dans la chasse aux sorcières, ni dans le sensationnel.

Le renforcement des capacités de notre armée doit continuer. Les périls de notre espace ne nous laissent pas d’autre choix. Et si une coordination régionale est indispensable pour mieux lutter contre les nouvelles menaces de l’espace sahélo-saharien, seule une réponse nationale de qualité est le gage sûr d’une politique de défense et de sécurité.

Ce faisant, la construction d’une armée républicaine inclusive est impérative et il ne viendrait à l’esprit de personne de sous-estimer cette urgence.

Nos partenaires bi et multi latéraux, en particulier l’Union européenne, doivent être salués, ici, pour leur partenariat dans le chantier d’une armée malienne républicaine et au point.

La reprise des relations avec les partenaires techniques et financiers en 2013 est aussi une action à saluer.

Je tiens, comme vous le savez à l’amélioration continue du cadre économique. Sans cet équilibre, rien de durable ne peut être entrepris.

Il va de pair avec un secteur privé vibrant, une fonction publique mue par la préservation de l’intérêt général et un système d’intégrité public pour que les recettes augmentent, pour qu’elles soient prévisibles et gérées en toute transparence.

Le confort des populations maliennes doit rester votre objectif, Monsieur le Premier ministre.

L’eau et l’électricité ne sont pas un luxe. Tout le monde ne peut pas les avoir tout de suite. Mais notre honneur c’est de faire en sorte que l’accès à ces commodités se démocratise et que dans un horizon bref, le maximum de nos compatriotes soit servi.

Il en est de même pour les routes et le logement, le tout en observant une politique environnementale et d’assainissement appropriée.

Bamako est une ville sale, loin de cette merveilleuse perle du Sahel qu’a chanté Fodéba Keïta, dans les années 50. Je ne tolérerai pas la persistance de cette honte. Et je vous en tiendrai personnellement responsable, Monsieur le Premier ministre.

En ce qui concerne l’agriculture, il vous souviendra que j’ai promis de re-faire du Mali le grenier de l’Afrique de l’Ouest.

Il nous faudra donc aller au-delà des subventions à l’engrais ou aux semences pour construire un système encore plus performant où nos agriculteurs sont valorisés pour leur travail.

Qu’on ne me dise pas que là où le paysan allemand s’achète une Mercedes neuve, le paysan malien restera condamné à recoller, pour la nième fois, la chambre à air de son vélo.

Si c’est une révolution qu’il faut, alors facilitez-là, Monsieur le Premier ministre et je vous suivrai.

Dans le domaine de l’Industrie, nous sommes aussi très loin de la masse critique, en dépit de progrès incontestables sur la durée.

Il en est de même pour le secteur pourtant vital des services.

Le gouvernement devra se surpasser pour que ces secteurs en tension soient vite couverts, permettant par là l’émergence de couches moyennes qui partout sont le moteur du progrès social.

Je veux d’un secteur minier qui rapporte plus à l’Etat sans léser les exploitants.

Je veux d’un secteur éducatif qui rende au Mali sa réputation d’Etat sérieux avec des ressources humaines compétentes et intègres.

Là-dessus, j’encourage les deux ministres à mieux coordonner leurs activités, à travailler en tandem et à proposer les réformes justes et nécessaires que j’appuierai, dans la mesure de ce qui est possible, en étant conscient du caractère stratégique du secteur de l’éducation qu’on ne peut négliger impunément pour sa jeunesse, donc l’avenir, tout l’avenir.

En attendant, je ne souhaiterai pas entendre parler dans quelques mois de sujets fuités ou d’examens achetés. Ce serait intolérable.

Monsieur le Premier ministre

Vous avez parlé de la jeunesse et de son engagement patriotique tout le long de la crise du Nord.

La principale richesse de notre pays réside dans sa jeunesse.

C’est elle qui nous tirera vers le haut.

C’est aussi elle qui peut nous faire sombrer.

Rien n’est au dessus de cette couche qui est au centre de toutes mes promesses.

Pas des promesses démagogiques mais des engagements mesurés, réalisables pour un pays qui accepte de se mettre au travail et de créer ses propres richesses.

Tout ce que le gouvernement fera et qui n’ira pas dans le sens de renforcer les capacités de notre jeunesse sera incomplet.

Tout ce qu’il fera sans retombées sur l’emploi, la formation des jeunes sera vain.
Je vous exhorte à utiliser tous les avantages de la transversalité pour qu’à chaque moment, notre jeunesse se sente valorisée, assistée et mise en orbite, du fait de la synergie de l’équipe gouvernementale.

Parce que les femmes, les hommes, les jeunes du Mali ont tout le ressort, tout le potentiel requis pour se surpasser et pour faire de leur pays un modèle de performance.
La discipline et la rigueur, l’encadrement et les résultats ne sont pas au dessus de nos moyens.
Et s’il vous plaît, faites en sorte que le Mali du football soit au moins une fois champion d’Afrique, à l’instar de son équipe de basket féminin.
C’est faisable. Ce sera bien pour notre moral et c’est faisable.
Car c’est bien sur ces terres que sont nés certains des empires qui ont civilisé le monde.

Monsieur le Premier ministre,

Sans véritablement l’avoir voulu, le Mali s’est vu propulsé sur la scène internationale. Je ne saurais donc terminer mes propos sans vous exhorter à une redynamisation, voire, une refondation de la diplomatie malienne. Il importe en effet que celle-ci soit plus visible, plus forte et plus souveraine, c’est-à-dire plus équilibrée, plus pragmatique, plus en adéquation avec le contexte d’aujourd’hui, débarrassée de toutes les scories qui se justifiaient peut-être à une autre époque et, surtout, qu’elle soit une diplomatie fondant nos relations bilatérales exclusivement sur les intérêts des deux peuples concernés.

Il importe, également, que la diplomatie malienne donne une grande place aux diplomaties économique, parlementaire, culturelle, ainsi qu’à la coopération décentralisée.

A ce titre, je vous instruis la reprise, dans les meilleurs délais, de la tenue régulière des conférences périodiques des ambassadeurs, selon bien entendu un format à redéfinir.

Merci, Monsieur le Premier ministre, bonne année, bonne santé et vous avez ma confiance, toute ma confiance.

A vous aussi, Mesdames et Messieurs les Ministres, bonne et heureuse année
et que Dieu veille sur le Mali !

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