En compagnie de son directeur financier, Moussa Dembélé et de son agent comptable, Soungalo Doumbia, le Président Directeur Général du Pari Mutuel Urbain (PMU-Mali), Idrissa Haïdara, a été interpelé vendredi au pôle économique de Bamako. Pour ses proches, le traitement du dossier laisse croire à un règlement de compte à cause de l’implication personnelle du ministre de la Justice et surtout l’exagération du montant détourné.
Dans le cadre de la lutte contre la corruption, le PDG du PMU-Mali et deux proches collègues ont été convoqués le vendredi 27 décembre au pôle économique pour être placés en garde à vue aux environs de 16 heures. Les enquêtes sont actuellement conduites par le commandant de gendarmerie, Amadoun Traoré. Selon des sources généralement bien informées, c’est le ministre de la justice en personne qui aurait demandé, à travers une lettre signée par son secrétaire général, d’interpeler les responsables du PMU-Mali. L’élément déclencheur de cette décision du ministre serait la sortie médiatique du Vérificateur Général dirigée contre le PM-Mali sur les antennes de notre confrère de RFI.
Les faits reprochés
En effet, dans son rapport de l’année 2012, le bureau du Vérificateur reproche à la direction du PMU-Mali un certain nombre de malversations financières portant sur le montant colossal de 34 milliards de nos francs. Dans le rapport, on parle de mauvaise gestion et de fraudes.
Au titre de mauvaise, le rapport du Vérificateur reproche à la direction du PMU-Mali le montant de 30.709.840.670Fcfa. Il s’agit entre autres : de frais financiers engendrés par les emprunts contractés par le PMU-Mali dont les objets ne correspondent pas à un besoin de financement réel de la société ; de marché conclu avec un imprimeur sans passation de marché ni d’appel à concurrence ; de fractionnement de dépenses ; de paiement indu au titre d’avances et acomptes sur frais de location ; d’achats de carburant pour le personnel et les partenaires de PMU-Mali non soutenus par des décisions ; de décaissement au profit d’un service public non remboursable ou encore de mauvaise imputation comptable. C’est l’ensemble de ces opérations dont la direction du PMU-Mali détient toutes les pièces justificatives, qui correspond au montant de plus de trente milliards.
L’exagération des faits
Concernant les frais engendrés par les emprunts, ce sont les agios sur des prêts contractés au nom de l’Etat. S’agissant du marché conclu avec un imprimeur, c’est le marché d’impression des tickets que graphique Industrie détient pour 10 ans. Alors qu’el besoin d’appel à concurrence ? Pour les paiements au titre d’avance, il s’agit des avances pour la location des locaux qui servent de siège au courses en direct du PMU-Mali. Quant aux décaissements au profit d’un service public non remboursable, il n’est un secret pour personne que le PMU-Mali appuie beaucoup de services de l’Etat dans leur fonctionnement (carburant et véhicules pour la police, des salles de classe pour des écoles.
Selon des sources bien introduites auprès du PMU-Mali, beaucoup d’autres services étatiques frappés du seau de secret d’Etat sont financés par la direction du PMU-Mali.
Au titre des fraudes signalées dan s le rapport du Vérificateur général, il s’agit essentiellement de sorties d’argent, de retraits de fonds, de non reversement de recettes et de dépenses sans pièces justificatives. La totalité de ce montant s’élève à 3.392.531.682fcfa. « C’est ce montant qui a été dénoncé à la justice. Autrement dit, s’il y a détournement, ça ne peut porter que sur ce montant. Raison pour laquelle, le Vérificateur demande à ce que ce montant soit recouvré », précise les travailleurs du PMU-MALI qui dénonce une campagne tentant à faire croire que le PDG du PMU-Mali a bouffé 34 milliards. « Il s’agit plutôt de mauvaise gestion et non de détournement. Mauvaise gestion contre laquelle la direction du PMU-Mali se défend d’avoir toutes les pièces justificatives », rappellent nos interlocuteurs.
En attendant la fin des enquêtes en cours pour situer les responsabilités et les niveaux d’implication, les avocats Me Lamissa Coulibaly et Abdoul Wahab Berthé ont été commis pour défendre les intérêts du PDG et de ses collègues interpelés.