Le Premier ministre malien Cheick Modibo
Diarra a annoncé lundi soir l`ouverture de "concertations nationales dans les
jours à venir" pour un gouvernement d`union et affirmé que le Mali "se prépare
à toutes les options" pour reconquérir le nord du pays occupé par les
islamistes.
"Dans les jours à venir, un forum d`échange des forces vives sera organisé
et un organe consultatif comprenant toutes les forces vives de la nation sera
créé" en vue de la "formation d`un gouvernement d`union nationale", a déclaré
M. Diarra à la télévision nationale. "Le Mali se prépare à toutes les
options", a-t-il ajouté concernant une possible intervention militaire dans le
Nord.
Sur le recours à la force dans cette région, M. Diarra a déclaré qu`il
attendait "des propositions de la Communauté économique des Etats d`Afrique de
l`Ouest (Cédéao)" après le séjour à Bamako d`une mission technique militaire
de l`organisation régionale qui est prête à envoyer quelque 3.000 hommes au
Mali.
La Cédéao attend pour cela une demande formelle des autorités de Bamako et
souhaiterait également disposer d`un mandat de l`Onu qu`elle n`a pas encore
obtenu.
Le nord du Mali, qui occupe plus de la moitié du territoire de ce vaste
pays du Sahel, est occupé depuis fin mars par les groupes islamistes armés
Ansar Dine (Défenseurs de l`islam) et Mouvement pour l`unicité et le jihad en
Afrique de l`Ouest (Mujao), alliés d`Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Ils en ont totalement évincé la rébellion touareg du Mouvement national de
libération de l`Azawad (MNLA), mouvement laïc qui a proclamé unilatéralement
l`indépendance du Nord avec lequel ils avaient lancé l`offensive dans cette
région en janvier, face à une armée malienne sous-équipée et démoralisée.
Les autorités de transition en place à Bamako depuis le retrait en avril de
militaires putschistes auteurs d`un coup d`Etat le 22 mars ayant renversé le
président Amadou Toumani Touré, ont été impuissantes à empêcher l`emprise de
ces groupes qui ont commencé à appliquer la charia (loi islamique) dans le
Nord.
La Cédéao a exigé la mise en place d`un gouvernement d`union nationale au
Mali d`ici le 31 juillet, capable d`unir toutes les forces du pays pour la
reconquête du Nord et pour empêcher les nombreuses exactions commises à Bamako
contre des personnalités et des journalistes par des hommes armés considérés
comme proches de l`ex-junte militaire au pouvoir qui reste très influente.
Le Premier ministre a condamné "avec la dernière vigueur" les agressions
contre les journalistes à la veille d`une journée "presse morte" que doivent
organiser mardi les organisation professionnelles maliennes avec le soutien de
Reporters sans frontières (RSF). Il a annoncé qu`une enquête avait été ouverte
pour traduire les auteurs de ces violences en justice.
Il a également déclaré que le président malien par intérim Dioncounda
Traoré, qu`il a rencontré ce week-end à Paris où il se trouve en convalescence
depuis le 23 mai après une agression dans son bureau à Bamako par une foule
hostile, se trouvait dans un état de santé satisfaisant selon "ses médecins".
Il a affirmé que M. Traoré avait "une forte envie de retourner au pays" et
qu`il lui avait réservé "la primeur" de ses récents voyages à l`étranger pour
y évoquer avec ses interlocuteurs la situation dans son pays.
Cheick Modibo Diarra s`est rendu ces dernières semaines en Algérie, en
France, en Mauritanie, au Maroc, au Niger et au Sénégal.
str-stb/tj