» Je ne vous cacherai pas que je suis un président fier ;Un président fier de son peuple ». C’est par ces mots empreints de patriotisme et de détermination que le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita s’est adressé le 31 décembre dernier aux Maliens;
Le chef de l’Etat dira qu’il est fier de ces femmes sous le soleil des marchés, dans les corvées du ménage, ces mères qui donnent et entretiennent la vie ; fier, en cette fin de décembre 2013, pour son pays libéré qui renoue avec l’espoir, et qui se met debout pour être à la hauteur des autres, d’un pas mesuré, mais assuré. « Oui, je suis ce président fier, quoique conscient des défis à encore relever pour la stabilité et le progrès du pays… « , a-t-il déclaré avant de rappeler brièvement le tableau sombre de 2012.
Des familles humiliées par de prétendus musulmans qui ont contraint par la kalachnikov, au lieu de laisser le Coran convaincre, comme cela a toujours été le cas dans ce pays lucide. Des centaines de milliers de nos compatriotes du Nord, Touareg, Arabes, Songhoi, forcés à l’exil.
Il a rendu hommage au président de la transition. » Mon aîné Dioncounda Traoré a été le capitaine imperturbable d’un bateau qui fut ivre par moment. Il nous a conduits à bon port, au mépris de sa vie, mais pour cet amour qui ne l’a jamais quitté, celui du Mali.La patrie t’en sera toujours reconnaissante, cher aîné, et puisse Allah t’accorder santé et longévité« , a-t-il déclaré.
Une solidarité qui a sauvé le Mali
Avant de saluer les dirigeants des pays qui ont volé au secours du Mali menacé par les jihadistes : François Hollande de la France de Damien Boiteux, Idriss Deby Itno du Tchad, dont les hauts faits de l’armée feront encore longtemps la chronique de l’Adrar des Ifhoghas; sans oublier les présidents des pays de la CEDEAO, notamment Alassane Ouattara de la Côte d’Ivoire, Blaise Compaoré du Burkina Faso pour tous leurs efforts.
Et IBK de rendre hommage à l’Algérie du président Abdel Aziz Bouteflika dont la foi en la » ni autonomie, ni indépendance » a été souvent réaffirmée. » L’Algérie combattante s’est toujours félicitée du soutien inconditionnel du Mali de Modibo Keita. C’est le temps ou l’homme de Gao, Abdel Aziz Bouteflika coordonnait avec son frère, feu notre oncle Bakara Diallo, l’appui du Mali et des pays amis en direction du front algérien « , a ajouté IBK, qui a salué particulièrement le Maroc et le Roi Mohamed VI pour sa solidarité exceptionnelle à l’égard du Mali et de son peuple.
Abordant la situation intérieure, IBK dira qu’il est venu trouver un Mali à genou. La priorité du pays, dira-t-il, est de recoudre le tissu social déchiré par des mois de crise, pour réconcilier la nation. « C’est le temps de la normalisation, le temps du rétablissement d’un Mali fort et stable. C’est le cap que j’ai fixé au Premier ministre, Oumar Tatam Ly et à son équipe : rétablir l’honneur du Mali« , a-t-il souligné.
Et d’ajouter que tous les chantiers de ce redressement ont été entamés. De l’organisation des législatives, au renforcement de la capacité institutionnelle de l’Etat, en passant par le chantier de la réconciliation nationale, la réforme de l’armée, le rétablissement de l’autorité de l’Etat, de la justice, le plan de réformes économiques et sociales, ou encore la reprise des relations avec les bailleurs et les investisseurs, et le retour de la voix du Mali sur la scène internationale. Il a alors remercié le président Barack Obama pour le retour du Mali dans l’AGOA.
Satisfecit à propos du Premier ministre
» Le Premier ministre, un homme discret, loyal, travailleur et compétent, vous l’avez suivi lorsque le gouvernement est venu me présenter ses vœux, a fait un bilan exhaustif de ce qui a été réalisé. Je ne reviendrai pas sur ces réalisations, laissant le peuple juge de ce qui est fait, et dont on peut être fier, dont tout malien objectif et sincèrement soucieux de ce pays peut être fier« , a déclaré IBK, qui a précisé qu’en 2014, il entamera la seconde phase de son mandat, qui sera axée sur le redressement et le développement économique. Il a rappelé les énormes défis en terme d’emplois pour la jeunesse, de logement, les besoins en matière de santé, d’école, de routes, d’eau, d’électricité, etc.
Le chef de l’Etat a insisté sur la nécessité de prendre un nouveau départ pour ne plus jamais connaître les humiliations du passé. Il a mis l’accent sur l’appareil judiciaire de qualité que le Mali doit avoir pour sévir contre toutes les formes d’indélicatesses. « Il s’agit d’une justice qui ne discrimine pas, devant laquelle les Maliens sont égaux, et qui ne dira que le droit « , a-t-il martelé avant d’insister sur la gestion rigoureuse des deniers, ceux que l’Etat génère auprès du contribuable malien bien sûr, mais aussi l’aide que la communauté internationale met à la disposition du Mali grâce aux sacrifices de ses propres contribuables.
La gestion rigoureuse de nos ressources, a-t-il souligné, passe par le contrôle de la corruption sur deux fronts : la lutte contre l’impunité et les réformes systémiques.
Il a alors décrété l’année 2014, année de la lutte contre la corruption. « Nul ne s’enrichira plus illégalement et impunément sous notre mandat, Incha’Allah. Je suis conscient que les familles souffrent, que les salaires sont dérisoires, et que tout ceci ne contribue pas à prévenir la corruption.Tout ce qui sera en notre pouvoir de faire pour augmenter les revenus le sera, c’est mon rôle et ce sera ma fierté. Les hommes et les femmes du gouvernement cesseront, croyez-moi, d’être à leur place, le jour où ils ne travailleront plus à un Mali qui arrive à nourrir ses enfants, à les éduquer convenablement, à les employer, bref à les encadrer dans un environnement hautement concurrentiel où les pays qui n’anticiperont pas resteront sur le quai « , a-t-il lancé.
Au volet sécuritaire, IBK a marqué d’une pierre blanche la formation de l’armée nationale (en cours), grâce à l’assistance de la communauté internationale notamment, l’Union Européenne. Il a également réaffirmé le retour total et définitif du contrôle de l’Etat sur l’ensemble du territoire.
« Je lance un appel aux mouvements rebelles signataires de l’accord du 18 juin pour la stricte observance des dispositions de cet accord, où le cantonnement effectif et mesurable des combattants entre dans la stratégie du désarmement que demande l’Etat malien et qui est désormais la condition sine qua non…. »
IBK a indiqué qu’il urge que le Mali de Modibo Keïta et d’Alpha Oumar Konaré reprenne, comme par le passé, sa place dans le concert des nations à travers une diplomatie rayonnante.
« Ce niveau qui a permi au Mali de réussir là où avaient montré leurs limites, l’Ethiopie de l’Empereur Hailé Sélassié, ou même l’Egypte de Gamal Abdel Nasser ; Qui a permis ainsi au Mali de réussir la prouesse de mettre fin à l’absurde guerre des sables opposant alors les Etats de deux peuples, qu’en réalité tout unissait et que tout unit encore de nos jours, de deux peuples, frères, et frères du peuple malien, au même titre. Je veux parler des peuples algérien et marocain. C’est ici, en effet, à Bamako, que Sa Majesté feu le Roi Hassan II et feu le Président Ahmed Ben Bella scellèrent la paix qui mit fin à cette guerre fratricide.Mieux, sur le terrain, ce fut à deux officiers maliens, Léon Sangaré et Sékou Doumbia, que revint l’honneur de brandir les deux drapeaux blancs à partir des lignes belligérantes et de se retrouver en ligne médiane, pour les échanger, signifiant ainsi le cessez le feu. Il est souhaitable que cette belle fraternité imprègne de nouveau nos relations avec ces deux pays frères et entre eux« .
Ce Mali, a déclaré le locataire du palais de Koulouba, est de retour.