Dans un entretien exclusif qu’elle nous a accordé le vendredi dernier, la vice-présidente de l’ADEMA-PASJ, non moins présidente du mouvement national des femmes du parti et maire de la commune I du district de Bamako, Mme Konté Fatoumata Doumbia, s’est prononcé sur l’actualité politique récente, notamment le piètre score réalisé par l’Adema aux législatives, l’avenir du parti, ses rapports avec le président de la transition Dioncounda Traoré. Pour celle que les adémistes appellent affectueusement la » dame de fer « , la Ruche doit prendre son courage à deux mains et occuper sa place au sein de l’opposition.
Mme Konté Fatoumata Doumbia est l’une des membres fondatrices de l’ADEMA-PASJ. Elle a, longtemps, joué un rôle de premier plan au sein du mouvement national des femmes du parti rouge et blanc. Régulièrement élue à la tête de la commune I du district de Bamako, Mme Konté ne se fait pas prier pour cracher ses quatre vérités. Elle désapprouve les positions de certains cadres du parti visant à l’assujettir au RPM en le plaçant au sein de la mouvance présidentielle.
A la question relative à l’analyse qu’elle fait de la situation que vit l’Adéma depuis la présidentielle 2013, la vice-présidente du PASJ dira qu’à l’issue de cette élection, le candidat de l’Adéma, qui pourtant avait une majorité relative à l’Assemblée Nationale, est arrivé en 3ème position après le candidat du RPM et celui de l’URD.
« Vous comprendrez donc aisément toutes les frustrations de nos militants et aussi les inquiétudes des cadres et responsables sincères de notre parti… »
Quelle lecture fait-elle alors des résultats des élections législatives ? « Ces résultats confirment apparemment ceux de l’élection présidentielle et interpellent nous tous. Mais moi, personnellement, je ne suis pas convaincue de la régularité totale de ce scrutin. De plus de 50 à 16 députés pour l’ADEMA dont une seule femme, cela se passe de tout commentaire. Il me rappelle un tract lancé en 2002 en Commune II, qui parlait du décès de l’Adéma après la proclamation des résultats par la Cour Constitutionnelle et de ses obsèques après l’élection d’IBK à la présidence de l’Assemblée Nationale. En 2002, 33 députés nous ont quittés pour aller au RPM, il faut espérer que tous les 16 élus actuels vont rester dans le parti « , a-t-elle expliqué.
A la question de savoir comment la vice-présidente entrevoit l’avenir du parti de l’abeille, Mme Konté Fatoumata Doumbia a indiqué que dans l’immédiat, le parti doit simplement s’assumer. Prenant le contre-pied du président par intérim du parti, Pr Tiémoko Sangaré, qui disait récemment que l’ADEMA fait partie de la majorité présidentielle, le maire de la commune I penche pour que la Ruche aille dans l’opposition. « Moi, je reste convaincue que notre place est dans l’opposition. Nous devons être assez responsables et intelligents pour comprendre que les Maliens pensent aujourd’hui que nous sommes restés longtemps au pouvoir et veulent une nouvelle gouvernance même si quelque part le gouvernement ne reflète pas cette exigence. Mais je crains que je ne sois parmi la minorité à analyser la situation comme telle ; parce qu’en réalité, la culture de l’opposition est très mal appréhendée et a été un des plus grands déficits de la démocratie au Mali : elle doit être inculquée à nos cadres et responsables au sein des grands partis politiques comme le notre et au niveau national. Aujourd’hui le RPM, avec ses alliés, constituent la majorité absolue. Il n’a pas besoin de nous.A moyen et long termes, nous devons aller courageusement et résolument vers la refondation et vers la reconstruction de notre parti. Une formation politique qui regorge encore de militantes et militants sincères, de cadres honnêtes et crédibles « .
Quid des rapports qu’entretient Mme Konté avec le président de la transition, Pr Dioncounda Traoré ?
L’édile municipal de la commune I dira que ses rapports avec Dioncounda Traoré, comme de tout temps, restent très courtois, empreints de respect et d’estime mutuels et qu’ils ont gardé le contact.
A propos de ses impressions sur les 100 premiers jours du nouveau président de la République à Koulouba, elle sera réservée.
« Pour le moment, il est très tôt pour moi de donner mes impressions sur les 100 premiers jours d’IBK à Koulouba. Je souhaiterais tout simplement que Dieu le Miséricordieux veille sur lui pour qu’il ne soit pas pris en otage par les courtisans et les opportunistes qui tournent autour de lui. Que la clairvoyance et le discernement soient en permanence son leitmotiv, que ses adversaires politiques ne soient en aucun moment assimilés à des ennemis à abattre « .
Profitant de ce début d’année 2014, Mme Konté a adrtessé ses vœux les meilleurs au peuple malien et à ses dirigeants. » Je prie Allah le Tout Puissant pour que la bonne gouvernance, la paix, l’amélioration des conditions de vie des Maliens soient au rendez-vous en 2014. Que nos ambitions personnelles et individuelles puissent être réalisées mais que l’intérêt supérieur et l’honneur du Mali prévalent dans tous les actes posés par nos nouveaux gouvernants « , a-t-elle conclu.