OUAGADOUGOU - Le Premier ministre malien de transition Cheick Modibo Diarra a rencontré mardi le médiateur burkinabè Blaise Compaoré, après avoir promis d`accélérer le pas pour former un gouvernement d`union nationale, exigé par l`Afrique de l`Ouest d`ici au 31 juillet.
Critiqué au Mali et à l`étranger pour n`avoir pas su asseoir son autorité depuis sa nomination en avril, retardant toute solution à la crise dans le Nord occupé par des islamistes armés, M. Diarra a promis lundi soir à la télévision un "cadre consultatif comprenant toutes les forces vives" dans les jours à venir, en vue d`un gouvernement d`union nationale.
Mardi il a pris la direction de Ouagadougou pour rencontrer le président
burkinabè Blaise Compaoré.
A l`issue d`un entretien de deux heures, il a indiqué avoir remis au médiateur de la Communauté économique des Etats d`Afrique de l`Ouest (Cédéao) dans la crise malienne sa "feuille de route de la période de transition" d`un an, et avoir évoqué avec lui le futur gouvernement.
Le Premier ministre cède aux fortes pressions de l`Union africaine et de la Cédéao, qui a menacé le Mali de sanctions si un cabinet d`union n`est pas mis sur pied avant fin juillet.
L`objectif est d`unir toutes les forces du pays pour la reconquête du nord du Mali, occupé depuis fin mars par les groupes islamistes armés Ansar Dine (Défenseurs de l`islam) et Mouvement pour l`unicité et le jihad en Afrique de l`Ouest (Mujao), alliés d`Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui ont totalement supplanté la rébellion touareg, sécessionniste et laïque.
Les autorités de transition, en place depuis le retrait en avril de militaires auteurs d`un coup d`Etat le 22 mars contre le président Amadou Toumani Touré à Bamako, ont été impuissantes à empêcher l`emprise des groupes islamistes qui ont commencé à appliquer la charia (loi islamique) au Nord.
En fonction de "l`audit" en cours d`experts militaires de la Cédéao pour évaluer l`état de l`armée malienne, "il va falloir que nous puissions écrire des requêtes très précises pour les Nations unies, l`Union africaine et la Cédéao", a affirmé le Premier ministre malien à Ouagadougou.
La Cédéao est prête à envoyer quelque 3.000 hommes au Mali pour aider
l`armée à reprendre le Nord, mais attend une demande formelle de Bamako ainsi
qu`un mandat de l`ONU.
"option militaire"
Lundi soir, M. Diarra a affirmé que si les autorités de transition restaient ouvertes "à la négociation" avec certains groupes, elles préparaient "minutieusement l`option militaire" par "une réorganisation de la chaîne de commandement" de l`armée, "l`équipement, la formation" et "la motivation" des soldats.
Il s`est déclaré favorable "à une assistance multiforme" des partenaires étrangers du Mali "pour libérer le septentrion".
Le futur gouvernement d`union nationale devra aussi empêcher les nombreuses exactions commises à Bamako contre des personnalités et des journalistes par des hommes armés considérés comme proches de l`ex-junte militaire, dirigée par le capitaine Amadou Haya Sanogo, qui reste très influente.
Le Premier ministre a condamné "avec la dernière vigueur" les agressions contre les journalistes, dont environ 500 ont manifesté mardi à Bamako à l`occasion d`une "journée presse morte" organisée par les associations professionnelles maliennes avec le soutien de Reporters sans frontières (RSF).
Le président malien par intérim Dioncounda Traoré, en convalescence à Paris depuis le 23 mai - deux jours après une violente agression dans son bureau de Bamako par une foule hostile à son maintien au pouvoir - a été associé aux décisions d`engager des concertations pour un gouvernement d`union, selon M. Diarra.
"Il a une irrésistible envie de rentrer au pays", a dit le Premier ministre qui l`a rencontré le week-end dernier à Paris où il l`a trouvé "en excellente forme" et avec un "moral d`acier". Aucune date pour son retour n`a cependant été fixée.