Selon les pièces justificatives présentées au juge par le président –directeur général du Pari Mutuel Urbain du Mali (PMU-Mali), il n’y a ni mauvaise gestion, ni fraude. Encore moins, détournement de fonds. Du moins, si l’on en croit un expert financier et, de surcroît, ex –ministre de l’Economie et des Finances, entendu dans ce dossier.
« Les Maliens ont tendance à confondre mauvaise gestion, fraude et détournement de fonds. Surtout, dans ce dossier où, tous les fonds ou presque, débloqués par le PDG du PMU –Mali ont été utilisés par l’Etat pour ses besoins et sur autorisation, soit de la présidence de la République, soit des ministres de l’Economie et des Finances d’alors ». Les gestes hauts et forts, un expert financier résume, pour l’essentiel, ce dossier. Qui a fait couler tant d’encre et de salive au sein de l’opinion publique.
Soupçonnés de « fraude et de mauvaise gestion » portant sur 34 milliards CFA, par le Bureau du Vérificateur général, Mr Idrissa Haïdara, PDG du PMU –Mali, Mr Moussa Dembélé, directeur financier et Mr Sounkalo Doumbia, agent –comptable ont été interpellés au Pôle Economique. C’était vendredi 27 décembre. Avant d’être placés, une semaine après, sous mandat de dépôt. Mais, le PDG du PMU –Mali estime qu’il n’y a eu ni fraude, ni mauvaise gestion ; encore moins, détournement de fonds au sein de l’entreprise.
Ni fraude, ni mauvaise gestion
D’abord, la fraude. Selon le « mémo » de la séance contradictoire, entre le Bureau du Vérificateur général et le PDG du PMU –Mali et dont le ‘‘Canard déchaîné’’ s’est procuré copie, tous les montants –ou presque –reprochés à Mr Haïdara sont justifiés.
A noter que sur les 34 milliards CFA, environ 4 milliards CFA (3,8 milliards CFA exactement) devraient, selon le rapport du Vérificateur général, être remboursés par les administrateurs du PMU –Mali, le ministère de la Défense etc…. Entre autres bénéficiaires de cette manne financière. Irrégulièrement. Aussi, plus de 19 milliards CFA auraient été versés à l’entreprise Graphic –Industrie pour ses prestations de service.
Rappelons que l’entreprise d’Alou Tomota est liée au PMU –Mali par un contrat qui s’étend sur 10 ans pour l’impression des tickets de course. Le Bureau du Vérificateur général reproche au PDG du PMU –Mali d’avoir accordé au Groupe Tomota ce « marché de gré à gré ».
« Graphic –Industrie est la seule entreprise, en Afrique de l’Ouest, capable de nous fournir des tickets infalsifiables. De deux choses, l’une : ou nous accordons le marché à Graphic-Industrie, ou nous nous retrouvons, à chaque course, avec des gagnants disposant de tickets falsifiés. C’est pour cette raison que le marché des tickets a été accordé au Groupe Tomota », indique une source proche du PMU –Mali.
Le reste, c’est-à-dire 11 milliards CFA, aurait servi entre autres, à l’achat de véhicules et d’hélicoptères pour l’armée. Mais aussi, à financer d’autres besoins de l’Etat. A l’intérieur comme à l’extérieur du pays. Comme l’attestent les correspondances adressées au PDG du PMU –Mali dans ce sens. Soit par la présidence de la République, soit par les ministres de l’Economie et des Finances.
Créé par la loi n°94 -021 du 6 mai 1994 autorisant le gouvernement à participer, pour le compte de l’Etat, à la création d’une société d’économie mixte, le Pari Mutuel Urbain du Mali (PMU-Mali) a pour objectif, l’organisation des paris sur les courses de chevaux hors des hippodromes et de certains jeux de hasard. Son capital social est détenu, par l’Etat, à hauteur de 75 %. Et le reste, par des investisseurs nationaux.
Démission du Procureur anti –corruption
Entendu, à son tour dans le cadre de ce dossier, Mr Aboubakar Traoré, expert financier et ex-ministre de l’Economie et des Finances aurait donné crédit aux pièces justificatives, présentées au juge, par le PDG du PMU –Mali. « Toutes les sorties d’argent, relevées par le rapport du Vérificateur général sont justifiées par les correspondances, adressées à Mr Idrissa Haïdara, soit par la présidence de la République ; soit par le ministre de l’Economie et des Finances, seul ordonnateur du Budget », aurait –il dit dans sa déposition. Du moins, si l’on en croit une source bien informée.
Malgré tout, le PDG du PMU-Mali et ses collaborateurs ont été placés sous mandat de dépôt.
Autre irrégularité relevée dans ce dossier : la rapidité avec laquelle la procédure a été menée.
D’ordinaire, c’est le Procureur de la République qui lance les poursuites, après étude du dossier. Mais cette fois –ci, il semble que c’est sur la base d’une simple lettre, adressée au juge par le secrétaire général du ministère de la Justice, que Mr Idrissa Haïdara, Moussa Dembélé et Sounkalo Doumbia auraient été interpellés. Avant d’être placés sous mandat de dépôt. Conséquence : le Procureur anti –corruption, du tribunal de première instance de la Commune III, Mr Mohamed Sidda Dicko aurait rendu sa démission. Au motif que le ministre de la Justice, Garde des Sceaux ‘‘s’immisce dans son travail’’.
Lancée à grands renforts de publicité, par le président de la République, la « lutte contre la corruption et la délinquance financière » risque, tôt ou tard, de finir en eau de boudin. Du moins, si les dossiers transmis au juge ne sont pas traités avec la sérénité requise.
Affaire à suivre !
Oumar Babi