Nous avons appris la décision du Gouvernement de traduire le Président Amadou Toumani Touré devant la Haute Cour de Justice pour “trahison”. Avec aise. Et nous nous sommes dit: “pourquoi pas?”
Nous sommes de véritables compagnons du Président ATT, depuis qu’il n’était qu’un simple bidasse. Nous avons partagé son bonheur et nous partageons ses peines. Et nous connaissons l’état d’âme du soldat. Nous connaissons l’amour qu’il porte au Mali. Nous l’avons vu se battre pour construire ce pays et nous savons ce qu’il a donné de lui-même pour sauver le Mali du péril jihadiste.
Si aujourd’hui il doit passer devant un tribunal, celui de l’histoire, pour reveler aux autres Maliens la part qu’il a donnée de son être pour que le Mali reste débout, alors: “pourquoi pas?”
Lorsque nous entendons certains crier au scandale parce que le Président Ibrahim Boubacar Kéïta a décidé de poursuivre une idée déjà émise par les putschistes du 22 mars 2012 qui ont renversé ATT, l’idée de traduire celui-ci devant la Haute Cour de Justice pour trahison, nous disons : “pourquoi pas?”
Le soldat, nous le connaissons. Nous l’avons assez pratiqué pour affirmer qu’il est celui qui sera le premier à dire : “Convoquez rapidement la Haute Cour de Justice et j’irai de moi-même sur le banc des accusés”.
Et, croyez-nous, il n’impliquera personne d’autre pour complicité, il ne fuira point ses responsabilités pour charger quelqu’un d’autre.
Contrairement à ceux-là qui veulent faire leurs affaires au nom d’ATT, leurs petites affaires sordides, en affirmant par-ci et par-là “que le procès d’ATT est inopportun” et que ceci et que cela, le soldat Amadou Toumani Touré est un homme d’honneur. Et l’honneur n’est nullement lié aux aléas du temps, ni aux circonstances politiques.
Autant il est du plein droit du Président Ibrahim Boubacar Kéïta d’agencer ses actions comme cela lui convient, autant il est de la responsabilité du Président Amadou Toumani Touré de défendre son honneur à n’importe quel moment. Alors, ne faisons pas de cette petite affaire une tragédie mal inspirée, où le victorieux s’emploie à humilier le vaincu. Ceci n’est pas le cas.
Autant IBK n’a aucune revanche à prendre, en humiliant ATT, autant celui-ci n’est pas chargé d’une accusation qu’il n’a pas déjà entendue alors même qu’il était le locataire de Koulouba.
Trahison? Les épouses des soldats de Kati reçues à Koulouba par ATT ont déjà affirmé cette infamie. Et l’accusé s’est publiquement défendu. C’était avant le 22 mars 2012.
Avoir laissé des troupes armées traverser nos frontières? A l’accusation, l’accusé avait déjà répondu qu’il a surtout laissé des compatriotes, venant d’exil de la Libye, regagner le bercail. Et il avait reçu leurs répresentants à Koulouba où il fut convenu de leur désarmement.
Avoir volontairement désorganisé l’armée, face aux rebelles? Déjà en 1991, ATT était un Colonel des forces armées, sorti de la prestigieuse école de guerre de Paris. Son grade, à l’époque, correspondait à son savoir militaire. Le savoir de l’art de la guerre. Ceux-là qui affirment qu’il a désorganisé l’armée, 20 ans après qu’il ait acquis son parchemin de l’école de guerre, sont-ils experts en question militaire?
L’état-major de guerre du Mali en janvier-février-mars 2012 n’était-il pas composé de généraux, de colonels tous autant sortis de prestigieuses écoles militaires soviétiques, russes, américaines, françaises et allemandes? Qui parmi ces hauts gradés, bardés de diplômes a jamais démissionné parce que son point de vue sur la stratégie ou la tactique sur le terrain a été rejeté?
Pourtant mon ancêtre Touramakan Traoré, qui n’a jamis lu un feuillet de l’Art de la Guerre de Sun Tzu, s’est “révolté” contre Soundjata Kéïta et est allé se coucher dans une tombe, attendant sa mort prochaine, parce que l’Empereur refusait de lui confier le commandement des troupes pour aller punir un roitelet prétentieux qui se faisait appeler “djòlofin massa”….
Alors qui est le traitre à la Nation? Vivement la convocation de la Haute Cour de Justice et nous serons tous édifiés. L’accusé ATT dira sa part de vérité. Comme le président Moussa Traoré l’a fait, lors de son grand procès “crimes de sang”.
ATT ne sera donc nullement le premier à rendre compte de son action politique. L’avènement du 26 mars 1991 (dont le même ATT fut l’un des héros) répondait à cette volonté de ceux qui se sont battus pour. Oui, ATT devant la Haute Cour de Justice pour trahison: “pourquoi pas?”