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Casques contre bérets : Les raisons d’un affrontement
Publié le jeudi 3 mai 2012   |  Autre presse


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© Getty Images
Le capitaine Amadou Haya Sanogo
Le chef de l’ex-junte malienne, le capitaine Amadou Haya Sanogo


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Le début de la semaine a été assez mouvementé à Bamako. Des affrontements sanglants et meurtriers ont opposé les forces armées et de sécurité. Aujourd’hui, même si les choses semblent être rentrées dans l’ordre, il convient de savoir ce qui s’est passé réellement.

Le capitaine Amadou Haya Sanogo serait-il dans la logique d’achever le boulot ? En tous les cas, la ville de Bamako a servi de théâtre, lundi et mardi derniers, à de violents et sanglants combats entre éléments du camp des commandos parachutistes de Djicoroni et de la junte militaire installée à Kati. La presse parle de «guerre des bérets, bérets rouges contre bérets verts». En fait, il s’agit d’affrontements entre, d’une part, les bérets rouges de la garde présidentielle, et, d’autre part, une union sacrée de bérets verts de l’armée nationale, d’éléments de la gendarmerie nationale (bérets bleus) et de la garde nationale (bérets rouge brique). Qui a ouvert les hostilités ? Il est difficile pour l’heure de répondre avec précision à cette question, mais si les faits, à l’analyse, permettent certaines hypothèses.

Une première veut que ce soit Amadou Haya Sanogo, le président du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat. Qui, pour se prémunir et se préparer à contrer efficacement le débarquement en vue de la force régionale de la Cedeao qu’il ne veut pas sur son territoire souverain, aurait décidé de prendre le contrôle de tous les camps militaires de la capitale, surtout celui de Djicoroni-para qui lui est le plus hostile. En effet, ce camp est commandé par le lieutenant-colonel Abidine Guindo, un très proche officier de l’ancien chef de l’Etat Amadou Toumani Touré que la junte a renversé le 22 mars et contraint à l’exil. C’est également ce régiment qui fournit depuis des années les éléments de la garde présidentielle. C’est pourquoi la logique, elle, voudrait que ce soit Abidine Guindo qui ait tenté un contre coup d’Etat militaire. D’abord pour venger la déchéance de son maître et mentor pour lequel il voue une profonde amitié quasi filiale. Ensuite pour avoir été écarté de la gestion des affaires militaires depuis l’avènement de la junte, laquelle reprocherait aux commandos parachutistes d’avoir été depuis 1991 les «enfants gâtés» de la révolution, bénéficiant de larges avantages en promotion, formation, matériels, en rémunération. Dédain suprême : le lieutenant-colonel Abidine Guindo et ses hommes n’ont pas été associés au putsch du 22 mars, ont été exclus de la gestion après putsch, et écartés de la formation du présent gouvernement dont les trois membres militaires ont été désignés par la junte.

De plus, si aucun témoin ne vient confirmer la thèse selon laquelle le contre coup d’Etat est une riposte à la tentative d’arrestation du lieutenant-colonel Abidine Guindo (cette tentative d’enlèvement est infirmée par la junte), nombreux sont ceux qui, en revanche, ont vu débarquer à l’ORTM puis à l’aéroport international de Bamako Sénou des bérets rouges casqués et armés jusqu’aux dents, qui ont ouvert le feu sur les éléments chargés de garder ces lieux. Nombreux également sont ceux qui ont assisté à la contre-offensive de la junte et alliés sur le camp para qui sera finalement maîtrisé et mis sous le contrôle des bérets verts.

Toujours est il que la folle équipée des uns et des autres a fait de nombreuses victimes civiles et militaires.

Même si ces deux hypothèses sont plausibles, une troisième n’est pas à écarter.

Le nouveau ministre de la communication, porte-parole, tout en condamnant les récents événements, a déclaré à RFI que le gouvernement a les moyens de rétablir l’ordre avec le soutien des forces armées et de sécurité. Celles-ci seraient-elles exclues du gouvernement parce ce qu’elles relèvent des ministres de la défense et de la sécurité intérieure ? Si non, ce qui s’est passé avec l’attaque du camp para est une action de rétablissement de l’ordre public troublé par des tentatives intempestives de contrôle de zones stratégiques de la capitale. Quelles étaient les cibles suivantes ? Le gouvernement et le président par intérim ou le CNRDRE ? Les prisonniers de Kati doivent pouvoir répondre à ces questions. Mais deux faits majeurs sont là. Premièrement, quand la Cédéao a pris la décision de débarquer à Bamako assurer la sécurité des organes de la transition, c’est avec la bénédiction de Dioncounda Traoré, présent alors au sommet d’Abidjan. Deuxièmement, selon plusieurs témoins et des sources concordantes, des responsables politiques, et pas des moindres, ont été aperçus, dimanche et lundi, dans le camp para avec des hauts gradés. Que se seraient-ils dit à quelques heures du début des hostilités ?

Cheick TANDINA

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