OUAGADOUGOU - Le Mouvement nationale de Libération de l’Azawad, (MNLA) a affirmé « être prêt à reprendre les armes » si le président Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) ne faisait pas preuve d’une réelle volonté de « dialogue inclusif».
C’est ce que Mossa Ag Attaher, porte-parole du MNLA, a annoncé au cours d’une conférence de presse tenue hier 8 janvier à Ouagadougou. Cette conférence de presse fait suite aux «nombreuses déclarations va-t-en-guerre d’IBK » exprimant clairement « sa mauvaise foi» a affirmé le porte-parole du MNLA.
IBK avait effectivement fait plusieurs déclarations demandant à la communauté internationale de désarmer le MNLA, affirmant vouloir entamer le dialogue mais en excluant toute notion d’autonomie ou de fédéralisme. Dans le même temps, les arrestations arbitraires se poursuivent, comme ce fut le cas ces derniers jours parmi des civils soupçonnées d’être proches du MNLA.
Lors d’une conférence de presse tenue hier à Ouagadougou, le MNLA, par la voix de son porte-parole a affirmé que « les accords de Ouagadougou ne sont pas respectés par la partie malienne bien que le MNLA ait honoré, de son côté, tous ses engagements ».
Le MNLA, qui a avalé bien des couleuvres depuis les dits accords, donne des signes d’impatience : «Toute patience a des limites. Et cette patience prendra fin le jour où IBK va dire clairement qu’il n’est pas prêt pour le dialogue inclusif.
Et là, nous allons prendre nos responsabilités», a affirmé Mossa Ag Attaher qui prévient :«le MNLA va reprendre les armes si le Mali nous déclare la guerre».
Le porte-parole du MNLA a en outre rappelé que «Les négociations entamées avec le président intérimaire engageaient l’Etat malien». Il a estimé que le président IBK «fait des déclarations qui se contredisent» qu’il «adopte une politique statique concernant la libérations des prisonniers politique» et «bloque le statut politique et juridique de l’Azawad».
Mossa Ag Attaher n’a pas hésité à rappeler IBK à ses obligations :«L’Etat étant une continuité, IBK a l’obligation d’appliquer intégralement l’accord signé par son prédécesseur Dioukounda Traoré» a-t-il asséné, tout en insistant sur le fait que « l’objectif de l’élection présidentielle était de doter l’Etat malien d’un président légitime qui avait pour mission prioritaire, l’ouverture de négociations sur un statut politique et juridique de l’Azawad ».
Par ailleurs, fustigeant les récentes déclarations du président IBK dans lesquelles il demandait à la communauté Internationale et à la MINUSMA d’exiger le désarmement du MNLA,le porte-parole du MNLA a affirmé que « le désarmement ne sera possible que lorsque les accords de Ouagadougou seront respectés et que l’accord final sera réglé », d’où la nécessité « d’ouvrir la discussion sur les questions de fond ».
En attendant, le MNLA a considéré qu’il fallait une gestion autonome dans l’Azawad car « un mariage forcé finit toujours par un divorce violent ».
Mossa Ag Attaher a également annoncé que le MNLA a prévu des missions politiques où des bilans seront portées aux Nations Unis et à la CEDEAO et qu’après cela une série d’action sera menée pour dépasser le blocage et éviter le pire car « c’est avec les mêmes ingrédients d’ATT qu’IBK gère le Mali et que les mêmes causes engendrent inexorablement les mêmes effets ».
Pour rappel, la France et la communauté internationale qui avaient lourdement pesé sur le MNLA pour accepter les accords de Ouagadougou afin de permettre à IBK d’être « démocratiquement élu » au Mali et surtout dans l’Azawad.
En contrepartie de cette élection présidentielle, le MNLA avait eu la garantie que le Mali engagerait, dans les 60 jours suivant l’élection présidentielle, un dialogue inclusif devant aboutir à un accord sur un statut juridique et politique pour l’Azawad, en plus d’un certain nombre d’accords notamment sur la sécurité des civils et l’observation d’une cessez-le-feu.
La communauté internationale qui s’était engagée à faire respecter les termes de cet accord n’en a fait respecter aucun. Pis encore, elle a été incapable d’assurer la sécurité des civils mis en contact avec l’armée malienne à la suite de l’opération Serval et des accords de Ouagadougou.
L’armée malienne s’est même permis de tirer sur une manifestation de femmes à Kidal à quelques pas de la Minusma et on ne compte plus les disparitions, les arrestations, les exécutions sommaires et les charniers qui n’ont jamais cessé malgré la présence des forces internationales sensées garantir la sécurité des civils.
Il y a lieu de noter que le presse internationale française n’a fait aucune mention de la conférence de presse du MNLA.