Le ministre a ainsi riposté à des accusations portées dans une lettre anonyme.
La réaction a été des plus rapides. Suite un article intitulé « Dilapidation des fonds au ministère de la Culture : Plus de 886.996.500 Fcfa détournés », publié mercredi 8 janvier par un confrère de la place – en l’occurrence « Notre printemps » – Bruno Maïga, le ministre de la Culture, a décidé de porter plainte contre X auprès du Procureur de la République du tribunal de première instance de la Commune III pour injure et propos diffamatoires. Cette information a été donnée lors d’une conférence de presse tenue jeudi dernier par le ministre lui-même qui s’est d’ailleurs constitué partie civile. L’article reprend le contenu d’une lettre ouverte au Premier ministre et qui serait signée par une association dénommée «Les Gardiens de la République », association qui affirme œuvrer dans la lutte contre la fraude et la corruption au Mali », selon le journal.
Le texte accuse le Directeur des finances et du matériel (DFM) du ministère de la Culture d’avoir soustrait de l’argent sur le compte de l’Opéra du Sahel, en violation de la convention de production et de financement signée avec la Fondation Prince Klaus des Pays Bas. Le document dénonce aussi ce qu’il désigne comme le détournement des indemnités pour travaux d’heures supplémentaires, l’exécution frauduleuse et la dilapidation des crédits d’appui à la valorisation et à la promotion culturelle et artistique (chapitre Autres dépenses, activités culturelles, rencontre chasseurs de l’Ouest africain, Isesco, Initiatives culturelle), l’exécution frauduleuse par clientélisme des fonds « Fonctionnement lié à l’investissement » des Budget spécial d’investissement (BSI), Renforcement capacité secteur culture et Appui à la Cellule de planification et de la statistique (CPS) secteur Culture-Jeunesse sans mise en concurrence en violation du Code des marchés publics et des délégations de service public et enfin l’attribution, par le truchement de soumissions arrangées, de marchés sur le budget spécial d’investissement. Ces « manquements », calcule notre confrère, se chiffrent à plus de 886.996.500 Fcfa.
A la fin de son article, le confrère indique qu’il n’a pas pu trouver d’interlocuteur au ministère de la Culture afin de lui permettre de recouper ces informations. Le ministre de la Culture a fait constater que les éléments cités dans le document sont très précis et concernent l’ensemble de la ligne budgétaire de son département. Les informations mises en exergue proviennent sans aucun doute d’agents travaillant au sein de sa DFM. Sans vouloir entrer dans les détails devant la presse, puisque l’affaire est devant la justice, Bruno Maïga a tenu à poser un certain nombre de constats. Le premier est qu’il avait auparavant reçu le lundi 6 janvier la visite de deux journalistes du site internet Malijet et du journal « L’informateur » qui ont tenté de le faire chanter avec cette fameuse lettre ouverte. Le ministre n’a pas cédé aux sollicitations de ses visiteurs. D’autant plus que la lettre, dont il a gardé une copie, est anonyme. Deux jours plus tard, c’est un autre organe, « Notre printemps », qui a publié la presque intégralité de la lettre. Le ministre a fait remarquer qu’aucun journaliste de ce journal n’est passé à son ministère pour entendre une version contradictoire.
Pour le ministre, cette affaire serait liée à des faits qui ont marqué son entrée en fonction au ministère de la Culture. Le DFM, en la personne de Nouhoum Diallo, cité dans l’article, a eu maille à partir avec quatre agents dont le chef de la division Finances et le régisseur. Le DFM n’avait pas accepté de signer des documents de passation de service au moment de son entrée en fonction. Quelques jours après, un incendie a détruit toute la documentation de la division Finances. Les résultats des enquêtes de la police et d’Energie du Mali ont permis d’établir l’origine criminelle de l’incendie. Mais le dossier est resté sans suite. Néanmoins, les agents mis en cause ont été relevés de leurs fonctions. Autre incident curieux, le DFM a été agressé à l’arme blanche à quelque 150 mètres de son domicile. La brigade territoriale de gendarmerie de Kalabancoro a appréhendé quatre individus dont un pensionnaire de la maison d’arrêt de Koulikoro. Mais les suspects seront relâchés plus tard. Suite à cette agression, le ministère de la Culture a décidé de réagir en déposant les documents qui ont récupérés sur le lieu de l’incendie auprès du Pool économique avec ampliation au ministre de la Justice.
Bruno Maïga vient d’ailleurs d’écrire à nouveau à son collègue Garde des sceaux afin de diligenter les enquêtes concernant ces différents dossiers. Il espère ainsi que la lumière sera faite pour établir son honorabilité. Il réaffirme sa totale adhésion à la politique d’assainissement des finances publiques du président de la République.