Les semaines précédentes, la probable poursuite contre l’ancien président ATT, par les nouvelles autorités, déferlait la chronique de l’actualité nationale et internationale. Après près de deux semaines de l’annonce de la nouvelle, la polémique continue à alimenter le débat dans tout le pays.
Les avis sont partagés, et pour les observateurs avertis cette poursuite n’est autre qu’une diversion afin d’endormir le peuple sur les problèmes réelles auxquels les nouvelles autorités peine à faire face. De problèmes sérieux, on n’en manque pas! Plus d’un trimestre que le nouveau régime est en place, les maliens continuent à souffrir, souffrir dans leur chair et dans leur dignité. Car ils manquent de repères et ne savent à quel saint se vouer ? Ils sont démoralisés par des actions des proches et autres membres du gouvernement du président dont l’élection a même été qualifiée de plébiscite.
Selon certains d’observateurs, l’ancien président dont le mandat a été écourté par l’euphorie d’une junte dont le plus grand regret est de nos jours de s’être mêlée des choses qui la dépassaient, devrait être jugée. D’autres vont plus loin, la sentence devrait être exemplaire afin de décourager d’éventuels aventuriers à ne jamais admettre les faits reprochés à ceux-là, si Dieu leur accordait, un jour, la chance de diriger ce pays. Mais au regard de la situation qui prévaut, d’autres pensent que cette poursuite n’est autre qu’une astuce pour le gouvernement pour dévier la conscience du peuple et de le détourner des vrais problèmes qui sont là. Au lieu d’aller chercher ATT chez le voisin pour venir le juger, si les membres de la haute cour le jugeaient nécessaire, pourquoi ne pas d’abord faire le ménage ici ?
Dans l’entourage même du président de la République ? Ce ne sont pas des remous qui manquent. Les soupçons de corruption qui touchent les cadres et non des moindres de son parti, certains membres du Gouvernement impliqués dans des histoires de détournement de deniers publics à hauteur de plusieurs centaines de millions ; l’affaire des bérets rouges et bérets verts qui a vu le généralissime, Amadou Haya Sanogo, écroué pour enlèvement, complicité d’enlèvement et assassinat ; la cruciale question de la région de Kidal, où les bandits armés continuent à faire leur loi devant une armée malienne cantonnée ; le coût de la vie ; l’école malienne et qu’en savons-nous d’autres ? Devant tous ces maux dont le patient Mali souffre aujourd’hui, on ne trouve rien d’autre que de lancer des poursuites contre le président ATT. Même si cela devrait surprendre, Bathily n’a toujours pas digéré le fait de se voir débarquer par ATT de la présidence en son temps.
A bien réfléchir si ATT a laissé entrer les djihadistes avec armes et bagages, où était la classe politique que dirons-nous de l’Assemblée Nationale? Pourquoi les députés aujourd’hui aux commandes n’ont-ils pas réagi afin que l’erreur soit évitée? Jouer aujourd’hui le pompier tandis qu’on fait partie des pyromanes ? Si cela devrait être le cas, des têtes devraient tomber ; beaucoup de têtes car l’échec cuisant que l’élite malienne a fait durant la décennie ATT, a été cautionné par tous. Ils sont nombreux aujourd’hui ceux qui, sans aucune gêne, disent « à bas ATT, après avoir dit Vive ATT » pendant 9 ans et plus. Ils sont de hauts cadres dans le nouveau gouvernement, occupent des postes de responsabilités comme ils ont fait sous ATT.
Mais que cela ne surprenne guerre derrière les aux vives il y a toujours eu des à bas! Juger ATT serait certes une bonne chose, et l’intéressé lui-même a déclaré sur une chaine étrangère qu’il était pressé de revenir au pays pour ce procès. Dans ce cas, il n’y a aucune inquiétude à se faire, mais que le gouvernement cesse de chercher à endormir le peuple et dresse face aux vraies difficultés que vivent les maliens.