La semaine dernière, le ministre de la justice, Me Mohamed Ali Bathily, lors d’une conférence de presse a laissé circuler certaines informations suite à la démission du juge anti-corruption, Mohamed Sidda Dicko. Après les élucubrations du ministre de la justice, il nous est parvenu certaines informations on ne peu plus claires quant à cette situation.
De sources concordantes, le procureur Dicko suite à des échanges verbaux avec le ministre sur le dossier Adama Sangaré, maire du district de Bamako, a été passivement contraint à la démission. Dans une correspondance adressée au ministre, le procureur Dicko, souligne avoir envoyé tous les documents et rapports du chef de la Brigade Economique et Financière de Bamako, relatif à l’affaire Adama SANGARE, ainsi que le compte rendu fait par le Commandant Adjoint, le Capitaine Samba YARO, Officier de Police Judiciaire, concernant l’intrusion du Colonel à la retraite Nianan DEMBELE, chargé de mission au Cabinet du ministère de la justice dans ledit dossier. Suite à la lecture des documents monsieur Dicko est parvenu aux constats suivants :
« Malgré les professions de foi, mainte fois affirmées et répétées, je suis au regret de constater que mes fonctions légales sont vidées de leur contenu. Une enquête ouverte par le Procureur de la République à la demande de Monsieur le Ministre de la Justice, est dirigée par le cabinet du Ministre et ce, en violation de toutes les dispositions légales. Le Procureur se trouve ainsi assisté (à son insu) par des personnes non habilitées légalement. L’affaire, objet du présent rapport, est traitée en fonction de paramètres extérieurs que l’enquête n’a pas établis. » En plus de cela « Je crois savoir que, dans l’exercice de sa fonction, le Magistrat, fusse t-il le Procureur, n’obéît qu’à la loi et à sa conscience. Cela est et reste toujours ma conviction ». C’est après cela que le procureur Dicko voyant son poste vidé de tout son sens a déclaré que : » Je préfère perdre un poste que de perdre mon âme ».
c’est au regard de ces constats désobligeant, et ses principes qu’il a été obligé à en tirer les conséquences de droit et rendre sa démission.
Cet état de fait, qui n’est pas la première du genre, montre à suffisance l’ascendance de la politique sur la justice. Dans ces conditions, il serait très difficile d’avoir une justice équitable dans notre pays. Avec des cadres ou autres membres du Gouvernement remplis de rancœurs et aveuglés par leur esprit de vengeance et de règlements des comptes, l’appareil judiciaire aura bien du mal à se faire une indépendance.