Depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012, les hommes politiques du Mali se livrent à une bataille sans merci pour le contrôle du pouvoir. Comme d’habitude, afin d’assouvir leurs désirs égoïstes certains d’entre eux veulent décider du sort du pays en opérant en catimini. Ils s’adonnent ainsi à des sales manœuvres auprès de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Les politiciens vont jusqu’à se prendre comme les seules voix légitimes du peuple qui n’est pourtant jamais consulté. Est-ce normal?
Au lendemain du coup de force du 22 mars 2012, la classe politique qui était déjà fragilisée à cause des divisions de positionnement à but électoraliste s’est vite trouvée dans une bataille sans merci pour la gestion de la transition. Cette situation inquiétante menace la cohésion sociale et la stabilité qui sont déjà mises à mal par l’occupation du nord par les islamistes d’Ansardine et du MUJAO.
Comme si cet état de fait n’est rien, la priorité des priorités de nos hommes politiques demeure la quête des postes ministériels. Les partis proches du régime défunt d’ATT regroupés pour la majorité au sein du FDR avec des associations et syndicats alliés réclament la place de premier plan dont ils occupaient avant le coup d’Etat. Après le retour à l’ordre constitutionnel matérialisé par la signature de l’accord cadre de Ouagadougou, le vendredi 06 avril 2012, les partis fidèles à l’ancien régime ont pensé avoir le plein droit d’être les décideurs du Mali. Ils prétendent avoir le plus grand nombre de députés et d’élus municipaux.
Iba N’Diaye nargue le scrupule en faisant une déclaration
D’ailleurs le samedi 07 juillet, à la fin de la rencontre à Ouaga du groupe de contact de la CEDEAO sur le Mali, Iba N’Diaye, s’est permis de faire une déclaration fracassante. Affirmant que les partis qui représentent beaucoup le peuple Malien doivent avoir une grande place dans les discussions sur le sort du pays. Mr N’Diaye, le héraut du parti Adema a, du coup, nargué le scrupule en tenant ces propos farfelus. Car, tout le monde sait que de l’avènement de la démocratie à nos jours, ces partis dont l’Adema en tête n’ont fait que piller les biens publics du Mali.
L’arrêt des travaux de construction du parc d’attraction de Bamako sis à ACI 2000 en est une preuve. Seul Iba N’Diaye ancien maire du district de Bamako et ses complices peuvent dire aux Maliens où sont partis les fonds Tunisiens qui étaient destinés à ce projet pharaonique. Celui-ci allait contribuer à multiplier les lieux de distraction et à embellir notre capitale. Difficile d’énumérer de façon exhaustive les actes condamnables posés par Iba N’Diaye et d’autres politiciens de son acabit.
Le malheur des uns fait le bonheur des autres
De l’autre côté, les opposants à l’ancien régime notamment les initiateurs du MP 22 qui se sont retrouvés au sein du COPAM ont vu le coup d’Etat comme un moyen de prendre les commandes du pays. Selon eux, les partis proches d’ATT doivent rendre compte de la gestion calamiteuse du Mali durant les neuf dernières années.
Oumar Mariko du parti Sadi estime que ces partis ont plongé le Mali dans le gouffre en s’adonnant à la mauvaise gestion. Ce qui s’est traduit par l’enrichissement illicite, le mensonge et l’injustice qui ont conduit à la dégradation des conditions de vie des Maliens. En conséquence, les partis de la Gauche pensent que l’insécurité alimentaire, l’effritement de l’éducation, la hausse du taux de chômage et le banditisme ont pris des proportions inquiétantes.
Toujours selon Oumar Mariko, les partis proches d’ATT ont eu leurs députés et maires par des fraudes électorales, et cela, après avoir mis le pays dans le chaos. «Ils ne doivent pas participer à la transition», disent Mariko et ses compagnons. Ainsi, il est quasi impossible de trouver un terrain d’entente entre ces deux tendances politiques qui pourtant prétendent défendre les intérêts du Mali. Au nom de quel pays agissent les hommes politiques véreux?
Car, les politiciens Maliens depuis l’échec des consultations de Ouaga 1 en mi avril dernier à cause de leurs bourdes, refusent de se retrouver autour d’une même table de négociation. Et s’ils se retrouvent c’est pour offrir un spectacle désolant et humiliant à la face du monde. À preuve le 17 avril 2012, soit une semaine après la nomination du Premier ministre, le gouvernement a été mis en place à l’issue de tractations difficiles. De cette date à nos jours, le FDR ne se comporte que de manière à saboter les actions du gouvernement de Cheick Modibo Diarra. Les deux regroupements (FDR et COPAM) par voie de presse se mettent les bâtons dans les roues. Où se trouve l’intérêt du Mali?
Ce FDR a aussi refusé de participer à la convention nationale qui proposée au gouvernement par le capitaine Amadou Haya Sanogo devait avoir lieu, le 13 mai 2012. Quant au COPAM, il boycotte les rencontres acceptées ou participées par le FDR. Celle tenue le samedi 07 juillet 2012 à Ouagadougou par le groupe de contact de la CEDEAO sur le Mali est révélatrice.
Face à ces discours de haine, des dénigrements et des mensonges savamment répandus par des rumeurs la population ne sait plus quoi faire. Déboussolée, elle aussi est divisée entre les deux tendances (FDR et COPAM) au sein desquels, faut-il le préciser, militent respectivement Siaka Diakité et Amion Guindo. À rappeler que le premier est le secrétaire général de l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM). Le second est celui de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM) Allahou Akbar ! Où va le Mali? Pour arriver à ses fins, chacune de ces tendances est prête à porter atteinte à la cohésion sociale dont le Mali a le plus besoin en ce moment difficile de son existence.
Égocentrisme outré
Le hic c’est que ceux qui s’arrogent le droit d’être les légitimes interlocuteurs auprès des instances et organisations internationales n’hésitent pas à demander à la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) d’exercer des pressions sur le Mali. L’objectif de cette option saugrenue vise à faire résonner et entendre leurs voix. En tant que le principal intéressé, la voix de cet infortuné peuple Malien n’est jamais prise au sérieux. Ayant été les premiers à se partager les richesses du pays, aujourd’hui, ces hommes politiques sans morale disent agir encore pour faire régner et respecter l’ordre constitutionnel. Or, même les droits les plus élémentaires des citoyens ont été foulés aux pieds.
Les préoccupations exprimées par les Maliens lors de la conférence nationale en février 1992 qui a servi de base à l’élaboration de la Constitution ont été piétinées. Certains saigneurs politiques ont indiqué que le fichier électoral de 2011 comportait des atteintes graves au droit de vote de plusieurs milliers de citoyens. Il s’agit notamment de la rétention des cartes d’électeur, de la mauvaise formation des agents électoraux et de la non sensibilisation des populations sur le processus électoral. Pis, les vivants ont voté avec les cartes volées des personnes décédées.
Au fil des années rien ne change !
En outre, la sécurité alimentaire, l’accès à la santé pour tous, la justice équitable, la lutte contre l’impunité et la corruption, le droit à l’éducation de qualité et la prise en compte des valeurs morales ainsi que culturelles ont été mal menés. En vingt ans de démocratie, ces desiderata du peuple ont été bafoués. L’assemblée tient des sessions au nom du peuple et moins de 10% des députés font des restitutions à leur base.
Il est temps que les uns et les autres reconnaissent leurs erreurs du passé pour se corriger et préparer le futur. Malheureusement, la crise politique devenue le sport favori de certains s’aggrave chaque fois qu’une lueur d’espoir se profile à l’horizon. Mais bizarrement, contrairement aux années précédentes l’année scolaire 2011-20012 s’achève dans des bonnes conditions malgré l’occupation des régions nord du Mali. Grâce aux efforts de chacun les examens se déroulent sans incident majeur. Sur un autre chapitre, à signaler qu’après une année catastrophique sur le plan alimentaire des moyens sont mis en œuvre pour permettre aux paysans d’améliorer leurs productions.
Malgré tout le Mali se fera-t-il?
Au même moment, la lutte contre la corruption est amorcée. Ce qui suscite le courroux et la folie de certains anciens dirigeants qui ont les mains souillées. Le renforcement de la capacité de l’armée est en cours pour faire face au problème du nord. Les hommes politiques doivent s’abstenir de créer d’autres tensions en exerçant le forcing sur le gouvernement. Ils doivent plutôt penser à alléger les souffrances des pauvres citoyens.
Même s’ils n’ont pas la gestion absolue comme par le passé ils peuvent cependant participer et faciliter les actions gouvernementales. Notamment, en ce qui concerne la libération du nord et la bonne tenue des élections à venir. Ensuite, il revient au peuple de faire son choix par la voie des urnes. Souhaitons que les tractations en cours pour l’élargissement du gouvernement aboutissent à une sortie définitive des crises. Il faut éviter la politique : «Otes-toi pour que je m’y mette!»