Depuis plusieurs années, les hôpitaux maliens se font parler d’eux à cause de l’inexistence ou du non fonctionnement de leurs installations de traitement des eaux dont ils utilisent 24 heures sur 24. Ces eaux usées (particulièrement celles provenant des morgues) qui sont directement déversées dans la nature, en toute insouciance, constituent une menace potentielle pour la santé publique. Les eaux de la société malienne de gestion de l’eau potable (SOMAGEP) et celles des unités privées de fabrique d’eau subissent-elles une décontamination afin de les rendre propres à la consommation ? Lire notre dossier.
Selon plusieurs sources concordantes, aujourd’hui, le Mali est confronté à l’émergence d’une floraison de pathologies qui sont encore méconnues par les spécialistes les plus chevronnés. Cette situation dramatique, au sujet de laquelle on se tait depuis de longues années, serait imputable aux établissements sanitaires publics et privés qui 24 heures sur 24 déverseraient directement leurs eaux usées dans la nature sans un traitement préalable.
Un spécialiste que nous avons rencontré, le lundi 06 janvier 2014 ayant requis l’anonymat, insiste à dire que les eaux provenant principalement de l’hôpital du Point G, de l’hôpital du Mali, de l’hôpital Gabriel Touré, du Centre d’odontostomatologie, des différents centres de santé de référence et de la flopée des cliniques privées ne subiraient au préalable aucun traitement.
Ce qui constitue une entorse à la réglementation nationale. De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) exige aussi à ce que ces eaux soient traitées par des installations de haute technologie avant d’être déversées dans la nature. En la matière, il y a même des normes à respecter scrupuleusement afin de juguler la propagation des agents pathogènes et d’éviter l’émergence de nouvelles maladies.
Selon toujours notre source, ces eaux émises par les structures sanitaires peuvent atteindre les sources souterraines en les souillant. Cet autre aspect aussi ouvre le débat sur la qualité des eaux que nous consommons à longueur de journée. Bien de questions méritent donc d’être posées afin d’éclairer la lanterne de la population et d’apaiser son inquiétude.
Les eaux de la société malienne de gestion de l’eau potable (SOMAGEP) et celles des autres unités industrielles, dont la première vocation reste commerciale, sont-elles bien traitées? Mettent-elles le dosage recommandé dans leurs eaux avant de les vendre à l’infortunée population pour divers usages? Le fameux Laboratoire national de l’eau (LNE) procède-t-il régulièrement au contrôle de la norme à respecter par les unités de fabrique d’eau?
Les eaux usées provenant des hôpitaux sont dramatiques sur la santé au même titre que l’utilisation abusive des médicaments spécifiquement les antibiotiques qui créent la résistance des microbes et des virus au traitement. À signaler que les nantis notamment certains occidentaux vivant au Mali ne boivent pas l’eau du robinet. S’ils sont contraints à l’utiliser, ils y mettent de produits ou l’y font bouillir à haute température.
D’ailleurs il y a quelques années, la représentation au Mali de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avait sollicité le service d’un labo de la place afin de vérifier la conformité des normes d’une eau de javel locale dont nous taisons le nom. Le résultat de ce labo aurait démontré que ce produit contiendrait 10% seulement du principe actif.
À l’époque, selon une source digne de foi, l’OMS aurait importé une quantité importante d’eau javel après s’être assurée de sa qualité grâce à une analyse. Elle aurait offert ce lot à un hôpital régional du Mali.
Aussi irascible que cela puisse paraitre on voit que tout au long de l’année des sommes colossales sont investies dans des activités qui paraissent futiles par rapport à l’éhontée inexistence dans nos établissements hospitaliers d’un dispositif de traitement des eaux usées.
S’il existe, marche-t-il? Si non, où va le budget annuel consacré à ce volet important? Que fait l’Agence nationale d’évaluation des hôpitaux (ANEH) dans ce domaine? La direction des finances et du matériel (DFM) du ministère de la santé est-il au courant de cette situation inquiétante? Ont-elles (ANEH et DFM) établi un rapport sur ce sujet adressé à qui de droit? Les réponses à ces interrogations embarrassantes dans notre prochaine parution.