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Amadou Toumani Touré : Le sauveur de tout un peuple, le comploteur ou l’homme au centre d’un complot
Publié le vendredi 17 janvier 2014  |  Le Zenith Bale




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Fin décembre 2013, un communiqué du gouvernement, lu par son porte parole Mahamane Baby, annonce la saisine de l’Assemblée Nationale du Mali par le gouvernement, pour traduire l’ancien président de la république Amadou Toumani Touré devant la Haute Cour de Justice, pour haute trahison. Depuis ce jour, le débat est ouvert sur l’opportunité et la crédibilité d’une telle décision. Att à la barre ? Pour établir que le sauveur de tout un peuple est un comploteur ou qu’il est victime d’un complot ?


Att le sauveur
D’emblée, nous précisons que notre approche ici, ce n’est pas de vouloir extirper des griffes de cette justice. Nous ne croyons pas que cela soit de notre devoir, ni que nous serions entendus. Nous estimons que nous avons notre mot à dire dans un tel débat si complexe et si sensible qu’aucun citoyen ne devrait occulter. Peut-être, à défaut d’un référendum pour savoir davantage ce qu’en pensent les Maliens, faudrait-il créer une commission de large écoute avant la mise en œuvre de cette décision. Car l’homme dont il s’agit n’est pas au Mali (une autre paire de manche), il ne manque pas de soutiens à l’intérieur comme à l’extérieur, et certes il ne manquera pas d’arguments pour porter la contradiction à ceux qui le poursuivent. Et pour causes ?


Att, c’est avant tout l’homme du 26 mars. Ce qui représente tout un symbole. Il a mis fin au bain de sang consécutif à la tristement célèbre promesse de mettre une couronne de feu autour du cou des Maliens. Ensuite il a remis le pouvoir aux civils. Faut-il envoyer aux martyrs (notamment au carré des martyrs) et à nos illustres compagnons de lutte tels Me Demba Diallo, Abdrahamane Baba Touré pour ne citer que ces deux hommes, le signal que nous avons oublié ce jour ?


Att n’a-t-il pas suffisamment démontré la preuve de son patriotisme et son amour pour les Maliens, notamment les enfants ses amis, et les chefs de famille qu’il a évité d’humilier ? C’est là le reproche qu’on ne cesse de lui faire dans la lutte contre la corruption, mais après lui qu’est-ce qui nous empêche de poursuivre ceux incriminés dans le pillage des biens de l’Etat d’autant plus que les dossiers en question sont à disposition à travers les rapports du Vérificateur général et des autres structures de contrôles ? Sur ce point, rien n’est perdu, nous avons d’ailleurs récupéré une grande partie de nos sous. Et beaucoup d’économistes dont ceux de la Banque mondiale préfèrent cette approche de la lutte contre la corruption.


Concernant le problème du Nord, Att n’a cessé d’inviter l’ensemble des plus hautes autorités de la sous-région à la solidarité et l’entraide contre le terrorisme qui pointait à l’horizon. Il n’a pas manqué de mettre en avant la négociation en rappelant qu’il connaît la guerre car l’on sait où ça commence mais l’on ne sait pas où ça se termine. Il a eu à déclarer : « Le Malien est un Homme brave qui ne recule devant rien pour sa patrie. Mais, faites attention à la gestion de ce problème du Nord qui ne s’arrête pas à Gao, Tombouctou et Kidal. Il concerne toute la bande sahélo saharienne. Il est donc important que les actions soient coordonnées avec tous les Etats concernés afin que prenne fin pour de bon cette situation qui perdure. Même avec les puissances étrangères… « .


Att savait pertinemment que Sarkozy était dans la dynamique de faire de lui et du Mali ce qu’il a fait de Kadhafi et de la Libye si jamais notre pays, au lieu de négocier, se jetait sur les assaillants venus de la Libye, assaillants qui avaient été sommés d’abandonner une guerre que Kadhafi perdrait inévitablement, et avaient donc reçu l’ordre de venir réclamer l’Azawad leur patrie, avec le soutien de la France de Sarkozy et les armes larguées à dessein sur le sol libyen. Encore la preuve est là que Att nous sauva de la dérive qui serait plus atroce que celle vécue.


Contrairement à ce que d’aucuns pourraient soutenir, ATT n’a pas refusé de combattre la rébellion, il a voulu se donner le temps et les moyens de circonscrire ce qu’il savait épouvantable pour le Mali. Et Aguel’hoc témoigne que la guerre n’est pas bonne, Aguel’hoc témoigne que ATT a fait la guerre contre les rebelles, mais l’armée malienne avait à faire à non seulement des rebelles venus de Libye, mais aussi des terroristes notamment d’Aqmi que même les Etats-Unis n’ont pas pu nettoyer du globe terrestre.


Et concernant la méthode appliquée par Att, notamment le dialogue, il a poursuivi une initiative du pouvoir dirigé par Alpha et bk. En tout cas, nul ne saurait oublier la correction administrée aux rebelles en son temps par Att sous la transition de 1991 – 1992. Des hommes se sont illustrés dans ces combats, notamment Chaka Koné et Bérédogo. C’est le successeur de Att qui est venu avec la méthodologie du dialogue, sanctionnée par la flamme de la paix. Et dès lors Att, en signant son retour aux affaires, a poursuivi dans cette logique.


En outre, parlant de sa gestion, le « soldat de la démocratie » a promis aux Maliens un Programme de Développement Economique et Social (PDES). A ce sujet, on peut quand même retenir qu’il fut le champion (chef de chantier) dans la construction de routes, ponts, logements ; qu’il a mouillé le maillot pour l’alimentation des Maliens à travers l’aménagement des terres agricoles avec à l’appui une usine d’assemblage des tracteurs ; qu’il n’a pas négligé la santé à travers la réalisation d’hôpitaux et de programmes sanitaires dont la gratuité de la césarienne et l’assurance maladie obligatoire pour ne citer que ces trois grands défis.


Souvenons-nous que ce sont les événements du 22 mars 2012 qui ont freiné ATT dans ses actions et précipité le Mali dans la déchéance. C’est à partir de là que le Mali fut amputé des 3/5ème de son territoire par la rébellion, les djihadistes et autres narcotrafiquants. Nous reprenons ce que nous avions écrit dans une de nos parutions d’avril 2012, quand Sanogo était en toute puissance à Kati:


« Après avoir commis dans la nuit du 21 au 22 mars 2012 ce crime imprescriptible selon notre constitution, le capitaine Sanogo et son équipe en faisant semblant d’accéder aux injonctions de la DEDEAO ont organisé un simulacre de retour à l’ordre constitutionnel en installant Dioncounda Traoré à Koulouba, sous bonne garde, une centaine de soldats super armés surveillant tout ce qui s’y passe, déambulant dans ce qui reste du palais, l’œil sur leur otage et y dictant leur loi. Ils attendent impatiemment selon eux-mêmes 40 jours, à peine 27 jours maintenant, pour en empêcher l’accès au Président éphémère et y placer le Capitaine, pour une transition qui leur confèrera les pleins pouvoirs sur ce qu’on pourra alors appeler » Mali land

« .
Au vu de ce qu’ils nous ont montré depuis bientôt un mois, trois mots ou si vous voulez trois maux caractérisent leur gestion : terreur, mensonge et chaos.


La terreur

La terreur parce que dès le 22 mars 2012, après le palais de Koulouba, les soldats s’en sont pris méthodiquement et systématiquement à l’appareil d’Etat et aux citoyens civils de Bamako, en cassant, pillant et brûlant tout ce qu’ils ne pouvaient pas emporter, d’honnêtes citoyens ont été braqués à leur domicile, les bureaux et magasins de la douane ont été saccagés, des coffre forts enlevés, comme ont été saccagés au Nord par le MNLA et Iyad Ag Ghaly les services publics, hôpitaux et domiciles privés au même moment ! La seule différence est qu’à Bamako et Kati aucun domicile ou bureau de militaire n’a été vandalisé !


La terreur, c’est qu’à partir de ce moment, des hommes sur armés paradent dans Bamako en tirant intempestivement des rafales d’armes automatiques à tort et à travers, traumatisant tout le monde. Que de balles perdues à Bamako avec leur cortège de victimes innocentes ! C’était tout simplement débile.


La terreur, c’est des commandos armés, cagoulés, qui effectuent nuitamment des descentes musclées dans des domiciles privés, brisant les serrures, cassant tout ce qui peut être cassé, séquestrant, brutalisant et enlevant des personnes pour les emmener à Kati sur ordre du Capitaine ; ceci sans aucun mandat, ni raison ! C’est l’heure des règlements de compte.


La terreur, c’est d’envoyer des commandos en civil » caillasser » et agresser des manifestants anti-putsch à la Bourse du Travail, saccageant et brûlant au passage les bureaux de ce monument du syndicalisme et de la démocratie au Mali (plutôt feu le Mali).


Le mensonge
Le mensonge, c’est de dire urbi et orbi que le coup d’Etat n’était ni prévu, ni préparé. Aujourd’hui on sait qu’il tire son origine du camp de Gao.


Le mensonge, c’est d’évoquer le problème du Nord et le manque de munitions pour se justifier ; depuis le 22 mars les rebelles ont eu un boulevard devant eux jusqu’à Mopti, jusqu’à Bamako ! Et depuis le 22 mars, les Bamakois n’ont jamais vu et entendu autant d’armes de guerre de toute leur vie, souvent face à des citoyens désabusés, lors de manifestations pacifiques. En fait, il y a des armes, des munitions ; il n’y a pas d’armée au sens martial du terme.


Le mensonge, c’est le simulacre de prestation de serment de Dioncounda Traoré et la parodie du garde à vous impeccable de Sanogo, devant le nouveau Président, signe d’allégeance en temps normal, et devant le drapeau ; en réalité une plaisanterie de mauvais goût qui n’a trompé personne!


Le mensonge enfin, c’est le visage du colonel Diamou Kéïta à la télé, exhibant sans sourciller des armes de guerre sorties du néant pour venir nous expliquer qu’elles proviennent de domiciles ou près de domiciles de certains enlevés. Qui était détenteur de ces armes ? Pourquoi n’avoir pas embarqué la télé nationale au lieu de la découverte le jour de la découverte pour mieux nous édifier ? Quelle tristesse ! Le régime de Sékou Touré, spécialiste des faux complots, faisait encore mieux ! Diamou Kéïta rentra dans l’histoire et son visage déjà gravé sur la toile mondiale y restera pour toujours le visage du mensonge et du cynisme !

Le chaos
Le chaos, c’est l’atmosphère hallucinante et délétère de l’aéroport de Bamako-Sénou livré aux militaires du rang singulièrement la nuit du 20 au 21 avril 2012, où on voit un groupe de jeunes soldats empêcher physiquement l’embarquement d’un homme politique, malade et couché sur une civière dans une ambulance, sous prétexte qu’il a été interpellé et libéré il y a quelques jours.


Le chaos, c’est de voir le Premier ministre en personne venir négocier avec la soldatesque le passage des deux check points, pour le malade, puis de revenir une demie heure plus tard, renégocier avec un autre groupe de soldats, pour permettre l’embarquement du malade cette fois avec l’assistance de l’Ambassadeur de France sous les injures et autres grossièretés des soldats à l’encontre de leurs personnes, leurs pères et mères et ceux du malade ! Nous avons atteint le sommet de l’inhumanité, de la déchéance ! Tout ceci sur ordre du Capitaine Sanogo.


Le chaos, c’est de voir des hommes politiques jadis chantres et héros autoproclamés de la démocratie comme IBK, Mountaga Tall, Oumar Mariko, entretenir et accompagner cette liquidation de notre pays, croyant arriver au pouvoir suprême dans le wagon des putschistes après la transition qu’ils vont leur offrir dans quatre semaines, car tous leurs adversaires les plus en vue, Soumaïla Cissé, Modibo Sidibé entre autres seront liquidés entre temps, au propre ou au figuré. Quel minable calcul !


Que dire des pseudos intellectuels, genre Dr Bagayogo, Blaise Sangaré, Me Gakou qui, après avoir bouffé à tous les râteliers de Moussa Traoré à Att, croient enfin leur heure arrivée !


Le chaos, c’est enfin la devise de cette radio Kayira » mille colline » qui déverse le venin de la haine et de la méchanceté à longueur de journée, semant la zizanie, la méfiance et la haine entre les fils d’un même pays, d’une même famille !


A la doctrine de la CEDEAO » Tolérance zéro » pour les coups d’Etat, le Capitaine Sanogo répond par un tonitruant » Tolérance zéro » à la Télévision, c’est-à-dire dans son langage : zéro liberté, zéro opposition aux putschistes, zéro manifestation hostile à la junte, zéro constitution, zéro institution, zéro reconquête des territoires perdus.


Le chaos, c’est quand on fait vandaliser les tombes de jeunes élèves officiers tués lors d’un bizutage criminel à l’EMIA après avoir libéré leurs tortionnaires.


Que nous reste-t-il alors pour briser ce carcan ?
A notre avis, chaos pour chaos, seul le bon Dieu peut nous entendre en exauçant l’un des deux vœux que nous lui adressons : au mieux, que d’autres forces viennent jusqu’à Bamako nous débarrasser de ces soldats déserteurs impitoyables et avides, ou au pire envoyer un gigantesque tsunami ou un tremblement de terre pour anéantir complètement ce pays nous tous avec, pour que d’autres générations y surgissent. Car, assurément, l’enfer, c’est ici ! »
A suivre dans notre prochaine parution.
Mamadou DABO

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